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intervalles. Les tons différoient, comme aujourd’hui, par leur corde fondamentale : c’est dans le premier sens qu’il faut entendre le mode syntonolydien dont parle Platon. (S)

SYNTHRONE, (Littérature.) terme qui veut dire participant au même rang, au même trône ; c’est un surnom dont l’empereur Adrien honora son cher Antinoüs, lorsqu’il le mit au rang des dieux. (D. J.)

SYNUSIASTES, s. m. pl. (Hist. ecclésias.) secte d’hérétiques, soutenant qu’il n’y avoit dans Jesus-Christ qu’une seule nature & une seule substance. Ce mot est formé du grec σὺν, avec, & οὐσία, substance.

Les Synusiastes nioient que le verbe eût pris un corps dans le sein de la Vierge, mais ils prétendoient qu’une partie du verbe divin s’étant détachée du reste, s’y étoit changée en chair & en sang : par conséquent ils croyoient que Jesus-Christ étoit consubstantiel au Pere, non-seulement par rapport à sa divinité, mais aussi par rapport à son humanité, & à son corps humain.

SYPA, (Géog. anc.) fleuve de l’Inde, au-delà du Gange. Son embouchure est marquée par Ptolomée, l. VII. c. ij. sur la côte du golfe Sabaracus, au pays des Bysingetes anthropophages, entre Babysinga & Beraba. Ce fleuve est appellé Besinge dans le manuscrit de la bibliotheque palatine. (D. J.)

SYPHILIS, s. m. (Maladies.) est un terme employé par certains auteurs pour exprimer la vérole. Voyez Vérole. Quelques-uns le dérivent du grec σὺν, avec, & φιλία, amour ou amitié, parce que cette maladie provient d’un commerce amoureux avec une personne infectée. D’autres le font venir du nom d’un berger ainsi appellé, & qui étoit violemment attaqué de cette maladie. Quoi qu’il en soit, plusieurs auteurs distingués emploient le mot de syphilis, & en particulier Fracastor, célebre médecin italien, qui l’a mis pour titre à un beau poëme qu’il a écrit sur la vérole.

SYPHON, s. m. en Hydraulique, est un tube recourbé, dont une jambe ou branche est ordinairement plus longue que l’autre, & dont on se sert pour faire monter les liqueurs, pour vuider les vases, & pour différentes expériences hydrostatiques.

Ce terme qui tire son origine du grec, signifie tuyau, tube ; c’est pourquoi on l’applique quelquefois aux tuyaux ou tubes ordinaires.

Le syphon le plus ordinaire est celui dont voici la description. On prend un tube recourbé ABC, (Pl. hydraulique, fig. 2.) dont la longueur & l’angle soit telle, que quand l’orifice A est posé sur un plan horisontal, la hauteur DB n’excede pas 30 piés. Pour l’usage ordinaire il suffit qu’il ait un pié & demi ; alors si on trempe la branche la plus courte dans l’eau ou dans tout autre liquide, & que l’on suce l’air par l’ouverture C, jusqu’à ce que la liqueur monte par A, la liqueur continuera de couler hors du vase par le tuyau BC, tant que l’ouverture A se trouvera sous la surface de la liqueur.

Remarquez que la même chose arrivera, si au lieu de sucer l’air, on remplit d’abord le syphon de quelque fluide, & que l’on bouche avec le doigt l’ouverture C, jusqu’à ce que l’ouverture A soit plongée dans le vase.

