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se dit lorsque dans un patron, il n’y a que 12 marches écrites au lieu de 24 qui devroient y être, ce que l’on verroit dans une Planche où le patron seroit écrit sur un pié, & se comprendroit aisement par la comparaison de cette Planche avec une autre où le dessein seroit sur deux : expliquons ceci ; une haute-lisse qui est toujours la premiere, c’est-à-dire, la plus près du porte-rame de devant venant à lever, leve avec elle, toutes les rames qu’elle porte suivant le passage du patron. La seconde levant à son tour, fait le même effet, excepté que toutes les rames qui laissoient sur la premiere, vont prendre sur celle-ci, & ainsi des autres alternativement. Ceci entendu, on voit que lorsqu’on dit sur un pié, on sous-entend que toute rame doit avoir son contraire, & que par conséquent un point noir, autrement appellé pris, doit avoir pour répétition un point blanc appellé laissé, ou pour mieux le faire entendre, un point désigne deux hautes-lisses ; donc si un point fait un pris sur la premiere haute-lisse, il fera un laissé sur la seconde ; au contraire, s’il fait un laissé sur cette premiere, il fera un pris sur la seconde ; il est donc presque inutile d’écrire un patron sur deux piés ; & ce n’est que pour satisfaire à la routine de certains anciens ouvriers, que l’on s’assujettit encore à cet usage. Des figures montreroient mieux encore ce dont il s’agit. Si on voyoit les rames des extrémités ou bords de l’ouvrage, qui a 80 rames de large ; on ne verroit lever sur la premiere marche de ce patron que tous les points noirs de cette largeur de 80, & à l’autre marche le contraire. Ce qui est dit ici, doit servir de regle pour expliquer ce que l’on entend par deux piés.

SURVUIDER, v. act. (Gram.) ôter ce qu’il y a de trop dans un vaisseau, un sac, pour le répandre dans un autre.

SUS, (Géog. anc.) torrent de la Béotie ; Pausanias, l. IX. c. xxx. après avoir dit que ce torrent tombe du mont Olympe, ajoute que les habitans de Larisse avoient une tradition qui concernoit ce torrent, & il la rapporte. (D. J.)

Sus, (Géog. mod.) province d’Afrique, au royaume de Maroc ; elle est bornée au nord par l’Atlas, au midi par la Numidie, au levant par le fleuve Sus, & au couchant par l’océan. Cette province contient la plus grande partie du royaume de Maroc, & renferme les villes de Messe, Tecéut, Garet, Tarudante, Tagoast, Aguer, & Garitguessen. Cette province est fort peuplée ; & sa plus grande partie est un pays plat qui s’arrose avec les eaux du Sus, qu’on tire par des canaux & des rigoles ; il y a beaucoup de blé, de troupeaux, de vergers, de légumes, & de palmiers. Les habitans sont Bereberes, & ont plus d’adresse pour les armes que les autres barbares.

Sus la, (Géog. mod.) riviere d’Afrique, au royaume de Maroc ; il y a quelque apparence que c’est l’Una de Ptolomée, qui la met au huitieme degré de longitude, sous le 28. 30. de latitude. Elle tire sa source du grand Atlas, traverse les plaines de Sus auxquelles elle donne son nom, arrose les pays les plus fertiles de ces quartiers, & vient se perdre dans l’océan, près de Guertessen. (D. J.)

SUSA, (Géog. anc.) nous disons Suses ou Suzes en françois. Voyez Suses.

Susa, ville de Perse, & la capitale de la Susiane ; elle fut autrefois la résidence des rois de Perse, comme le remarque Pline, l. VI. c. xxvij. Il ajoute qu’elle fut bâtie par Darius fils d’Hystaspes : vetus regia Persarum Susa à Dario Hystaspis filio condita. Cela n’est pas juste, à-moins que Pline par le mot condita, n’entende un rétablissement, ou une nouvelle enceinte ; car Susa est une très-ancienne ville, qui, selon Strabon, l. XV. p. 228. a été bâtie par Tahonus, pere de Memnon. Il lui donne un circuit de vingt-six sta-

des, une figure oblongue, & une forteresse nommée

Memnoneum. Hérodote dit que Susa est appellée ville de Memnon : Strabon compare les murs de cette ville avec ceux de Babylone. Je ne m’en rapporterai donc pas à Polyclete, qui vouloit que la ville de Susa n’eût point de murailles ; cela n’est nullement croyable de la capitale d’un empire, ni d’une ville, où, selon Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxvj. on gardoit des trésors immenses, que divers rois avoient amassé depuis plusieurs siecles, pour que leur postérité pût s’en servir dans un cas de nécessité.

