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cupe beaucoup de place, & est extrèmement incommode.

TAPISSIER, s. m. marchand qui vend, qui fait ou qui tend des tapisseries & des meubles. Voyez Tapisserie.

La communauté des marchands Tapissiers est très ancienne à Paris ; elle étoit autrefois partagée en deux ; l’une sous le nom de maitres-marchands Tapissiers de haute-lisse, sarazinois & rentrayure ; l’autre sous celui de courtepointiers, neustrés & coustiers.

La grande ressemblance de ces deux corps pour leur commerce donnant occasion à de fréquens différens entr’eux, la jonction & l’union en fut ordonnée par arrêt du Parlement du 11 Novembre 1621 ; & par trois autres des 3 Juillet 1627, 7 Décembre 1629, & 27 Mars 1630, il fut enjoint aux maîtres des deux communautés de s’assembler pour dresser de nouveaux Statuts, & les compiler de ceux des deux corps ; ce qui ayant été fait, les nouveaux statuts furent approuvés le 25 Juin 1636 par le lieutenant civil du châtelet de Paris, sur l’approbation duquel le roi Louis XIII. donna ses lettres patentes de confirmation au mois de Juillet suivant, qui furent enregistrées en parlement le 23 Août de la même année.

Ces nouveaux articles sont rédigés en cinquante-huit articles : le premier permet aux maîtres d’avoir deux apprentis, qu’ils ne doivent prendre toutefois qu’à trois ans l’un de l’autre, à la charge de les engager au moins pour six ans. Ce grand nombre d’apprentis étant devenu à charge à la communauté, & les maîtres ayant délibéré dans une assemblée générale sur les moyens de remédier à ce désordre, leurs délibérations présentées au lieutenant de police ; il fut reglé par jugement du 19 Septembre 1670, qu’à l’avenir les maîtres ne pourroient engager qu’un seul apprenti, & non à moins de six ans.

Le dix-septieme parle de la réception des apprentis à la maîtrise, après avoir servi outre leur apprentissage, trois ans de compagnons chez les maîtres, & après avoir fait chef-d’œuvre.

Le xxxij. & les suivans jusqu’au xlviij. inclusivement, reglent la largeur, longueur, maniere & tissures des coutils, dont le commerce est permis aux maîtres Tapissiers.

Dans le xlviij. jusqu’au lij. inclusivement, il est pareillement établi les qualités, longueurs & largeurs des mantes ou couvertures de laine, dont le négoce est aussi accordé ausdits maîtres.

Le lvj. traite de l’élection des maîtres, de la confrérie le lendemain de la S. Louis, & de celle des jurés le lendemain de la S. François. Les jurés doivent être au nombre de quatre ; un de haute-lisse sarazinois, deux courtepointiers & un neustré. Deux des quatre jurés sortent chaque année, ensorte qu’ils sont tous deux années de suite en charge. Ils sont obligés de faire leurs visites tous les deux mois.

Les autres articles sont de discipline, & marquent les marchandises que les maîtres Tapissiers peuvent vendre, & les ouvrages qu’ils peuvent faire.

Tapissier lainier ; on appelle ainsi l’ouvrier, qui dans les manufactures où l’on fabrique les tapisseries de tonture de laine, applique cette laine réduite en poussiere sur les parties de l’ouvrage du peintre à mesure qu’il le peint, & avant que la peinture soit tout-à-fait séche. Voyez Tonture.

Tapissier en papier. C’est une des qualités que prennent à Paris les dominotiers-imagers, c’est-à-dire ces sortes de papetiers-imprimeurs qui font le papier-marbré, ou qui en mettent en diverses autres couleurs. On les appelle Tapissiers, parce qu’en effet, ils gravent, impriment & vendent des feuilles de papier, où sont représentés par parties différens desseins, dont on compose, en les réunissant & les col-

lant ensemble, des tapisseries rehaussées de couleurs

qui font un effet très-agréable. Voyez Dominotier & Gravure en Bois.

