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Terrasse, terme de Tireur d’or, c’est une espece de vaisseau, fait en forme de cuvette un peu longue, formé de brique ou de pavé de grais, avec de hauts rebords, dans lequel ces ouvriers font chauffer le gros fil d’argent qu’ils veulent dorer, avant de le passer aux filieres. Savary. (D. J.)

Terrasse de bâtiment, (Archit.) c’est la couverture d’un bâtiment, en plate-forme. On la fait de plomb, ou de dales de pierre. Telles sont les terrasses du péristile du Louvre & de l’observatoire. Celle-ci est pavée de pierres à fusil, à bain de mortier de ciment & de chaux. (D. J.)

Terrasse de marbre, (Archit.) c’est un tendre, c’est-à-dire un défaut dans les marbres, qu’on appelle bouzin dans les pierres. On corrige ce défaut avec de petits éclats, & de la poudre du même marbre, mêlée avec du mastic de pareille couleur. (D. J.)

TERRASSÉ, en terme de Blason, se dit de la pointe de l’écu faite en forme de champ plein d’herbes.

TERRASSEUR, s. m. (Maçonnerie.) nom qu’on donne à des gens qui travaillent à hourder des planchers & des cloisons. Dans les pays où la pierre & le plâtre sont rares, on voit plus de terrasseurs que de plâtriers & de maçons, parce que toutes les maisons y sont de colombage, hourdées avec de la terre jaune. On ne dit guere terrasser en ce sens, mais hourder ; & au contraire on ne dit point hourdeur, mais terrasseur. (D. J.)

TERRASSIER, s. m. (Jardin.) c’est la qualité d’un ouvrier qui entreprend de faire des terrasses, & celle de ceux qui travaillent sous lui à la tâche ou à la journée. Un maître terrassier doit savoir tirer des nivaux, & jalonner juste, afin que sur le plan qu’on lui donne à exécuter, toutes les proportions soient bien prises. Il doit encore avoir quelque légere teinture du dessein, parce que souvent il se trouve obligé de tracer sur terre certains compartimens où il n’est pas nécessaire d’appeller un traceur. (D. J.)

TERRE, en Géographie & en Physique, se dit principalement de ce globe que nous habitons ; sur quoi voyez l’article Figure de la terre.

On convient généralement que le globe de la terre a deux mouvemens ; l’un diurne par lequel il tourne autour de son axe, dont la période est de 24 heures, & qui forme le jour ou le nychtemeron.

L’autre annuel & autour du soleil se fait dans une orbite elliptique, durant l’espace de 365 jours 6 heures, ou plutôt 365 jours 5 heures 49 min. qui forment l’année. Voyez Axe.

C’est du premier mouvement, qu’on déduit la diversité de la nuit & du jour, voyez Nuit & Jour, & c’est par le dernier qu’on rend raison de la vicissitude des saisons, &c. Voyez Saison, Printems, Eté, Hiver, &c.

On distingue dans la terre trois parties ou régions ; savoir, 1°. la partie extérieure, c’est celle qui produit les végétaux, dont les animaux se nourrissent. 2°. La partie du milieu ou la partie intermédiaire qui est remplie par les fossiles, lesquels s’étendent plus loin que le travail de l’homme ait jamais pû pénétrer. 3°. La partie intérieure ou centrale qui nous est inconnue ; quoique bien des auteurs la supposent d’une nature magnétique, que d’autres la regardent comme une masse ou sphere de feu ; d’autres comme un abîme ou amas d’eau, surmonté par des couches de terre ; & d’autres enfin, comme un espace creux & vuide, habité par des animaux qui ont, selon eux leur soleil, leur lune, leur plante, & toutes les autres choses qui leur seroient nécessaires pour leur subsistance.

Il y en a aussi qui divisent le corps du globe en deux parties, la partie extérieure qu’ils appellent écorce, & qui renferme toute l’épaisseur des couches solides, & l’intérieure qu’ils appellent noyau, qui

est d’une nature différente de la premiere, & qui est remplie, suivant leur sentiment, par du feu, de l’eau ou quelqu’autre matiere que nous ne connoissons point.

La partie extérieure du globe, ou bien nous présente des inégalités, comme des montagnes & des vallées, ou est plane & de niveau, ou creusée en canaux, en fentes, en lits, &c. pour servir aux mers, aux rivieres, aux lacs, &c. Voyez Riviere, Lac, Océan , &c.

La plûpart des physiciens supposent, que ces inégalités sont provenues d’une rupture ou bouleversement des parties de la terre, laquelle a eu pour cause des feux ou des eaux souterraines.

Burnet, Stenon, Woodward, Whiston & d’autres supposent, que dans son origine & dans son état naturel, la terre a été parfaitement ronde, unie & égale ; & c’est principalement du déluge qu’ils tirent l’explication de la forme inégale & irréguliere que nous lui voyons ; sur quoi Voyez Déluge, Tremblement de terre, &c.

On trouve dans la partie extérieure de la terre différens lits qu’on suppose être des sédimens dont les eaux de differens déluges étoient chargées, c’est-à-dire des matieres de differentes especes qu’elles ont déposées, en se séchant ou en formant des marais. On croit aussi qu’avec le tems, ces differentes matieres se sont durcies en differens lits de pierre, de charbon, d’argile, de sable, &c.

Le dr. Woodward a examiné avec beaucoup d’attention ces differens lits, leur ordre, leur nombre, leur situation par rapport à l’horison, leur épaisseur, leurs intersections, leurs fentes, leur couleur, leur consistence, &c. & il a attribué l’origine de leur formation au grand déluge. Il suppose que dans cette terrible révolution, les corps terrestres furent dissous & se confondirent avec les eaux, & qu’ils y furent soutenus de façon à ne former avec elles qu’une masse commune. Cette masse des particules terrestres ayant donc été mêlée avec l’eau, se précipita ensuite au fond, selon cet auteur, & cela suivant les lois de la gravité, les parties plus pesantes s’enfonçant les premieres, puis de plus légeres, & ainsi de suite. Il ajoute que les differens lits dont la terre est composée se formerent par ce moyen, & qu’ayant acquis peu-à-peu de la solidité & de la dureté, ils ont subsisté depuis en cet état. Il prétend enfin, que ces sédimens ont été paralleles, puis concentriques, & que la surface de la terre qui en étoit formée étoit parfaitement unie & réguliere, mais que les tremblemens de terre, les éruptions des volcans, &c. y ayant produit peu-à-peu divers changemens, l’ordre & la régularité des couches se sont alterées ; de sorte que la surface de la terre a pris la forme irréguliere que nous lui voyons à présent. Tout cela, comme l’on voit, est purement hypothétique & conjectural. Voyez à ce sujet, le premier article de l’hist. nat. de M. de Buffon.

Terre, en Astronomie ; c’est, suivant le système de Copernic, l’une des planetes qu’on appelle premieres. Voici le caractere par laquelle on la désigne ♁. Voyez Planete.

Dans l’hypothèse de Ptolomée, la terre est le centre du système. Voyez Système.

Le grand point qui distingue le système de Ptolomée & celui de Copernic, c’est que le premier de ces auteurs suppose la terre en repos, & que l’autre la fait mouvoir ; c’est-à-dire que l’un la met dans le centre, & fait tourner autour d’elle de l’orient à l’occident le soleil, les cieux & les étoiles ; au lieu que l’autre, supposant les cieux & les étoiles en repos, fait mouvoir la terre de l’occident à l’orient. Voyez Systeme de Copernic & de Ptolomée.

L’industrie des Astronomes de notre siecle a mis