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N. par la grace de Dieu, humble abbêsse de l’église de Saint-Pierre de Remiremont, de l’ordre de saint Benoît, diocèse de Toul, immédiatement soumise au saint siége apostolique ». C’est pourquoi la ville de Remiremont porte pour armes les clés de S. Pierre. L’abbêsse, en qualité de princesse du saint empire, se fait servir avec toutes les cérémonies princieres ; privilege accordé en l’an 1090 à l’abbesse Félicie de Lore, & confirmé par l’empereur Albert I. de la maison d’Autriche, en la personne de Clémence d’Oyselet, au mois d’Avril de l’année 1307.

Quand cette abbêsse va à l’offrande ou à la procession, sa dame d’honneur lui porte la queue de son manteau, & son sénéchal porte la crosse devant elle ; le diacre & le soudiacre la vont prendre à sa chaise abbatiale pour la mener à l’offrande, puis la reconduisent à sa place, & lui apportent l’évangile, le corporal, & la paix à baiser.

Elle fait faire les montres & les revues des bourgeois en armes par son sénéchal, qui n’obéit qu’à elle ; aussi ne fait-il point ses preuves en chapitre, mais seulement à l’abbêsse. En tems de guerre, ce sénéchal garde les clés de la ville, donne le mot qu’il reçoit de l’abbêsse, si elle est en ville, ou de la dame chanoinesse sa lieutenante. Dans les processions il porte une épée, pour marque de l’autorité qu’il tient d’elle.

Enfin l’abbêsse de Remiremont a beaucoup de privileges & d’honneurs ; mais elle jouit d’un revenu très-modique, car il n’est guere que d’environ quinze mille livres par an. Quand elle vient à mourir, sa succession échoit par moitié au chapitre & à la future abbêsse.

Dès qu’elle est morte, le chapitre met sa crosse au trésor ; son cabinet, ses chambres, & ses cassettes sont scellées du sceau de la doyenne. Elle est exposée en public revêtue de ses habits de cérémonie, avec une crosse de cire à son côté.

Le jour de son enterrement on lui dit trois messes hautes, après quoi elle est portée au cimetiere des dames, ou dans la chapelle de saint André, où plusieurs abbesses sont enterrées, selon qu’elle en a ordonné par son testament. L’anneau avec lequel elle a été bénite, appartient après ses funerailles au chanoine de semaine du grand autel.

L’abbêsse, la doyenne & la secrete, sont les trois dignités de l’abbaye ; la sonriere, la tresoriere, l’aumôniere & les boursieres, n’ont que titre d’offices. Sonrier est un mot lorrain qui signifie receveur ou administrateur des droits seigneuriaux.

L’abbaye de Remiremont a aussi quatre grands officiers qui font preuve de noblesse comme les dames ; savoir le grand-prevôt, le grand-chancelier, le petit chancelier, & grand-sonrier ; mais ces trois derniers officiers ne sont établis qu’ad honores. (D. J.)

REMIS, participe du verbe remettre. Voyez Remettre.

Remis, un cheval bien remis, terme de Manege, qui signifie que l’écuyer a rappris l’exercice du manege à un cheval à qui on l’avoit laissé oublier ou par négligence ou par ignorance.

REMISE, s. f. (Gram.) signifie quelquefois simplement l’action de rendre, & remettre une chose dont on s’étoit chargé, à celui envers qui on s’en étoit chargé ; comme la remise des titres & pieces par un procureur ès mains de la partie pour laquelle il a occupé ; à laquelle remise il est contraignable par corps ; comme à la remise de celles qui lui ont été données en communication par le greffe.

Remise, s. f. (Jurisprud.) d’une dette, est lorsque le créancier voulant bien faire grace à son débiteur, le tient quitte en tout ou en partie, soit du principal, soit des intérêts & frais.

Remise en fait d’adjudication par decret & de baux

judiciaires, est lorsqu’au lieu d’adjuger définitivement on remet à le faire à un autre jour. Voyez Adjudication, Bail judiciaire, Criées, Decret

Remise de la cause à un tel jour, c’est lorsque la cause est continuée ou renvoyée à un autre jour. (A)

Remise, en terme de Négoce, est le commerce d’argent de ville en ville ou de place en place, par le moyen de lettres-de-change, ordres ou autrement. Voyez Commerce, Négoce.

Remise est proprement une lettre-de-change ou billet à ordre qu’on envoie à un correspondant, pour en être par lui ou autre le montant perçu de celui sur qui la lettre est tirée.

Par exemple, il a été remis à un marchand, demeurant à Lyon, le montant de trois mille livres en billets de commerce par un marchand de Paris. Le marchand à qui la remise est faite ira chez un banquier de Lyon recevoir pareille somme en lettres-de-change ou en argent.

Au moyen de ces remises, on peut faire passer de grandes sommes d’une ville à l’autre sans courir les risques du transport des especes.

Il est aisé à Paris, & même à Londres, de faire des remises d’argent dans toutes les villes de l’Europe. Celles sur Copenhague ne sont pas aisées. Voyez Lettres de change.

Remise se dit aussi du payement d’une lettre-de-change. Ainsi l’on dit, j’ai reçu cent pistoles sur votre remise. M. N. banquier de cette ville vous payera deux cens écus sur ma remise.

Remise se dit aussi de la somme que l’on donne au banquier tant pour son salaire que pour la tare de l’argent, & la différente valeur dont il est dans l’endroit où vous payez, & dans celui où il remet.

La remise de l’argent est forte à Londres & en Italie. Cette remise s’appelle aussi change & rechange.

Remise se prend aussi pour l’excompte ou pour les intérêts illégitimes qu’exigent les usuriers. Je veux la moitié de remise sur ce billet, c’est-à-dire, je ne le prendrai qu’à moitié de perte.

Remise se dit encore de la perte volontaire qu’un créancier consent de faire d’une partie de ce qui lui est dû, pour être payé avant l’échéance des billets ou obligations qu’il a de son debiteur. Souvent cette remise est stipulée dans les actes, & alors n’est plus volontaire, la remise étant de droit en faisant les payemens aux termes convenus.

Remise est pareillement ce qu’on veut bien relacher de la dette par accommodement avec un marchand ou autre débiteur insolvable, ou qui a fait banqueroute. Les créanciers de ce négociant lui ont fait remise des trois quarts par le contrat qu’ils ont fait avec lui. Diction. de Comm. & de Trév.

Remise, s. s. (Archit.) c’est un renfoncement sous un corps de logis, ou un hangar, dans une cour, pour y placer un ou deux carrosses. Pour un carrosse, une remise doit avoir huit piés de large ; mais pour plusieurs carrosses, sept piés suffisent à chacun. Sa profondeur, lorsqu’on veut mettre le timon de carrosses à couvert, est de 20 piés ; & lorsqu’on releve le timon, on ne lui donne que 14 piés sur 9 de hauteur. Afin de ranger aisément les carrosses, on pratique dans les remises de barrieres ou coursieres. Au-dessus on fait des chambres pour les domestiques, qu’on dégage par des corridors.

Remise de galere. C’est dans un arsenal de marine un grand hangar séparé par des rangs de piliers qui en supportent la couverture, où l’on tient à flot séparément les galeres désarmées. Tel est, par exemple, l’arsenal de Venise. Dictionnaire d’Architecture. (D. J.)

Remises, s. m. pl. (Rubannerie.) ce sont des lisses de devant, qui, par les bouclettes, saisissent certains