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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/699

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ses maisons sont en bois, & ceux qui les habitent dans la pauvreté ou la servitude, tant l’empire russe est encore barbare. Long. 59. 38. latit. 56. 14. (D. J.)

SUSE, province de, (Géog. mod.) province des états du roi de Sardaigne dans le Piémont, avec titre de marquisat, & de vallée ou val. Elle est bornée au nord par le val de Maurienne, au midi par le val de Carmagnole, à l’orient par la province de Turin, & au couchant par les Alpes. Suse est sa capitale ; ses deux principales rivieres sont la Doria & le Cénis. Cette province autrefois très-étendue sous le nom de Marche Ségusiane, n’a guere aujourd’hui que vingt-quatre milles de longueur, sur huit milles de largeur. Sa partie septentrionale est inhabitable & impraticable, à cause des hautes montagnes qui la couvrent, & qui font partie du mont Génevre & des monts Cénis. On ne peut passer de la vallée de Prégel dans le val de Suse, que par trois endroits qui sont le col de Collet, le col de la Rousse, & le col de Fénestrelles. (D. J.)

Suse, (Géog. mod.) ville d’Italie dans le Piémont, capitale de la province à laquelle elle donne son nom. Elle est située sur les bords de la Doria, à 15 lieues au nord-ouest de Turin. Elle est environnée de montagnes & de collines fertiles en fruits & en vins. La plaine est arrosée par la Doria & par le Cénis, qui fournissent aux habitans des eaux saines, & à la terre une grande fécondité. Son gouverneur est en même tems gouverneur de la province ; & la citadelle a son gouverneur particulier. Long. 24. 43. lat. 45. 7.

Cette ville est mise par les anciens au nombre des villes les plus illustres des Alpes. On l’appelloit Segusio Secusio, Secusia, Segusium, & ses habitans Segusini. On y voit encore quelques restes des ouvrages des Romains, & entr’autres ceux d’un arc de triomphe élevé à l’honneur d’Auguste.

Ammian Marcellin nous apprend qu’on y voyoit le tombeau du roi Cottius, qui y avoit fait sa résidence. Elle étoit encore très-célebre lorsqu’elle devint la capitale du marquisat auquel elle donna son nom, & qui comprenoit une partie de la Lombardie & de la Ligurie. Mais si la ville de Suse est fameuse par son ancien lustre, elle ne l’est pas moins par les fureurs de la guerre auxquelles sa situation l’a toujours exposée.

Bellovèse, Brennus & les Carthaginois, prirent cette route pour passer en Italie, & commirent bien des hostilités dans le pays. Flavius Valens qui vint après eux, ruina cette ville & les bourgades voisines, après avoir mis à feu & à sang la vallée de Maurienne. Les Goths firent le même ravage lorsqu’ils passerent dans les Gaules, sous le regne de Théodoric. Les Wandales ne furent pas moins barbares ; & l’armée de Constantin, victorieuse de Maxence, après avoir pillé & ruiné tous les environs, détruisit cette ville de fond en comble. Ce ne fut pas là la fin de ses malheurs : elle eut beaucoup à souffrir de la part des Lombards lorsqu’ils passerent dans la Gaule, sous la conduite d’Amon Zaban & de Rodanus. Les Sarrasins, qui vers l’an 900 traverserent le val de Suse pour pénétrer en Italie, porterent le fer & le feu dans ce val, & n’épargnerent pas la ville.

Mais de toutes ces calamités, la plus déplorable peut-être, fut celle qu’elle souffrit de la part de l’empereur Barberousse, quand il passa d’Allemagne en Italie. Suse fut absolument réduite en cendres, & dans cet incendie périrent les archives & les anciens monumens qui prouvoient l’origine de cette ville. Enfin la division de ses habitans mit le comble à ses malheurs. Il y a environ quatre cens ans qu’il s’y forma deux partis qui se firent une longue & cruel-

le guerre. Elle se trouva par-là tellement dépeuplée

qu’elle n’eut plus aucune espérance de se rétablir, ce qui obligea de restraindre l’enceinte des murs au point où on les voit à-présent. (D. J.)

