Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardé comme le fondateur. On rendoit dans cette ville un culte particulier à Diane Issorienne. Il y avoit une fontaine appellée Naias, & l’on comptoit cent cinquante stades de Teuthrone à l’extrémité du promontoire Tænarum. (D. J.)

TEUTOBURGENSIS SALTUS, (Géog. anc.) bois ou forêt de la Germanie, entre l’Ems & la Lippe, selon Tacite, annal. cap. l. Ce bois est fameux par la défaite des Romains sous Quintilius Varus, & par la victoire qu’y remporta Charlemagne sur les Saxons. Le nom moderne est Teuteberg, & c’est une forêt auprès de laquelle il y a encore aujourd’hui un lieu nommé Winfeldt, c’est-à-dire, le champ de la victoire.

Ce quartier s’étend l’espace de quatre cens pas en longueur, & de deux cens en largeur, jusque près de la forteresse de Falckenburg & de la petite ville de Horn, sur le chemin de Paderbon à Bylfeld & à Munster. Quelques-uns lui donnent une plus grande étendue, & y comprennent plusieurs montagnes & diverses forêts ; mais il est constant que Teutoburgensis Saltus est proprement ce qu’on nomme aujourd’hui la forêt de Dethmold, qui tire son nom de la ville de Dethmold, comme l’ancien Teutoburgensis Saltus tiroit le sien de Teutoburgum, qui est aujourd’hui Dethmold. (D. J.)

TEUTOBURGIUM, (Géogr. anc.) ville de la basse Pannonie, selon Ptolomée, qui, l. II. c. xvj. la place sur le Danube, entre Lugionum & Cornacum. Le nom de Teutoburgium semble dire que cette ville avoit été bâtie par les Teutons. (D. J.)

TEUTONIQUE, (Hist. mod.) ce qui regarde les Teutons, ancien peuple d’Allemagne qui habitoit les côtes le long de l’Océan germanique.

La langue teutonique ou le tudesque est l’ancien idiome de l’Allemagne, qui est mis au rang des meres-langues. Voyez Langue & Mere-langue.

La langue teutonique s’appelle aujourd’hui l’allemand, & on le distingue en haut & en bas allemand.

Le premier a deux dialectes considérables, savoir 1°. le scandien, le danois, ou peut-être le gothique ; de ce ressort sont les langues qu’on parle en Danemarck, en Norwege, en Suede, & en Ysland ; 2°. le saxon qui a pour dialectes les différens idiomes des Anglois, des Ecossois, des Frisons, & de ceux qui habitent le côté septentrional de l’Elbe. Voyez Anglois, &c.

Le bas allemand ou le flamand est la langue des Flamands, Brabansons, Hollandois & autres peuples des Pays-Bas. Voyez Flamand.

Teutonique, ordre, (Hist. des ordres milit. relig.) bientôt après l’établissement des Hospitaliers & des Templiers, un nouvel ordre naquit encore vers l’an 1190 en faveur des pauvres Allemands abandonnés dans la Palestine, & ce fut l’ordre des moines Teutoniques, qui devint après une milice de conquérans.

Des particuliers allemands fonderent cet ordre pendant le siege d’Acre, & Henri Valpot en ayant été nommé le chef, bâtit après la prise d’Acre, une église & un hôpital qui fut la premiere maison de l’ordre. Le pape Calixte III. en confirma l’institution en 1192, & accorda aux chevaliers tous les privileges dont jouissoient les Templiers & les Hospitaliers de saint Jean de Jérusalem ; mais à condition qu’ils seroient soumis aux patriarches, & qu’ils paieroient la dixme de tous leurs biens. L’habit de l’ordre étoit un manteau blanc chargé d’une croix noire.

Conrard duc de Suabe appella les freres Teutoniques en Prusse vers l’an 1230, pour soutenir les chevaliers de Dobrin qu’il avoit fondés, & leur assigna en pleine propriété tout le territoire de Culm.

