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Remettre signifie aussi donner au banquier le droit qui lui appartient, pour avoir de lui telle ou telle lettre de change, voyez Change.

Remettre signifie aussi abandonner à un débiteur une partie de sa dette, comme si vous remettez à quelqu’un le quart de ce qu’il vous doit, à condition qu’il vous payera sur l’heure.

Remettre une lettre, un paquet, une somme à quelqu’un, c’est les lui envoyer ou les lui donner en main propre.

Remettre veut dire aussi différer. Rien n’est plus préjudiciable à la réputation d’un marchand, que de remettre le payement de ses billets & lettres de change.

Remettre, se remettre signifie confier. J’ai remis mes intérêts entre les mains d’un arbitre ; je m’en remets à vous de cette affaire. Dictionnaire de Commerce & de Trévoux.

Remettre, en fait d’escrime. On entend par se remettre se placer en garde après avoir alongé une estocade.

Pour se remettre on fait un effort du jarret gauche, qui ramene tout le corps en-arriere, & en même tems on arrondit le bras gauche pour le remettre dans sa premiere situation, aussi-bien que toutes les autres parties du corps. Ce mouvement du bras gauche donne beaucoup de facilité pour se remettre.

Remettre, terme de Chandelier ; remettre la chandelle, c’est lui donner la troisieme couche de suif. Pour la premiere trempe, on dit plinger ; pour la seconde, c’est retourner. Les autres suivantes, qui sont en plus grand ou plus petit nombre, selon le poids de la chandelle qu’on façonne, n’ont point de nom, à la réserve des deux dernieres, dont l’une s’appelle mettre, prêter, l’autre rachever. Savary. (D. J.)

Remettre, (Soierie.) c’est passer les fils de chaîne dans les maillons du corps & dans les têtes. Voyez l’article Velours ciselé.

REMEUBLER, v. act. (Gramm.) c’est meubler de nouveau ; c’est une maison à remeubler.

REM-HORMOUS, (Géog. mod.) ville de Perse, que Tavernier met à 74d. 45′. de longitude, & à 31d. 45′. de latitude. (D. J.)

REMI, (Géogr. anc.) peuples de la Gaule belgique qui étoient regardés du tems de César comme les plus considérables après les Ædui. Ces peuples, qui comprenoient alors tout ce qui est présentement sous les diocèses de Reims, de Châlons & de Laon, avoient encore compris auparavant le pays qui forme le diocèse de Soissons ; c’est pour cela que dans César ceux de Reims appellent ceux de Soissons, fratres consanguineosque suos, qui codem jure, iisdemque legibus utantur, unum imperium, unumque magistratum cum ipsis habeant. D’où il est aisé de juger que ceux de Soissons avoient fait partie autrefois de la cité des Rémois. La capitale de ces derniers étoit Durocortorum, aujourd’hui Rheims. Voyez ce mot. (D. J.)

REMINISCENCE, s. f. (Métaphysiq.) La réminiscence est une perception qui se fait connoître comme ayant déja affecté l’ame. Afin de mieux analyser la réminiscence, il faudroit lui donner deux noms : l’un, en tant qu’elle nous fait connoître notre être ; l’autre, en tant qu’elle nous fait reconnoître les perceptions qui s’y répetent : car ce sont-là des idées bien distinctes.

REMINISCERE, terme de breviaire, c’est un terme de bréviaire qu’on connoissoit déja au commencement du xjv. siecle ; il désigne le second dimanche du carême, qui est même ainsi marqué dans l’almanach. Ce nom lui est donné du premier mot de l’introït de la messe qu’on dit ce jour-là. Reminiscere miserationum tuarum. (D. J.)

REMIREMONT, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Romarici mons ; petite ville de Lorraine au diocèse de Toul, sur la gauche de la Moselle, à 4 lieues

au-dessus d’Epinal, dans une vallée, au pié du mont de Vosge, à 18 lieues au sud-est de Nanci, à 20 au nord-est de Besançon, & à 80 de Paris. Long. 24. 20. lat. 48. 7.

