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laquelle on lui assigne plutôt telle place que telle autre ; les choses ainsi disposées, il ne s’agit plus que d’expliquer les propositions qui auront été simplement indiquées ; ce qui pourra se faire, ou par un discours suivi, ou par des propositions séparées, suivant la méthode des mathématiciens.

Cet article, qui nous a été donné par M. Formey, est tiré de l’introduction à la philosophie de M. S’Gravesande, lib. part. II. ch. xxxvj.

Synthèse, s. f. (Grammaire.) c’est une figure de construction que les Grammairiens appellent encore & même plus communément syllepse : mais comme il y a un trope particulier qui a déja le nom de syllepse, & qu’il peut être nuisible à la clarté de l’enseignement de désigner par le même nom des objets totalement différens, ainsi que je l’ai déja remarqué sous ce mot ; je donne uniquement le nom de synthèse à la figure dont il est ici question.

« Elle sert, dit M. du Marsais, (Figure) lorsqu’au-lieu de construire les mots selon les regles ordinaires du nombre, des genres, des cas, on en fait la construction relativement à la pensée que l’on a dans l’esprit ; en un mot… lorsqu’on fait la construction selon le sens, & non pas selon les mots ».

1°. Les Grammairiens ne reconnoissent la synthèse que dans le genre, ou dans le nombre, ou dans tous les deux : dans le genre, comme daret ut catenis fatale monstrum, quæ generosiùs perire quærens, &c. Hor. dans le nombre, comme missi, magnis de rebus uterque, legati : id. enfin dans le genre & dans le nombre tout-à-la-fois, comme par in carcerem acti, pars bestiis objecti. (Sall.) Mais aucun d’eux n’a parlé de synthèse dans les cas, & aucun n’auroit pu assurément en trouver d’exemples en quelque bon auteur que ce fût. C’est donc par inadvertance que M. du Marsais a compris le cas dans la définition qu’il donne ici de cette figure.

2°. Il me semble que ce grammairien ayant assigné avec tant de justesse & de vérité la différence qu’il y a entre construction & syntaxe (voyez Construction), il auroit dû regarder la synthèse comme une figure de syntaxe plutôt que comme une figure de construction ; puisque c’est, de son propre aveu, la loi de concordance qui est violée ici dans les mots, quoiqu’elle subsiste encore dans le sens. Or la concordance est l’un des objets de la syntaxe, & la construction en est un autre.

3°. Ce n’est au reste que relativement à la maniere dont ce philosophe a envisagé la synthèse, que je dis qu’il auroit dû en faire une figure de syntaxe : car, par rapport à moi, c’est une véritable figure de construction, puisque je suis persuadé que ce n’est qu’une sorte d’ellipse. Les Grammairiens eux-mêmes semblent en convenir, quand ils disent qu’on y fait la construction selon le sens, & non pas selon les mots : cela veut dire que le corrélatif discordant en apparence, si l’on n’envisage que les mots exprimés, est dans une exacte concordance avec un autre mot non-exprimé, mais indiqué par le sens. Reprenons en effet les exemples de synthèse cités plus haut ; & l’on va voir que par de simples supplémens d’ellipse ils vont rentrer dans les regles, & de la construction analytique & de la syntaxe usuelle. La premiere se réduit à ceci, daret ut catenis Cleopatram, fatale monstrum, quæ, &c. on voit que fatale monstrum est ajouté à l’idée de Cleopatram, qui étoit tout-à-la-fois sousentendu & désigné par le genre de quæ qui rentre par-là dans les vûes de la concordance. Le second exemple se construit ainsi, missi legati, & uterque legatus missus de magnis rebus, cela est évident & satisfaisant. Enfin quand Salluste a écrit, pars in carcerem acti, pars bestiis objecti, c’est comme s’il avoit dit : divisi sunt in duas partes ; ii, qui sunt prima pars, in carcerem

acti sunt ; ii, qui sunt altera pars, bestiis objecti.

