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est nécessaire que la mort du testateur intervienne, parce que le testament n’a lieu que par la mort, n’ayant point de force tant que le testateur est en vie ; c’est pourquoi le premier même ne fut confirmé qu’avec le sang » &c. où l’on voit qu’il parle de l’alliance ancienne & de la nouvelle comme de deux Testamens, dans le sens d’une disposition de la derniere volonté d’une personne.

Dieu a fait plusieurs alliances avec les hommes, comme avec Adam, Noé, Abraham, mais on ne leur donne pas proprement le nom de testament. Voyez Alliance.

Ce titre s’applique plus particulierement aux deux alliances qu’il a faites avec les hommes par le ministere de Moïse & par la médiation de Jesus-Christ, la premiere se nomme l’ancienne alliance ou le vieux Testament ; l’autre se nomme la nouvelle alliance où le nouveau Testament. Mais comme dans l’un & dans l’autre les volontés de Dieu n’ont pu être connues aux hommes que par des révélations & des actes ou écrits qui les continssent pour être transmis à la postérité, chaque Testament a eu ses écrivains inspirés & ses prophetes. Voici le catalogue de leurs écrits, selon qu’ils sont reçus dans l’Eglise catholique.

Les livres de l’ancien Testament, au nombre de quarante-cinq, sont

La Génese. Les grands prophetes, savoir.
L’Exode. Isaïe.
Le Lévitique. Jérémie.
Les nombres. Baruch.
Le Deutéronome. Ezéchiel.
Josué. Daniel.
Les Juges. Les douze petits prophetes,
qui sont.
Ruth.
Les quatre livres des Rois. Osée.
Les deux livres des Paralypomenes. Joël.
Les deux livres d’Esdras. Amos.
Tobie. Abdias.
Judith. Jonas.
Esther. Michée.
Job. Nahum.
Les Pseaumes. Habacuc.
Les Proverbes. Sophonie.
Le Cantique des Cantiques. Aggée.
L’Ecclésiaste. Zacharie.
Le livre de la Sagesse. Malachie.
L’Eclésiastique. Les deux livres des Macchabées.

Les livres du nouveau Testament déclarés canoniques par le concile de Trente, aussi-bien que les précédens, sont au nombre de vingt-sept.

Les quatre Evangiles, savoir, Aux Colossiens.
S. Matthieu. I. & II. aux Thessaloniens.
S. Marc. I. & II. à Timothée.
S. Luc. A Tite.
S. Jean. A Philémon.
Les actes des Apôtres. Aux Hébreux.
Les épîtres de saint Paul,
savoir,
Les épîtres canoniques au
nombre de sept.
Aux Romains. I. de S. Jacques.
I. & II. aux Corinthiens. I. & II. de S. Pierre.
Aux Galates. I. II. & III. de S. Jean.
Aux Ephésiens. I. de S. Jude, apôtre.
Aux Philippiens. L’Apocalypse de S. Jean.

Nous avons traité de tous ces livres sous l’article de chacun, ou du-moins de ceux sur lesquels on forme quelque question tant soit peu importante. Nous avons aussi parlé des livres apocryphes, tant de l’ancien que du nouveau Testament, sous le mot Apocryphe. On peut d’ailleurs consulter sur ces matieres, pour en avoir une connoissance plus profonde & plus étendue, les deux ouvrages de M. Fa-

bricius intitulés : Codex pseudopigraphus veteris Testamenti, & Codex apocryphus novi Testamenti. Les préfaces

de dom Calmet sur chacun des livres-saints, & son dictionnaire de la Bible.

Testament des douze patriarches est un ouvrage apocryphe, composé en grec par quelque juif converti au premier ou au second siecle. Origene sur Josué, Hom. 1. témoigne qu’il avoit vu cet ouvrage, & qu’il y trouvoit quelque bon sens. M. Grabe conjecture que Tertullien l’a aussi connu. Il fut long-tems inconnu aux savans de l’Europe, & même aux Grecs ; & c’est aux Anglois que nous avons l’obligation de nous l’avoir procuré. Robert Grossetête, évêque de Lincoln, en ayant eu connoissance par le moyen de Jean de Basingesker, diacre de Légies, qui avoit étudié à Athènes, en fit venir un exemplaire en Angleterre, & le traduisit par le secours de maître Nicolas, grec de naissance & clerc de l’abbé de S. Alban vers l’an 1252 ; depuis il a été donné en grec par M. Grabe dans son spicilege des peres, & encore depuis par M. Fabricius dans ses apocryphes de l’ancien Testament. L’auteur y donne diverses particularités de la vie & de la mort des patriarches qu’il fait parler, & à qui il fait raconter & prédire ce qu’il juge à propos. Il parle de la ruine de Jérusalem, de la venue du Messie, de diverses actions de sa vie, & même des écrits des évangélistes d’une maniere qui ne peut convenir qu’à un chrétien, mais apparemment converti du Judaïsme, & encore rempli de divers préjugés de sa nation. Calmet, Dict. de la Bible, tome III. p. 551.

Il y a encore plusieurs autres Testamens apocryphes cités par les Orientaux, comme ceux d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Job, de Moïse & de Salomon. Lambecius parle d’un manuscrit grec, intitulé le Testament d’Abraham, mais c’est un ouvrage récent & fabuleux. Dans le catalogue des livres condamnes par le pape Gélase, on trouve le Testament de Job. S. Athanase & quelques anciens font mention du Testament de Moïse, composé par les hérétiques Séthiens. Enfin M. Gaulmin cite dans ses notes sur Psellus un manuscrit grec, qui a pour titre le Testament de Salomon, mauvais ouvrage de quelque grec moderne.

Testament, (Jurisprud.) est la déclaration que fait quelqu’un de ce qu’il veut être exécuté après sa mort.

L’usage des testamens est fort ancien, on l’a même fait remonter jusqu’au tems des premiers patriarches, & nous avons un recueil de leurs testamens, mais que les critiques ont justement regardé comme apocryphes.

Eusebe & après lui Cédrenus rapportent que Noé, suivant l’ordre de Dieu, fit son testament, par lequel il partagea la terre à ses trois fils ; qu’après avoir déclaré à ses enfans ce partage, il dressa un écrit qu’il scella & remit à Sem, lorsqu’il se sentit proche de sa fin.

Ainsi l’origine des testamens doit être rapportée au droit naturel des gens, & non au droit civil ; puisqu’ils se pratiquoient dès le tems que les hommes n’avoient encore d’autre loi que celle de la nature, on doit seulement rapporter au droit civil les formalités & les regles des testamens.

Il est certain, suivant les livres sacrés, que l’usage des testamens avoit lieu chez les Hébreux longtems avant la loi de Moïse.

En effet Abraham, avant qu’il eût un fils, se proposoit de faire son héritier le fils d’Eléazar son intendant. Ce même patriarche donna dans la suite tous ses biens à Isaac, & fit seulement des legs particuliers aux enfans de ses concubines. Il est aussi parlé de legs & d’hérédité dans le prophete Ezéchiel. Isaac donna sa bénédiction à Jacob, & lui laissa ses posses-