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le tems de ces migrations ; on voit seulement dans les auteurs, que non seulement des corps d’armées de ces deux nations se répandoient en divers pays, mais qu’en quelque maniere des peuples entiers ayant avec eux leurs femmes & leurs enfans, se mettoient en campagne tous les printems, pilloient les contrées par où ils passoient, & s’arrêtoient l’hiver dans des camps.

Il ne faut pas demander après cela comment une armée qui couroit de pays en pays, pouvoit se soutenir & se perpétuer. Outre que des petits peuples pouvoient se joindre à eux pour partager la gloire & le butin, comme nous trouvons que les Ambrons, les Teugènes & les Tigurins s’y joignirent. Après qu’ils eurent été défaits par Marius, le débris de leur armée put retourner dans leur ancienne demeure : du moins voyons-nous que du tems de Ptolomée il y avoit encore des Teutons sur la côte septentrionale de la Germanie & du golfe Codanus ; mais dans la suite, si on s’en tient aux historiens romains, qui connoissent à peine le nom des Teutons, ces peuples ne firent plus de figure dans le monde. Il est à croire pourtant qu’ils se signalerent par la piraterie, & qu’ils s’associerent avec les Saxons & les Danois. Il y en a qui veulent que les Saxons & les Teutons fussent le même peuple, qui dans le moyen âge se fit encore connoitre sous des noms différens, comme ceux de Danois & des Normands. (D. J.)

TEUZAR, (Géog. mod.) & par M. de Lisle Touzera, ville d’Afrique, en Barbarie, dans le Bilédulgérid. Elle étoit autrefois considérable ; mais elle a été ruinée par les Mahométans, quand ils entrerent en Afrique. Les habitans subsistent du seul commerce des dattes. (D. J.)

TEWKSBURY, (Géog. mod.) petite ville d’Angleterre, en Glocester-Shire, au confluent de l’Avon & de la Saverne, à neuf milles au nord de Glocester. Elle fait un commerce considérable en manufactures de draps. Elle députe au parlement, & a droit de marché public. On croit que c’est la Theocicuria des anciens. Long. 15. 30. latit. 51. 48. (D. J.)

TEXALI & VENICONTES, (Géog. anc.) peuples de la grande Bretagne, selon Ptolomée, l. II. c. iij. On croit que le pays qu’ils habitoient, est aujourd’hui le Northumberland. On remarquoit dans ce pays un promontoire situé entre l’embouchure du Celnius & celle du Diva. Ce promontoire se nomme à présent Buckhamness. (D. J.)

TEXEL, isle de, (Géog. mod.) par les François Tessel, île des Pays-Bas, dans la Nord-Hollande, à l’embouchure du Zuiderzée. Cette île est petite, mais une des plus connues du monde par le grand nombre de navires qui entrent dans le Zuiderzée, ou qui en sortent. Elles a de puissantes digues & d’une grande hauteur. Son port est bon & vaste. Il y a une forteresse sur la côte méridionale, qui sert de défense à Amsterdam, dont elle est à dix-huit lieues. C’est au Texel que s’assemblent ordinairement les vaisseaux, afin d’attendre le vent, & partir de compagnie. Auprès de la forteresse il y a un gros bourg & six villages. (D. J.)

TEXOCTLI, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbor texoctlifera, mexicana, de Nieremberg ; c’est un arbre de grandeur modérée, qui croît sans culture aux lieux montagneux du Mexique. Il est garni d’une infinité de piquans & de feuilles pareilles à celles de nos pommiers, avec cette différence qu’elles sont plus rudes & dentelées. Les pommes qu’il donne, ressemblent aux nôtres, mais elles sont seulement de la grosseur d’une chataigne, jaunes & extrèmement dures, lorsqu’elles sont vertes. Elles deviennent très molles en murissant, & acquierent un goût désagréable qui ne laisse pas de plaire aux habitans. Chaque pomme contient trois semences semi-lunaires distin-

guées par deux angles & une côte, & aussi dures

qu’un caillou. Les Mexiquains laissent bien mûrir les pommes de cet arbre, après quoi ils les arrosent avec de l’eau de nitre pour les conserver. Ray, hist. plant. (D. J.)