Suse, (Géog. mod.) ville d’Afrique en Barbarie, au royaume de Tunis sur la côte, à 2 lieues de Carvan, & à 35 de Tunis. Elle a été autrefois considérable, & a soutenu de longs sieges. Les Turcs en sont aujourd’hui les maîtres. Son terroir ne rapporte que de l’orge, mais le pays a des huiles, des dattes & des figues. (D. J.)

SUS-ÉPINEUX, en Anatomie, nom d’un muscle qui prend ses attaches dans toute la fosse sus-épineuse de l’omoplate, & se termine à la facette supérieure de la grosse tubérosité de l’humerus.

SUSERAIN ou SUZERAIN, s. m. (Gramm. & Jurisp.) il faut porter cette affaire pardevant le juge suserain ; c’est-à-dire, le supérieur, le juge de ressort. Les seigneurs suserains sont les ducs, comtes & autres grands seigneurs. Ils peuvent être juges de ressort, & les appellations des juges des hauts justiciers, se relevent devant le juge, seigneur suserain, quand il a le droit de ressort. Si le seigneur suserain est un ancien pair de France, les appellations des sentences rendues par ses juges se relevent immédiatement au parlement ; s’il n’est pas pair, elles se relevent devant les baillis ou sénéchaux. Aujourd’hui on ne vérifie plus lettres de duché & pairie qu’à la charge du ressort ordinaire. Loyseau a observé que les mots de suserain & de suseraineté n’avoient été faits que pour désigner cette portion de la puissance publique & de la souveraineté qui a été usurpée par les particuliers, & que ces termes sont aussi étranges, que cette espece de seigneurie est absurde. Du Tillet dit que le droit de ressort est un droit de souveraineté ; c’est pourquoi les modernes, pour ôter l’équivoque, appellent suseraineté, le droit de ressort que quelques grands seigneurs du royaume, ont conservé : il faut avoir un titre pour cela. Dict. de Trév.

SUSES ou SUZES, (Géog. mod.) ville de Perse capitale du Kusistan, à 34 lieues au sud-ouest d’Ispahan, sur le Caron qui est le fleuve Eulée des anciens. Les Persans appellent cette ville Schousch & Schouschster. Ils tiennent par tradition qu’elle a été bâtie par Houdschenk, troisieme roi de Perse de la premiere race nommée des Pischdadiens. Les tables arabiques placent cette ville dans le troisieme climat. Elles lui donnent 84. 30 de longit. & 31. 30. de latit. septentrionale.

Quant à l’ancienne Suses, cette superbe ville autrefois la résidence des rois de Perse en hiver, voyez l’article Susa. (D. J.)

SUSIANE, (Géog. anc.) les Grecs écrivent tantôt Susiana, tantôt Suris ; c’est une contrée de la Perse ; elle prenoit son nom de la ville de Suses sa capitale. Cette contrée avoit pour bornes l’Assyrie au septentrion, à l’orient l’Elymaïde, dont elle étoit séparée par le fleuve Eulée, au midi le golfe Persique, & le tigre au couchant. Ptolomée, liv. VI. ch. iij. lui donne une plus grande étendue ; car il y comprend l’Elymaïde, & il lui donne le fleuve Oroatis pour borne du côté de l’orient. Strabon distingue les Elyméens des Susiens ; & Pline dit positivement que le fleuve Eulée faisoit la séparation entre la Susiane & l’Elymaïde. Le nom moderne de la Susiane est Khus, ou le Khusistan. (D. J.)

SUSIDÆ-PYLÆ, (Géog. anc.) fameux détroit des montagnes, entre la Perside propre & la Susiane, & qui a pris quelquefois le nom de l’une de ces contrées, quelquefois de l’autre. Ce détroit, ou pas de montagnes, est appellé Susidæ-Pilæ par Quinte-Cur. se, l. V. c. iij. & Rupes-Susiades, Σουσιάδαι Πέτραι, par Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxviij. comme il se trouve au-delà du Pasitigris, il étoit dans la Perse