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dans l’Alsace ; elle prend sa source au mont de Vosge & se jette dans le Rhin, près de la ville de Seltz. (D. J.)

SELVE, pointe de la, (Géog. mod.) pointe qui est avancée dans la mer Méditerranée, environ à 7 milles à l’ouest-nord-ouest du cap de Créaux. La rade de la Selve est assez grande pour que les galeres y puissent mouiller au besoin, c’est-à-dire lorsqu’on ne peut doubler le cap de Créaux ; ainsi ce lieu n’est propre que dans une extrème nécessité. (D. J.)

SELWOOD, (Géog. mod.) forêt d’Angleterre dans Sommersetshire & dans les montagnes de Mendip. Cette forêt est d’une grande étendue le long des frontieres orientales de la province. Dans l’endroit où elle se termine au nord, on voit un bourg qui empruntant son nom de la forêt & de la riviere de Frome, qui le côtoye & qui le mouille, s’appelle Frome-Selwood. On y fait un assez grand commerce de laine. Au-delà de ce bourg, la Frome ne voit rien de considérable. (D. J.)

SELYMBRIA, (Géog. anc.) ville de Thrace, selon Pomponius Mela, l. II. c. ij. Pline, l. IV. c. xj. & le périple de Scylax ; mais Strabon, Hérodote & Ptolomée écrivent Selybria. Anciennement on l’appelloit simplement Selyn ; dans la suite, on y ajouta le mot bria, qui, dans la langue des Thraces, signifie ville ; c’est aujourd’hui Sélivrée. (D. J.)

SEMACHIDOE, (Géog. anc.) municipe de l’Attique dans la tribu Antiochide, selon Etienne le géographe & Hésichius. M. Spon, lisle de l’Attique, remarque que ce municipe prenoit son nom de Sémachus, dont les filles avoient reçu Bacchus dans leur logis, d’où leur fut accordé le privilege que les prêtres de ce dieu fussent choisis dans leurs descendans.

On trouve à Eléusine, dans l’église d’Agios Georgios, une inscription greque, dont voici la traduction : « Le sénat de l’Aréopage & le peuple ont consacré Nicostrate, fille de …… initiée aux mysteres du foyer sacré des déesses Cérès & Proserpine, son tuteur Caïus Casius de Semachidæ, ayant eu soin de cette consécration ». (D. J.)

SEMAILLE, s. f. (Econ. rustiq.) voyez Semence & Semer.

SEMAINE, s. f. (Chronolog.) c’est un tems composé de sept jours. Dion Cassius, dans son Hist. rom. liv. XXXVII. prétend que les Egyptiens ont été les premiers qui ont divisé le tems en semaines ; que les sept planetes leur avoient fourni cette idée, & qu’ils en avoient tiré les sept noms de la semaine. En cela du-moins les anciens n’ont pas suivi dans leur ordre la disposition des orbes de planetes : car cet ordre est Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure & la Lune. Ils auroient donc dû ranger les jours de la semaine par samedi, jeudi, mardi, dimanche, vendredi, mercredi & lundi. Il n’est pas aisé de découvrir la raison qui a donné lieu à ce dérangement ; voici celle qu’on apporte d’ordinaire.

On dit que les anciens ayant soumis les jours, & les heures même de chaque jour à quelques planetes dominantes, il est croyable que le jour prenoit le nom de la planete qui commandoit à la premiere heure. Ainsi on a pu appeller le jour de Saturne qui est notre samedi, celui dont la premiere heure étoit sous le commandement de Saturne. La seconde heure étoit pour Jupiter qui suit immédiatement Saturne ; la troisieme pour Mars ; la quatrieme pour le Soleil ; la cinquieme pour Vénus ; la sixieme pour Mercure ; & la septiéme pour la Lune. Après quoi la huitieme retournoit sous l’autorité de Saturne ; & suivant le même ordre, il avoit encore la quinzieme & la vingt-deuxieme ; la vingt-troisieme étoit par conséquent sous Jupiter ; & la vingt-quatrieme, c’est-à-dire, la derniere de ce jour sous la

