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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/645

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reux, intéressans, & connus à imiter ; les Peintres doivent observer en traitant les sujets qu’ils ont choisis, de n’y rien mettre contre la vraissemblance. Les hommes ne sont guere touchés d’un événement qui leur paroît sensiblement impossible.

Enfin, il est encore des sujets plus propres à chaque genre de peinture qu’à d’autres genres de peinture. Le sacrifice d’Iphigénie, par exemple, ne convient qu’à un tableau où le peintre puisse donner à ses figures une certaine grandeur. Un pareil sujet ne veut pas être représenté avec de petites figures destinées à l’embellissement d’un paysage. Un sujet grotesque ne veut pas être traité avec des figures aussi grandes que le naturel. Des figures plus grandes que nature, ne seroient point propres à représenter sur toile une Vénus. (D. J.)

Sujet, en Musique, se dit du chant principal, sur lequel roule toute la disposition d’une piece ou d’un morceau de musique, & dont toutes les autres parties ne sont que l’accompagnement. Quelquefois le sujet est à la basse, plus souvent dans les dessus, rarement dans les parties moyennes. Dans les musiques, qu’on appelle duo, trio, quatuor, &c. le sujet est ordinairement distribué entre plusieurs parties, ce qui le rend plus difficile à traiter.

Le sujet est la partie la plus importante du dessein. Voyez Dessein. Toutes les autres ne demandent que du raisonnement & de l’art. Celle-ci seule dépend uniquement du génie, & c’est en elle que consiste l’invention. Les principaux sujets en musique produisent des imitations, des fugues, des basses-contraintes, &c. Voyez ces mots.

Enfin, sujet se dit encore du texte ou des paroles sur lesquelles on compose de la musique. (S)

SUIF, s. m. est une espece de graisse qu’on trouve dans les daims, les moutons, les bœufs, les porcs, &c. & qui étant fondue & clarifiée, fait ce qu’on appelle suif dont on fait des chandelles. Voyez Graisse & Suif.

Ce mot est formé du latin suedum, sebum ou sevum qui signifie la même chose, & qui vient à sue à cause de la graisse de cet animal.

Les Anatomistes, &c. distinguent quatre sortes de graisse dans le corps d’un animal : la premiere qui se lie, & qui après qu’on l’a fondue, se refroidit & acquiert beaucoup de consistance, se nomme suif. On la trouve en grande quantité dans le bas-ventre & autour des reins.

Le P. Lecomte fait mention d’un arbre qui vient dans la Chine, & qui porte le suif. Voyez Arbre a suif .

Suif, (Pharm. & Mat. médic.) espece de graisse qui ne mérite une considération particuliere, quant à ses usages pharmaceutiques, qu’à cause de sa consistence ferme & cassante jusqu’à un certain point, à laquelle on doit avoir égard lorsqu’on l’emploie dans des compositions pharmaceutiques, dont il modifie la consistence générale par cette qualité. Le suif n’a d’ailleurs que les qualités médicinales communes des graisses. Voyez Graisse, Chimie, &c.

On distingue dans les boutiques le suif de bélier, celui de mouton, celui de bouc, celui de bœuf, & celui de cerf.

On demande dans la Pharmacopée de Paris le suif de bélier pour l’onguent de la mere, pour le mondificatif d’ochre & pour le sparadrap ; le suif de mouton, pour l’emplâtre appellé ciroëne, & pour l’onguent de litharge ; le suif du bouc, pour le baume d’arcæus & pour l’emplâtre de mélilot composé ; le suif de bœuf, pour l’emplâtre de mélilot simple ; & le suif de cerf, pour l’emplâtre de Nuremberg ; mais il est très-sûr (& c’est assûrément une infidélité très-pardonnable) que les Apoticaires emploient tous ces suifs fort indifféremment, à la réserve seule-

ment du suif de cerf, qu’ils se gardent bien d’employer,

au-moins dans les contrées où cette drogue est rare & chere. Des quatre autres suifs moins magnifiques, celui de bouc est le plus beau & le plus ferme, mais ses qualités méritent cependant fort peu de préférence dans l’usage pharmaceutique. (b)