Remiremont est le lieu le plus célebre de toute la Vosge, à cause de l’illustre chapitre des dames chanoinesses très-nobles qui occupent l’église & collége de Saint-Pierre. Autrefois Remiremont étoit à l’orient de la Moselle, sur une montagne, où le comte Romaric avoit un château ; mais ce lieu fut ruiné jusqu’aux fondemens dans le commencement du jx. siecle, par les Hongrois ou les nouveaux Huns, qui ayant passé le Rhin sous le regne de Louis fils d’Arnou, ravagerent tous ces pays-là. On bâtit ensuite une nouvelle église dans la plaine, de l’autre côté de la Moselle, & la situation en étoit plus commode que celle de la montagne.

C’étoit cependant sur cette montagne que dans le vij. siecle, l’an 620, le comte Romaric, seigneur également riche & puissant, désabusé des grandeurs du monde, fonda la célebre abbaye de Remiremont, & la dota de tous ses biens. De-là vient que les Allemands appellent cet endroit Rumelsberg ou Romberg, c’est-à-dire, le mont de Romaric, d’où est venu le nom de Romarimont, corrompu en celui de Remiremont.

Les moines bénédictins prétendent que les filles que l’on établit dans la nouvelle maison de Remiremont après le ravage des Hongrois, aient été des religieuses de leur ordre ; mais les chanoinesses soutiennent sur des fondemens plus solides qu’elles n’ont jamais été de l’ordre des Bénédictins depuis la fondation de la nouvelle maison de Saint-Pierre, & que c’est à elles & en leur propre considération que les papes leur ont accordé de grands priviléges, avec une exemption entiere de la jurisdiction de l’ordinaire. On sait que l’abbesse est princesse de l’empire, & fait seule les vœux solemnels, à-moins qu’elle n’en obtienne dispense ; mais les chanoinesses n’ont ni vœux ni clôture, & sont seulement obligées de faire preuve de la plus grande noblesse. Mais cette fameuse abbaye mérite un plus grand détail.

Elle est gouvernée par une abbêsse, une doyenne, & une secrete ou sacristine, dont les fonctions & les menses sont séparées. Tout le revenu de cette abbaye est partagé en 144 prébendes, dont l’abbêsse en possede trente-six : vingt-neuf autres sont partagées entre douze chapelains, le grand-sénéchal, le grand-sonrier ou maître des bois, & quelques autres officiers qui sont tous gens de qualité, & qui en retirent très-peu de profit. Les soixante-dix-neuf prébendes qui restent, se partagent entre les chanoinesses, qui sont rangées sous ving-neuf compagnies ; de ces compagnies il y en a cinq de cinq chanoinesses chacune, huit de quatre, six de trois, & deux de deux.

Chaque chanoinesse est prébendée sur l’une de ces compagnies, & regarde les autres comme ses compagnes de prébende ; si elles viennent à mourir sans avoir aprébendé une demoiselle, la survivante succede à leurs meubles & à leur prébende : ensorte cependant qu’une dame qui se trouve seule dans une compagnie de cinq, est obligée de faire trois nieces, c’est-à-dire d’apprébender trois demoiselles, l’une sur les deux premieres prébendes, l’autre sur les deux suivantes, & la troisieme sur celle qui reste. La survivante d’une compagnie de quatre ou de trois, doit faire deux nieces, & celle d’une compagnie de deux n’en doit faire qu’une ; si elles y manquent, l’abbêsse y pourvoit après un certain délai. Par ce moyen le chœur est toujours rempli d’environ quarante dames, & le service s’y fait avec beaucoup de régularité. Les chanoinesses touchent leur distribution au chœur comme les chanoines.

L’abbêsse de Remiremont use de cette formule « Je