Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/938

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des jeunes gens qui étudient cette science, & qui sont toujours attachés aux méthodes bonnes ou mauvaises.

Uniquement bornés aux généralités de la semeiotique, nous laissons à part tout détail sur ces différens signes. On peut consulter là-dessus les articles particuliers de semeiotique. Voyez Pouls, Respiration, Sueur, urine, &c. Nous ne suivrons pas non plus la semeiotique propre de chaque maladie ; il n’est personne qui ne voye que cette exposition déplacée ici, nous meneroit trop loin, & nous mettroit dans le cas de répéter inutilement ce qui est dit à ce sujet dans les différens articles de maladie, vice essentiel, & qu’on ne sauroit trop soigneusement éviter dans un ouvrage de cette espece.

Pour ce qui regarde la sémeiotique de la santé, elle paroît au premier coup d’œil assez bornée, parce qu’on se représente la santé comme un point, dont les signes doivent par conséquent être en petit nombre bien constatés & invariables. Mais cette idée métaphysique de la santé est bien éloignée de ce que l’observation nous découvre, en la consultant plutôt que le raisonnement ; en sortant de son cabinet, en promenant ses regards sur l’ensemble des hommes, le médecin verra qu’il y a presque autant de santés différentes, qu’il y a de sujets différens ; qu’elle varie d’une maniere plus sensible dans les divers tempéramens ; que par conséquent les signes de la santé ne sont pas les mêmes dans un homme mélancolique & dans un pituiteux, dans un sanguin & un bilieux ; on les trouveroit même différens dans Pierre, Jean, Joseph, &c. en un mot, dans chaque individu ; car chacun a sa santé particuliere, qu’on a exprimée sous le nom usité dans les écoles d’idiosyncrasie. On pourra bien en général décider que la santé est bonne, si toutes les fonctions s’exercent, ou peuvent s’exercer avec facilité, alacrité & constance. J’ajoute, peuvent s’exercer, parce que comme il est facile de s’appercevoir, l’exercice continuel de toutes les fonctions, non seulement n’est pas nécessaire pour la santé, mais même est impossible, il suffit qu’il y ait de l’aptitude : les exemples n’ont pas besoin d’être indiqués. Il y a d’autres fonctions qui sont succédanées, qui ne peuvent être exercées que les unes après les autres ; telles sont la veille & le sommeil, la digestion, la sanguification & certaines excrétions, &c. Voyez Santé. Il est certain que toutes les personnes dans qui on observera ces qualités, dans l’exercice des fonctions, jouiront d’une santé parfaite. Mais il n’y a point de mesure générale pour s’assurer de leur présence dans tous les tempéramens, & tous les sujets ; c’est pourquoi il faut que le séméiologiste descende dans des détails particuliers les uns aux autres, détails trop longs pour nous occuper ici. Voyez Santé, Tempérament, &c. Mais un autre point d’une plus grande étendue, & plus difficile encore à discuter se présente ici. Il ne suffit pas de décider si la santé présente est bonne, il faut déterminer si elle sera constante, si le sujet peut, à l’abri des accidens, se promettre de longues années. Pour résoudre ce problème intéressant, il faut non seulement examiner la maniere dont les fonctions s’exercent dans l’état actuel ; mais sur-tout tirer des signes ultérieurs de la maniere dont la personne a vécu, soit dans sa jeunesse, soit dans son enfance ; si elle a été sujette à différentes maladies qui en font craindre pour la suite ; si elle en a éprouvé d’autres auxquelles on échappe rarement. Il faut porter plus loin les recherches, faire attention au tems du sevrage, à l’alaitement, à la naissance & au tems qui l’a précédé ; examiner en conséquence, si le sevrage a été trop précipité, ou trop retardé ; si la nourrice étoit bonne ; si on n’avoit aucun vice capital à lui reprocher ; si le nourrisson n’a point eu d’incommodités extraordinaires ; si l’accouchement a été naturel ;