L’Ecriture-sainte parle beaucoup de Suses, qu’elle nomme en hébreu Susan, mot qui signifie un lis ; c’est dans cette ville qu’arriva l’histoire d’Esther. C’est sur le fleuve qui y couloit, que Daniel eut la vision du bélier à deux cornes, & du bouc qui n’en avoit qu’une ; c’est aussi dans cette ville que Benjamin de Tudele & Abulfarage mettent le tombeau de ce prophete. Enfin, c’est à Susan que Néhémie obtint du roi Artaxerxès la permission de retourner en Judée, & de réparer les murs de Jérusalem. (D. J.)

SUSAIN, ou SUSIN, s. m. (Marine.) c’est un pont brisé, ou une partie du tillac, qui regne depuis la dunette jusqu’au grand mât.

SUSANNÉ, terme de Pratique, synonyme à suranné, & moins en usage. Voyez Suranné.

SUSBANDE, s. f. c’est dans l’Artillerie, une bande de fer qui couvre le tourillon d’un canon ou d’un mortier quand ils sont sur leur affut ; elle est ordinairement à charniere. Voyez Affut. (Q)

SUSBEC, s. m. (Fauconnerie.) maladie d’oiseaux qui en fait mourir un grand nombre ; c’est une pituite chaude & subtile qui leur distille du cerveau.

SUSCEPTIBLE, adj. (Gram.) capable de recevoir ; cette terre est susceptible d’amélioration ; cet homme d’amendement ; cet enfant d’éducation ; ce sujet d’ornement ; l’esprit du peuple de toutes sortes de mauvaises impressions. De susceptible, on a fait susceptibilité, susception.

SUSCES, s. f. (Com.) étoffes qui se fabriquent au Bengale ; ce sont des especes de taffetas que les Anglois portent à Madras où ils sont de vente.

SUSCITER, v. act. (Gram.) produire, faire naître ; Jesus-Christ disoit que de ces pierres qui étoient à ses piés, il en pouvoit susciter des enfans à Abraham ; Dieu a suscité de tems en tems des prophetes, des martyrs, des docteurs, qui ont uni leurs voix à celle de l’univers pour annoncer aux hommes sa gloire, sa puissance, sa justice, son existence. Susciter lignée à son frere, c’est faire revivre son nom, en épousant sa veuve ; on dit susciter une affaire fâcheuse, une querelle, un procès, des envieux ; cet Ouvrage nous a suscité bien des ennemis.

SUSCRIPTION, s. f. (Gram.) adresse qui est écrite sur le dos d’une lettre missive. Voyez Adresse & Lettre.

La suscription doit contenir le nom, les qualités, la profession, ou la demeure de celui à qui l’on écrit. Sous le mot de demeure, est compris le nom de la province, de la ville, du quartier, & même de la rue où celui à qui la lettre s’adresse fait actuellement son séjour ; parce que des erreurs sur ces différens points dans les suscriptions ou adresses des lettres, sont quelquefois de la derniere conséquence. Dictionnaires de Commerce & de Trévoux.

SUSDAL, (Géog. mod.) province de l’empire russien, avec titre de duché. Elle est bornée au nord par le Volga, au midi par le duché de Moskou, au levant par celui de Wolodimer, & au couchant par ceux de Jéroslaw & de Rostow ; c’est un pays en friche, & tout couvert de forêts remplies de bêtes fauves. La capitale & la seule ville de cette province, en a pris le nom ; elle a titre d’archevêché, & est située dans la partie méridionale du pays, mais toutes