TEXTE de l’Ecriture, (Théologie.) c’est ce qu’on lit dans l’Ecriture, ce que la suite des caracteres, soit manuscrits, soit imprimés, présente aux yeux dans les livres saints.

Ce mot se prend en différens sens ; 1°. pour le corps même de l’Ecriture, par opposition à la glose ou à l’explication, sans faire attention à la langue dans laquelle ce texte est écrit, si elle est originale, ou si c’est une simple version : par exemple, le texte porte que Dieu se fâcha, ou qu’il le repentit, & la glose avertit que cela doit s’entendre dans un sens figuré, comme s’il y avoit, Dieu agit comme s’il étoit en colere, &c.

2°. Le texte de l’Ecriture se met par opposition aux traductions qui en ont été faites. Aussi le texte hébreu de l’ancien Testament, & le texte grec du nouveau sont comme les sources d’où sont sorties toutes les traductions, & c’est à ces sources qu’il faut recourir pour bien connoître le sens de ces traductions.

Le texte original de tous les livres de l’ancien Testament qui sont reçus dans le canon des Juifs est l’hébreu ; mais l’Eglise chrétienne reçoit aussi comme canoniques certains autres livres de l’ancien Testament dont le grec passe pour l’original. Par exemple, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie, Judith, les Machabées, les chapitres xiij & xjv. de Daniel, les additions qui sont à la fin du livre d’Esther, & cette partie du chapitre iij. de Daniel, depuis le verset 24 jusqu’au 91. Tobie, Judith, l’Ecclésiastique, & apparemment le premier livre des Machabées ont été, à ce qu’on croit, originairement écrits en syriaque, ou en hébreu mêlé de chaldéen & de syriaque ; mais comme les originaux écrits en ces langues ne sont pas parvenus jusqu’à nous, le grec qui est la plus ancienne version est regardée comme l’original. On n’a aucune preuve certaine que la Sagesse & le second livre des Machabées ayent été primitivement écrits ni en syriaque ni en hébreu.

Le texte original des livres du nouveau Testament est le grec, quoiqu’il soit certain que S. Matthieu a écrit son Evangile en hébreu, que quelques-uns croyent que S. Marc a écrit le sien en latin, & que S. Paul a écrit son épître aux Romains en latin, & en hébreu celle qu’il a adressée aux Hébreux. Mais comme le texte hébreu original de S. Matthieu s’est perdu, & qu’on a de très-bonnes preuves que tous les autres livres du nouveau Testament ont été écrits en grec, le grec passe pour la langue originale de tout le nouveau Testament.

Pour le texte samaritain, voyez Samaritain & Pentateuque.

Quoiqu’on ne puisse soutenir que les textes originaux tant de l’ancien que du nouveau Testament soient entierement exempts de fautes, il faut toutefois convenir qu’ils sont parfaitement authentiques, & que les fautes que la longueur des siecles ou la négligence des copistes ont pu y faire glisser ne sont pas de telle conséquence qu’elles doivent les faire regarder comme des sources corrompues & des monumens sans autorité. Ces fautes ne sont pas en grand nombre, elles ne sont pas de grande importance, elles ne touchent pas au fond des choses. Ce sera, par exemple, quelque date, quelque nom propre, quelque nom de ville, ou chose pareille qui seront altérés ou changés ; défaut que l’on peut aisément corriger, ou par le moyen des anciens exemplaires manuscrits, ou par les anciennes versions faites avant que ces fautes fussent survenues dans le texte. Quelques anciens peres, comme S. Justin, Tertullien, Origenes, S. Chysostome ont accusé les Juifs d’avoir