si l’enfant n’a point souffert en naissant ; s’il est venu à terme ; si sa mere a eu une grossesse heureuse ; si enfin, aussi-bien que le pere, elle jouissoit d’une bonne santé ; s’ils ne portoient, ni l’un ni l’autre, le germe de quelque maladie héréditaire ; s’ils n’étoient ni trop jeunes ni trop vieux ; s’ils ne s’adonnoient pas avec excès aux plaisirs de l’amour, &c. On peut aussi tirer quelques lumieres de la saison où il a été formé ; on a observé que le printems de l’année, de même que celui de la vie, étoient les saisons les plus favorables à la formation de l’enfant. On pourroit présager une longue vie, si l’on ne trouvoit rien à redire sur tous ces articles ; si en même tems toutes les fonctions s’exerçoient comme il faut, & que le corps fût bien constitué ; savoir la tête grosse, la poitrine large, les membres toreux, & le corps d’une grande taille, suivant l’observation d’Hippocrate, aphor. 54. lib. II., &c.

De tous les auteurs qui ont écrit sur la sémeiotique, Hippocrate est presque le seul dont les ouvrages méritent d’être consultés, & sur-tout sur celle qui regarde les maladies ; tous les autres n’ont fait que le transcrire ou le défigurer. Le lecteur ne pourra lire sans admiration les écrits de ce grand observateur, la plupart des autres ne lui inspireroient que du dégoût. Nous ajouterons seulement quelques traités nouveaux sur le pouls signe, qu’Hippocrate a négligé, & qui mérite d’être approfondi. Voyez Pouls, & les ouvrages de Solano, Nihell, Bordeu, Michel, &c.

SÉMÉLÉ, (Mythol.) Le lecteur sait la fable de Sémélé mere de Bacchus ; quelque galanterie de cette princesse, dont l’issue ne fut pas heureuse, en est peut-être l’origine. Pausanias dit que Cadmus s’étant apperçu de la grossesse de Sémélé, la fit enfermer dans un coffre ; qu’ensuite ce coffre abandonné à la merci des flots, fut porté chez les Brasiates en Laconie, & que ces peuples ayant trouvé Sémélé morte, lui firent de magnifiques funérailles. Le faux Orphée appelle Sémélé déesse & reine de tout le monde. Il ne paroît pourtant pas que son culte ait été fort en vogue. On trouve dans une pierre gravée, rapportée par Béger, ces mots : les génies tremblent au nom de Semélé, d’où on peut inférer que Sémélé avoit reçu du maître des dieux, quelque autorité sur les génies ou divinités inférieures. Philostrate dit que quand Sémélé fut brûlée à l’arrivée de Jupiter, son image monta jusqu’au ciel ; mais qu’elle étoit toute noircie par la fumée de la foudre. (D. J.)

SEMELLE, s. f. (Architect.) espece de tirant fait d’une plate-forme. On assemble les piés de la ferme d’un comble, pour empêcher qu’ils ne s’écartent. C’est aussi des tirans moins épais que de coutume, lorsqu’il n’est pas besoin qu’ils supportent des planchers & des solives. C’est encore une piece de bois couchée à-plat sous le pié d’une étaye. Enfin ce terme se dit aussi des pieces de bois qui font le pourtour du fond d’un bateau, & qui servent à en contourner le bord. Diction. de Charpent. (D. J.)

Semelle, dans l’Artillerie est une planche de bois fort épaisse qui se met sur les trois premieres entretoises de l’affut, & sur laquelle pose le canon. Voyez Affut. (Q)

Semelle, (Marine.) c’est un assemblage de trois planches mises l’une sur l’autre, qui a la forme de la semelle d’un soulier, & dont on fait usage pour aller à la boulisse. A cette fin, on a deux semelles, une sous le vent qu’on laisse tomber à l’eau, & l’autre qu’on laisse suspendue au bordage jusqu’au premier revirement. Elles servent à soutenir le bâtiment à l’eau, & à le faire tourner d’autant plus aisément, qu’il y a peu d’eau sous la quille ; parce qu’alors il n’y a pas tant de résistance, & par conséquent moins de dérive. Aussi les semelles ne sont presqu’utiles que dans les