TAPISSIERE ABEILLE, (Hist. nat. des Insect.) la tapisserie dont elle décore son appartement est d’un rouge vif ; elle se sert de feuilles de coquelicot. Cette abeille est plus velue que les autres mouches à miel ; elle construit son nid le long des grands chemins & dans les sentiers qui sont voisins des blés. (D. J.)

TAPITI, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) c’est une espece d’agouti particuliere au Brésil ; il est de la grandeur d’un cochon de lait d’un mois ; il a le pié fourchu, la queue très-courte, le museau & les oreilles d’un liévre ; sa chair est excellente à manger.

TAPON, voyez Tampon.

TAPOSIRIS, (Géog. anc.) 1°. ville d’Egypte, à une journée au couchant d’Aléxandrie, selon Strabon, liv. XVII. p. 799.

2°. Ville d’Egypte, un peu au-delà de la précédente, selon Strabon : mais il est le seul des anciens qui mette deux villes de Caposiris, à l’occident d’Aléxandrie. Tous les autres géographes n’en marquent qu’une dans ce quartier-là ; de sorte qu’on ne sait à laquelle des deux villes on doit rapporter ce qu’ils disent de Taposiris, dont ils n’écrivent pas même le nom de la même maniere. Plutarque, in Osiride, aussi-bien que Procope, Ædit. liv. VI. c. j. écrivent Taphosiris. Ce dernier, après avoir remarqué que la côte qui s’étend depuis la frontiere d’Aléxandrie jusqu’à Cyrene, ville du pays de Pentapole, a retenu le nom général d’Afrique, dit, il y a dans cette côte une ville appellée Taphosiris, à une journée d’Alexandrie, & où l’on dit qu’Osiris, dieu des Egyptiens, est entré. Justinien a fait bâtir dans cette ville un bain public, & des palais pour loger les magistrats. (D. J.)

TAPOUYTAPERE, (Géog. mod.) c’est-à-dire demeure des Tapuys ; contrée de l’Amérique méridionale au Brésil, dans la capitainerie de Para ; elle fait une partie du continent, & n’en est séparée que par un canal, qui va jusque dans la baie de Marannan. (D. J.)

TAPROBANE, (Géogr. anc.) Taprobana ou Taprobane, île célébre que Ptolomée, liv. VII. ch. iv. marque à l’opposite du promontoire de l’Inde appellé Cory, entre les golfes Colchique & Argarique.

Les anciens ; savoir, Pomponius-Mela, Strabon, Pline & Ptolomée, ont donné des descriptions si peu ressemblantes de Taprobane, que plusieurs habiles gens ont douté, si l’île de Taprobane de Pline étoit la même que celle de Ptolomée : & comme la plûpart se sont accordés à dire, que l’ancienne Taprobane, étoit l’île de Ceylan d’aujourd’hui, il s’est trouvé des auteurs de nom, qui, voyant que tout ce qu’on disoit de cette ancienne île ne convenoit pas à l’île de Ceylan, ont été la chercher dans l’île de Sumatra. De ce nombre sont Orose, Mercator, Jule Scaliger, Rhamusio & Stukius ; mais il n’est guere probable que les Romains ni les habitans d’Alexandrie, ayent navigé jusqu’à Sumatra ; c’est en partie ce qui a obligé Saumaise, Samuel Bochart, Cluvier & Isaac Vossius, à prendre l’île de Ceylan pour l’île de Taprobane. En effet, tout ce que dit Ptolomée de l’île de Taprobane, convient assez à l’île de Ceylan, pourvû que l’on convienne que la description qu’il donne doit l’emporter sur celle de Pline, & qu’il s’est trompé en la faisant trop grande, en la plaçant trop au midi, & en l’avançant jusqu’au-delà de l’équateur. Cependant les difficultés qui se trouvent à concilier toutes ces différentes opinions, ont porté M. Cassini à placer l’île de Taprobane dans un autre endroit ; & voici le système qu’il a imaginé.

La situation de l’île de Taprobane, suivant Ptolomée, au septieme livre de sa géographie, étoit vis-