Ils devinrent extrèmement puissans sous leur quatrieme grand-maître, Hermand de Salza ; ils conquirent la Prusse, y bâtirent les villes d’Elbing, de Marienbourg, de Thorn, de Dantzig, de Konisberg, &

quelques autres. Ils soumirent aussi la Livonie. Leur nom de freres se changea en celui de seigneurs, & comme tels Conrard Wallerod ayant été nommé grand-maître de l’ordre, se fit rendre les honneurs qu’on rendoit aux plus grands princes.

Quelque tems après la division s’étant mise dans l’ordre, les rois de Pologne en profiterent ; la Prusse se révolta, & Casimir IV. reçut les chevaliers à hommage. Enfin Albert, marquis de Brandebourg, grand-maître de cet ordre, quitta la religion romaine, renonça à sa dignité de grand-maître, soumit la Prusse, & en chassa le petit nombre de chevaliers qui ne voulurent pas imiter son exemple, & suivre sa profession de foi. Ceux-ci se retirerent à Mergentheim, ou Mariendal en Franconie, qui leur appartient encore.

C’est par cet évenement que l’ordre teutonique si riche & si puissant, qui a possédé en toute souveraineté la Prusse royale & la ducale, la Livonie, les duchés de Curlande & de Semigal, se trouve n’avoir présentement que quelques commanderies qui suffisent à peine à l’entretien du grand-maître & d’une poignée de chevaliers.

Vaisselius dit dans ses annales, que dans le tems que l’ordre teutonique jouissoit de sa splendeur, il avoit 28 commandeurs (& il a oublié dans ce nombre le grand hospitalier, le drapier & le trésorier) 46 commandeurs de châteaux, 81 hospitaliers, 35 maîtres de couvens, 65 celleriers, 40 maîtres d’hôtel, 35 proviseurs, 18 pannetiers, 39 maîtres de la pêche, 93 maîtres de moulins, 700 simples freres qui pouvoient aller en campagne, 162 prêtres ou freres de chœur, 6200 serviteurs.

Pierre de Dusbourg, prêtre de cet ordre, en a écrit toute l’histoire dans sa chronique de Prusse réimprimée par Hartknock avec des notes ; on peut consulter cet ouvrage. (Le chevalier de Jaucourt.)

TEUTONS, les, (Géog. anc.) Teutones, peuples de la Germanie anciennement alliés des Cimbres, & avec lesquels ils paroissent n’avoir fait pendant quelque tems qu’un même peuple. Leur nom se trouve dans la plûpart des auteurs anciens, quoique sur une différente ortographe, les uns écrivant Teutones, les autres Teutoni, Theutones, Thenoni ou Theotoni. L’origine de ce nom n’est pas certaine. Ils pouvoient l’avoir pris de celui de leur dieu Teut ou Theus, & que d’autres nomment Theutus ou Teutas, à moins qu’on ne dise qu’ils avoient eux-mêmes donné leur nom à leur dieu, comme ils le donnerent à toute la nation des Germains.

Ces peuples sont connus des anciens écrivains longtems avant que les Cimbres & les Teutons inondassent les provinces romaines ; mais ils sont connus sous un autre nom. On les appelloit Codani ou Godani, ce que prouvent les noms de Codani-sinus & de Codaniæ insulæ, où étoit la demeure des Teutons, comme l’a fait voir Spener dans sa notice de l’ancienne Germanie, l. V. c. ij.

Pithéas de Marseille est le premier qui fasse mention des Teutons, suivant le témoignage de Pline, l. XXXVII. c. ij. Pomponius Mela dit que les Teutons habitoient l’île Codanonia, que l’on prend assez communément pour l’île de Zélande dans la mer Baltique. Ptolomée, l. II. c. ij. place des teutonari entre les Saxons & les Sueves, & des teutones entre les Pharodeni & les Sueves ; mais M. Spener croit que ces Teutonari & ces Teutones sont le même peuple, ou que les Teutonari étoient une colonie des Teutons qui s’étoit établie dans le continent de la Germanie.

Quoi qu’il en soit, il est vraissemblable que les Teutons & les Cimbres, avant que d’entreprendre leur grande expédition que l’habileté de Marius fit avorter, envoyerent de fortes colonies dans le continent voisin des îles & du Chersonnèse cimbrique, où fut leur premiere demeure. On ne sait pas