Ce phénomene est confirmé par quantité d’expériences ; la raison n’en est pas difficile à trouver, du moins en partie. En suçant, l’air qui est dans le tube est raréfié, & l’équilibre est détruit ; par conséquent, il faut que l’eau monte dans la branche la plus courte AB, à cause de la pression prépondérante de l’atmosphere. Le syphon étant rempli, l’atmosphere presse également sur chacune de ses extrémités, de façon qu’elle pourroit soutenir une quantité égale d’eau dans chaque branche ; mais l’air qui pese sur

l’orifice de la seconde branche, c’est-à-dire sur la branche la plus longue, ayant un plus grand poids d’eau à soutenir que l’air qui pese sur l’orifice de la branche la plus courte ; ce dernier air sera donc prépondérant ; il fera donc monter de nouvelle eau dans la branche la plus courte ; mais cette eau nouvelle ne sauroit monter, qu’elle ne chasse devant elle celle qui y étoit auparavant ; au moyen de quoi l’eau est continuellement chassée dans la branche la plus longue, à proportion qu’il en monte toujours dans la branche la plus courte.

L’air qui tend à rentrer dans la plus longue branche, a dans cette tendance ou action toute la force du poids de l’atmosphere, moins celle de la colonne d’eau contenue dans cette branche : d’un autre côté, l’air qui tend à entrer dans la plus courte branche a dans cette action toute la force du poids de l’athmosphere, moins celle de la colonne d’eau contenue dans cette branche. Ainsi voilà deux forces égales en elles-mêmes, mais affoiblies toutes deux par les circonstances, & qui agissent l’une contre l’autre. Si elles sont également affoiblies, c’est-à-dire, si les deux branches du syphon sont de la même longueur, il y aura équilibre ; & par conséquent dès qu’on aura cessé de sucer, l’eau cessera de monter dans la premiere branche, & de sortir par la seconde. A plus forte raison cet effet arrivera-t-il, si la seconde branche est la plus courte ; & par la raison contraire, l’eau continuera de sortir par la seconde branche, si elle est la plus longue, comme elle l’est toujours dans les syphons, qui ne sont destinés qu’à un usage. La pesanteur de l’air est donc la cause de l’effet des syphons, & aucun physicien ne le conteste. Aussi les syphons mis en mouvement dans l’air libre, rendent-ils l’eau plus lentement dans la machine pneumatique, à mesure qu’on en pompe l’air, & enfin s’arrêtent tout-à-fait quand l’air est pompé, autant qu’il peut l’être. Si on les remet à l’air libre, ils ne recommencent point de couler à-moins qu’on ne les suce de nouveau ; & il est évident que cela doit être ainsi, puisqu’ils sont dans le même cas que s’ils n’avoient jamais coulé.

Quelques-uns prétendent qu’il reste toujours assez d’air dans un récipient épuisé d’air pour faire monter l’eau à un pouce ou deux : mais comme on trouve que le mercure & l’eau tombent tout-à-fait hors du tube de Torricelli dans le vuide, il s’ensuit que la pression de l’air qui reste dans le récipient, ne peut jamais faire monter le mercure ni l’eau, dans la branche la plus courte du syphon.

Comme la hauteur du syphon est limitée à 32 piés, par la seule raison que l’air ne peut pas faire monter l’eau plus haut ; on peut juger par-là de la proposition de Heron, de transporter l’eau au moyen d’un syphon, par dessus le sommet des montagnes jusque dans les vallées opposées. Car Heron ne prescrit rien autre chose que de boucher les ouvertures du syphon, & de verser l’eau avec un entonnoir dans l’angle ou à la rencontre des branches, jusqu’à ce que le syphon soit plein ; ensuite bouchant le trou qui est à l’angle, & ouvrant les deux autres, l’eau coulera continuellement à ce qu’il prétend.

On doit remarquer que la figure du syphon peut être variée à volonté (voyez figure 3. &c.) pourvu seulement que l’orifice C soit plus bas que le niveau de la surface de l’eau qu’on veut y faire monter : mais que plus il en est éloigné, plus le fluide sortira promptement. Et si dans le cours de l’écoulement, on tire l’orifice A hors du fluide, toute la liqueur qui est dans le syphon sortira par l’orifice inférieur C : celle qui est dans la branche BC, entraînant pour ainsi dire, après elle celle qui est dans la branche la plus courte AB.

Enfin, il faut observer que l’eau coulera, quand