Il n’y a qu’à voir la maniere dont les exemples de cette figure sont expliqués dans la méthode latine de P. R. (des fig. de constr. ch. iv.) & l’on ne pourra plus douter que, quoique l’auteur ne songeât pas explicitement à l’ellipse, il en suivît néanmoins les indications, & en envisageât les supplémens peut-être même à son insu. Or il est constant que, si l’on peut par l’ellipse rendre raison de toutes les phrases que l’on rapporte à la synthèse, il est inutile d’imaginer une autre figure ; & je ne sais même s’il pourroit réellement être autorisé par aucun usage, de violer en aucune maniere la loi de la concordance. Voyez Identité.

Je ne veux pas dire néanmoins qu’on ne puisse distinguer cette espece d’ellipse d’avec les autres par un nom particulier : & dans ce cas, celui de synthèse s’y accommode avec tant de justesse, qu’il pourroit bien servir encore à prouver ce que je pense de la chose même. Σύνθεσις, compositio ; RR. σὺν, cùm, & τίθημι, pono : comme si l’on vouloit dire, positio vocis alicujus subintellectæ cum voce expressâ ; ce qui est bien le cas de l’ellipse. Mais au fond un seul nom suffit à un seul principe ; & l’on n’a imaginé différens noms, que parce qu’on a cru voir des principes différens. Nous retrouvons la chaîne qui les unit, & qui les réduit à un seul ; gardons-nous bien de les séparer. Si nous connoissons jamais les vérités, nous n’en connoîtrons qu’une. (E. R. M. B.)

Synthèse, en Chirurgie, est un terme générique qui comprend toute opération, par laquelle on réunit les parties qui ont été séparées, comme dans les fractures, les plaies, par le moyen des sutures, &c. Voyez Plaie réunie, Suture, Fracture. (Y)

Synthèse, s. f. synthesis, (Usages des Romains.) espece de robe ample que prenoient les Romains au sortir du bain avant que de se mettre à table. C’étoit un habillement commode pour être à leur aise sur leurs lits : il différoit du pallium des Grecs, étoit léger, flottant, & ne tenoit presque à rien, comme il paroît par les marbres antiques. Juvenal en parle, sat. ij. vers. 283. & Martial, l. XXXIV. épigr. 141. nous apprend que de son tems il y avoit des personnes qui, par un air de luxe & de magnificence, en changeoient plusieurs fois pendant le festin. La couleur de la synthèse étoit blanche, & du-moins jamais noire, pas même dans le repas qu’on donnoit aux funérailles. (D. J.)

SYNTHÉTIQUE, adj. (Géom.) qui a rapport à la synthèse, méthode synthétique. Voyez Synthèse.

SYNTHÉTISME, s. m. (Chirurgie.) terme usité en Chirurgie par quelques auteurs, pour comprendre sous un seul mot les quatre opérations nécessaires pour remettre une fracture, qui sont l’extension, la coaptation, la remise & le bandage. (D. J.)

SYNTONIQUE, adj. en Musique, c’est l’épithete, par laquelle Aristoxeme distingue l’une des deux especes du genre diatonique, dont il donne l’explication. C’est le diatonique ordinaire, dont le tétracorde est divisé en un semi-ton & deux tons égaux : au-lieu que dans le diatonique mol, après le semi-ton, le premier intervalle est de trois quarts de ton, & le second de cinq. Voyez Genres, Tétracorde, &c.

Syntonolydien est aussi le nom d’un des modes de l’ancienne Musique. Platon dit que les modes mixolydien & syntonolydien sont propres aux larmes.

On voit dans le premier livre d’Aristide Quintilien une explication de divers modes de l’ancienne Muque, qu’il ne faut pas confondre avec les tons qui portent les mêmes noms, & dont j’ai parlé sous le mot Mode, pour me conformer à l’usage moderne, introduit très-mal-à-propos par Glarean. Les modes étoient des manieres différentes de varier l’ordre des