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eaux internes ; on n’en voit plus guere en mer qu’à quelques boyers quarrés, à quelques galiotes légeres & à de petites buches. Ses dimensions ordinaires sont pour la longueur, deux fois le creux du bâtiment ; pour la largeur, la moitié de leur longueur ; & pour l’épaisseur par le haut, deux fois celle du bordage. Voyez Marine, Pl. XII. fig. 1. une semelle cotée g, & Pl. XIV. fig. 1. une semelle cotée f.

Semelles, (Marine.) ce sont des pieces de bois qui entourent le fond d’un bateau, & qui servent à en couturer le rebord.

Semelle, terme de Cordonnier, cuir sur lequel repose la plante du pié ; & c’est ce qu’on appelle la premiere semelle. Le cuir qui fait le dessous du soulier, & autour duquel est la gravure dudit soulier, est ce qu’on nomme la derniere semelle. Il y a aussi une premiere & une derniere semelle de talon. (D. J.)

Semelle d’un tour, (Charpent.) on appelle les semelles d’un tour, des pieces de bois d’équarrissage sur lesquelles sont posés d’à-plomb chacun des deux jambages ; ce sont elles aussi qui soutiennent les quatre liens à contre-fiches qui servent à les affermir. Les Tourneurs & les Potiers d’étain donnent pareillement ce nom aux deux pieces qui servent au même usage dans les roues, avec lesquelles ils tournent leurs grands ouvrages. (D. J.)

SEMENCE, s. f. dans l’économie animale, humeur épaisse, blanche & visqueuse, dont la secrétion se fait dans les testicules, & qui est destinée au grand œuvre de la génération. Voyez Génération.

La semence qui a séjourné long-tems dans les testicules & dans les vésicules séminales, est plus épaisse que toutes les humeurs du corps. Il n’en est donc point dont la préparation se fasse avec tant de lenteur, dont le cours soit retardé par tant de détours, ou qui soit tenue si long-tems en repos. A moins de violer les lois de la nature & de s’épuiser, il n’est point d’humeur dont elle semble si avare. Toutes les liqueurs une fois séparées vont droit aux parties qui en font l’excrétion ; mais par quel long détour la semence y parvient-elle, & quel chemin n’a-t-elle pas à parcourir dans le testicule & son réseau, dans l’épididyme, dans le canal déférent, dans les vésicules, &c. Nous ne savons pas encore pourquoi la nature s’est servie d’un sang urineux, & qui sort presque des reins même, pour faire la semence, & pourquoi elle a placé les vésicules si proches de la vessie.

La plupart des physiciens admettent les animaux spermatiques ; & la dispute tant agitée entre Hartsoëker & Leuwenhoëk, pour savoir lequel des deux étoit l’inventeur de cette découverte, a confirmé cette expérience. Boerrhaave pria le véritable inventeur Leuwenhoëk de dire en quel lieu il découvroit d’abord, à la faveur de ses excellens microscopes, les animalcules dont il s’agit, & dans quel autre lieu on cessoit de les appercevoir. La somme de ces observations a été que le sang, le serum, l’urine, la liqueur des ventricules du cerveau, les liquides de la matrice & de la vessie, ne contenoient aucun de ces petits insectes ; mais qu’il y en avoit dans le liquide des interstices celluleux du testicule, dans le conduit Higmore, dans tout le testicule, dans tout l’épididyme, dans tout le canal déférent, dans les vésicules séminales, & dans la semence expulsée dans le coït de l’homme & des animaux. Nous ne savons pas ce qui a fait naître ces animalcules, ni pourquoi les alimens en fourniroient là plutôt qu’ailleurs.

Prenez un peu de semence délayée dans de l’eau tiede, mettez-la sur un petit morceau de tuile, & sous le plus petit microscope qui ait le plus proche foyer, alors vous verrez ces animaux vivans, se mouvoir comme des anguilles, oblongs, ayant la tête un peu grosse, & nageant dans une liqueur qui n’en contient point ; de sorte que la semence est composée de deux

parties ; 1°. d’animaux qui survivent assez long-tems à leur sujet ; 2°. d’une humeur douce, visqueuse, qui se meut à peine. La liqueur des prostates ne contient point d’animalcules, ni le sperme des femmes, ni le liquide des ovaires ; la principale utilité du testicule consiste donc dans la génération.

La semence entre dans les trompes mêmes, & de-là n’a pas loin pour aller se rendre à l’ovaire. Voyez Trompe & Ovaire.

La glande prostate a douze petites follicules ; distinctes, qui s’ouvrent par autant d’émonctoires sensibles, dans la cavité de l’uretre, & entourent de toutes parts cette issue des vésicules ; ce qui fait que la semence & l’humeur des prostates se mêlent exactement en cet endroit, les vésicules & les prostates étant environnées de la même membrane musculeuse. Voyez Prostate.

La semence ne coule donc jamais qu’elle ne soit précédée, suivie, enveloppée du suc des prostates, dont l’usage est de débarquer en sureté l’homme futur. M. Littre a donné une fort bonne description de cette glande.

Les hommes sains préparent toujours à la fleur de l’âge une semence, qui retenue, est épaisse & immobile comme du blanc d’œuf, ou de l’amidon détrempé dans un peu d’eau. La liqueur des prostates est plus claire, & semblable à l’huile d’amandes douces ; ensuite il faut bien que l’animalcule qui doit former l’homme, soit long-tems caché, & à l’abri des injures de l’air, jusqu’à ce qu’il vienne germer dans la matrice. Voyez Matrice.

C’est à la semence que la barbe & les poils du pubis doivent leur naissance. La voix & le tempérament changent lorsque la secrétion de cette humeur commence à s’opérer. L’enfant possede toutes les parties de la génération, il n’en peut faire aucun usage ; il faut quinze ou seize ans communément pour lui : alors paroissent la barbe, une voix forte, & autres signes de virilité qui restent jusqu’au plus grand âge. Du regne de Charles II. roi d’Angleterre, un homme de 120 ans fut convaincu d’adultere.

La barbe est la premiere marque de puberté ; c’est un indice que la semence commence à se faire ; elle continue si le sang produit la même humeur prolifique ; elle cesse de pousser, ou tombe, si cette secrétion importante est empêchée. On connoît par-là pourquoi la barbe & les cheveux tombent souvent dans la vieillesse ; la voix d’un garçon ressemble à celle d’une fille avant la secrétion de la semence, après quoi elle devient grave & rauque, & ce symptome paroît avant la barbe.

Les Arabes ont expliqué de cette maniere pourquoi quelques gouttes de semence affoiblissent plus qu’une grande perte de sang, & il y a eu des modernes qui ont voulu calculer combien peu il falloit perdre de semence pour en être affoibli ; mais cet affoiblissement ne viendroit-il point de cette espece d’épilepsie qui accompagne la perte de la semence, plus que de cette perte même ? car le corps reprend constamment ses forces avant que la semence soit réparée. La viscosité du sang, & tout l’appareil que la nature emploie à la formation de la semence fait voir qu’elle ressemble moins aux esprits, que le blanc d’œuf ne ressemble à l’esprit-de-vin. Cela paroît en comparant la substance corticale du cerveau avec la structure des testicules, & l’extrème finesse des esprits avec l’épaisseur du sperme.

Il y a des auteurs qui ont prétendu que les sels volatils huileux étoient de même nature que la semence, & par conséquent étoient excellens pour la génération, ce qui a mis pendant long-tems ces sels fort en vogue. Mais tout l’effet de ces sels vient du mouvement plus violent que le sel volatil excite, & non de la semence qu’il ne peut produire ; car ils sont d’une