dénomination de Mars : de cette maniere que la premiere heure du jour suivant tomboit sous celle du Soleil, qui donnoit par conséquent son nom à ce second jour. En suivant le même ordre, la huitieme, la quinzieme & la vingt-deuxieme appartenoient toutes au Soleil, la vingt-troisieme à Vénus, & la derniere à Mercure : par conséquent la premiere du troisieme jour appartenoit à la Lune ; & on appelloit ce jour à cause de cela, jour de la Lune. On trouve par cet arrangement la naissance & la suite nécessaire de ces noms des jours de la semaine ; c’est-à-dire, pourquoi le jour du Soleil qui est le dimanche, vient après celui de Saturne qui est le samedi, le jour de la Lune, après celui du Soleil, ou le lundi après le dimanche ; celui de Mars après celui de la Lune, ou le mardi après le lundi, &c. jusqu’au samedi. On trouvera de plus grands détails dans l’hist. du calendr. rom. par M. Blondel.

Les ecclésiastiques romains donnent le nom de férie, feriæ, à tous les jours de la semaine, en comptant depuis le dimanche qu’ils appellent feria prima. Les Maures, les Arabes, les Syriens, & les Perses chrétiens appellent sabbat tous les jours de la semaine ; mais ce nom de sabbat n’est consacré qu’au samedi par les Juifs. (D. J.)

Semaine, (Critiq. sacr.) espace de sept jours qui recommencent successivement. Cette maniere de compter le tems est venue des Juifs qui le septieme jour observoient le sabbat, c’est-à-dire, le jour du repos, conformément à la loi de Moïse. Ils avoient trois sortes de semaines : des semaines de jours, qui se comptoient d’un sabbat à l’autre ; des semaines d’années, qui se comptoient d’une année sabbatique à l’autre ; & enfin des semaines de sept fois sept années, ou de quarante-neuf ans, qui se comptoient d’un jubilé à l’autre. (D. J.)

Semaines de Daniel, (Crit. sacr.) les soixante & dix semaines de Daniel, sont cette fameuse prophétie concernant la venue du Messie, qu’on lit au chap. ix. de ses révélations, vers. 24. 25. 26. 27.

Les commentateurs les plus habiles ont travaillé à justifier le rapport qu’a cet oracle à notre Sauveur. On peut les consulter les unes & les autres sur cette matiere : car il n’est pas possible d’entrer dans le détail de leurs explications ; c’est assez d’observer qu’ils s’accordent ensemble à reconnoître, 1°. que cette prophétie regarde particulierement les Juifs ; 2°. que les 70 semaines sont des semaines d’année, c’est-à-dire que chaque semaine de cette prophétie contient sept ans, & que les 70 semaines font ensemble quatre cens quatre-vingt-dix ans, au bout desquelles les Juifs ne devoient plus être le peuple de Dieu dans un sens particulier, ni Jérusalem la ville sainte.

Mais les mêmes commentateurs de l’Ecriture different sur la fixation du commencement & de la fin de ces 70 semaines du prophete. Les uns en prennent la date à la commission d’Esdras de réformer l’église & l’état, commission qui tombe à la septieme année du regne d’Artaxercès-longue-main. D’autres font commencer les semaines de Daniel à la vingtieme année du regne de ce même prince qui permet à Néhémie de rétablir les murs de Jérusalem. D’autres portent cette date à l’édit accordé aux Juifs par Darius-Histaspes, l’an iv. de son regne, de rebâtir le temple. Ces trois hypothèses sont les plus suivies, & renferment néanmoins chacune de grandes difficultés pour l’application des détails qui d’ailleurs sont contenus dans la prophétie en termes assez obscurs.

Aussi les peres de l’Eglise ont échoué dans leur explication des semaines de Daniel, témoin Tertullien lui-même. Il prend pour époque des 70 semaines la premiere année de Darius ; & en calculant les regnes suivans, il trouve que Jesus-Christ est né soixante-deux semaines & demie accomplies l’an 41