Suif, bois de, (Hist. nat.) on trouve à la Chine un arbre qui fournit une substance parfaitement semblable à du suif. Le fruit de cet arbre est renfermé dans une enveloppe qui, lorsque le fruit est mûr, s’ouvre d’elle-même comme celle de nos châtaignes, il en sort deux ou trois fruits de la grosseur d’une noisette, dont la pulpe a les mêmes propriétés que le suif, & qui, fondue avec un peu d’huile ou de cire, devient propre à faire des chandelles, dont on fait usage dans tout l’empire de la Chine. Pour séparer cette espece de suif de son fruit, on le pulvérise, après quoi on le fait bouillir dans de l’eau, à la surface de laquelle il surnage une substance semblable à de l’huile, qui se condense lorsqu’elle est refroidie, & qui prend la même consistence que le suif. On mêle dix parties de cette substance avec trois parties d’huile de lin & avec un peu de cire, afin de lui donner de la solidité, & pour l’empêcher de s’attacher aux doigts. Les Chinois donnent la forme d’un segment de cône aux chandelles faites de cette substance, que l’on y colore quelquefois en y incorporant des couleurs avec des parfums, pour en rendre l’odeur plus agréable. Les meches que l’on y met sont de coton.

Le bois de suif a précisément l’odeur du suif ordinaire.

Suif-noir, (Marine.) c’est un mélange de suif & de noir, dont les corsaires frottent le fond de leurs bâtimens, afin qu’il ne paroisse pas qu’on l’a suivé.

Suif, mettre les cuirs en suif, terme de Corroyeur & de Hongrieur, qui signifie imbiber les cuirs avec du suif chaud par le moyen d’une espece de tampon de laine, appellé gipon.

SUIFFE, voyez Vandoise.

SUILLATES, (Géog. anc.) peuples d’Italie dans l’Umbrie, selon Pline, l. III. c. xiv. Ils habitoient, à ce que croit Cluvier, Ital. l. II. p. 617. le quartier où est aujourd’hui Sigello, aux confins de la Marche d’Ancône. (D. J.)

SUILLUS LAPIS, (Hist. nat.) quelques naturalistes donnent ce nom à une pierre qui, suivant Wallerius, est un spath brun opaque, elle a l’odeur de la corne brûlée. Il s’en trouve en Suede, dans la Gothie orientale & occidentale. Mise dans le feu, elle pétille & décrépite comme le sel marin, devient blanche & se convertit en chaux. M. Hiærne en a tiré une huile semblable à celle qu’on obtient du charbon de terre ou pétrole, & il s’attacha un sel au col de la cornue ; ce sel étoit en très-petite quantité, & avoit une odeur urineuse & le goût du sel ammoniac. Voyez Urban Hiærne, tentamina chimica. M. Wallerius dit que cette pierre se trouve communément dans le voisinage des mines d’alun. Il en distingue de prismatique, de striée ou rayonnée & de sphérique, avec des cercles qui vont du centre à la circonférence. Voyez la Minéralogie de Wallerius.

SUINT ou ŒSIPE, s. m. (Lainage.) espece de graisse ou axonge qui se trouve adhérente à la laine des moutons & brebis ; les marchands épiciers-droguistes qui en font le négoce, la vendent sous le nom d’œsipe.

SUINTEMENT, SUINTER, (Gram.) termes relatifs au mouvement d’un fluide qui s’échappe presqu’insensiblement d’un corps. Dans la plûpart des cavernes, l’eau suinte d’entre les pierres ; ce vaisseau suinte ; cette plaie seroit guérie sans un léger suintement d’humeur, qu’il seroit dangereux d’arrêter.