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d’Angleterre, dans la province d’Yorck. Elle a droit de tenir marché & de députer au parlement. (D. J.)

THISBÉ, (Géog. anc.) ville de la Béotie, selon Pausanias, liv. IX. ch. xxxij. elle avoit pris son nom d’une nymphe qui s’appelloit ainsi.

THISOA, s. f. (Mythol.) une des trois nymphes qui éleverent Jupiter sur le mont Lycée en Arcadie. (D. J.)

THISRIN, prior, (Calend. syrien.) nom que les Syriens donnent au premier mois de l’année. Il a 31 jours. Le mois qui suit immédiatement, & qui a 30 jours, est appellé Thisrin posterior.

THIVA, (Géog. mod.) ville de la Livadie, bâtie sur une éminence, où étoit jadis l’ancienne Thèbes, capitale de la Béotie, cette ville fameuse par sa grandeur, par son ancienneté, par ses malheurs & par les exploits de ses héros. Voyez Thebæ, n°. 2.

Depuis qu’Alexandre eut détruit cette belle ville, elle n’a jamais pu se relever ; c’est sur ses ruines qu’on a bâti Thiva ou Thive. En y arrivant, dit M. Spon, nous passames un petit ruisseau qui coule le long des murailles ; & ce doit être la riviere d’Isménus, que d’autres, avec plus de raison, n’appellent qu’une fontaine ; mais Wheler n’est pas de ce sentiment. Selon lui, Thiva est entre deux petites rivieres, l’une au levant, qu’il regarde être l’Isménus, & l’autre au couchant, qu’il prend pour Dircé. Je ne comprens pas, poursuit-il, ce qui oblige M. Spon à être d’un autre sentiment, puisque Pausanias, après avoir décrit les côtés du nord & de l’est de la porte Prœtida vers la Chalcidie, recommence à la porte Neitis, &, après avoir remarqué quelques monumens qui y sont, passe cette riviere de Dircé, & va de-là au temple de Cabira & de Thespia, ce qui est au couchant de Thèbes. M. Spon ajoute que la riviere Isménus est hors de la ville à main droite de la porte Homoloïdes, & passe près d’une montagne appellée aussi Isménus ; tout cela ne répond à aucune chose qui soit au couchant.

La forteresse nommée Cadmie, dont les murailles & quelques tours quarrées qui y restent sont fort antiques ; cette forteresse, dis-je, est ovale ; & tout ce qui est renfermé dans les murailles est beaucoup mieux bâti, & plus élevé que ce que l’on bâtit aujourd’hui dans le pays. On croit que Thiva a une lieue & demie de tour, & qu’il y a trois ou quatre cens habitans. Les Turcs, qui en sont les maîtres & qui font la moindre partie, y ont deux mosquées ; & les Chrétiens y ont quelques églises, dont la cathédrale s’appelle Panagia-Chrysaphoritza.

On n’y voit rien de remarquable que quelques fragmens d’anciennes inscriptions parmi les carreaux du pavé. On trouve deux kans dans cette ville. Au-lieu de trois à quatre cens habitans, M. Spon en met, par une grande erreur, trois à quatre mille, en y comprenant les fauxbourgs, dont le plus grand, mais également dépeuplé, est celui de S. Théodore ; il y a une belle fontaine, qui vient d’un réservoir sur le chemin d’Athènes. C’est ce ruisseau que M. Spon prend pour le Dircé des anciens.

On voit vers le chemin de Négrepont le lieu d’où l’on tire la matiere dont on fait les pipes à fumer du tabac. Ceux qui jugent qu’il y a de cette matiere dans un endroit, en achetent le terroir du vayvode, & y font creuser à quinze ou vingt piés de profondeur, & de la largeur d’un puits ordinaire. Ensuite ils y font descendre des gens qui tirent une terre fort blanche qui s’y trouve ; elle est molle comme de la cire. On la travaille ou sur le lieu même, ou dans les boutiques avec un couteau, & on la façonne avec des fers pour en faire des bottes de pipes à la turque, c’est-à-dire sans manche, parce qu’on y ajoute de grands tuyaux de bois. Cette terre ainsi figurée s’endurcit à l’air, sans la faire cuire ; & avec le tems, elle devient

aussi dure que la pierre. La plus pesante est la meilleure, & la moins sujette à se casser. Les moindres se vendent cinq aspres la piece, & les plus belles neuf à dix.

La notice épiscopale de Nilus Doxapatrius appelle cette ville Thebæ græciæ, & en fait une province ecclésiastique, avec trois évêchés qu’elle ne nomme point. Il paroît, par la notice de l’empereur Andronic Paléologue le vieux, que Thèbes étoit une métropole sous le patriarchat de Constantinople, & que du cinquante-septieme rang, elle passa au soixante-neuvieme. Dans la même notice, elle est comptée parmi les villes qui avoient changé de nom, Bæotia, nunc Thebæ.

Thiva est dans la Livadie, & appartient aux Turcs qui y ont quelques mosquées ; les Grecs y ont un prêtre qui prend le titre d’évêque. Long. 41. 38. latit. suivant les observations de M. Vernon, 38. 22. (D. J.)

THIUS ou THEIUS, (Géog. anc.) riviere de l’Arcadie. Pausanias dit, l. VIII. c. xxxv. qu’en allant de Mégalopolis à Lacédémone le long de l’Alphée, on trouve au bout d’environ trente stades le fleuve Thius, qui se joint à l’Alphée du côté gauche. (D. J.)

THLASIS, s. f. (Médec. anc.) θλάσις ou θλάσμα, contusion, collision, espece de fracture des os plats qui consiste dans une contusion, & un enfoncement des fibres osseuses ; ce mot vient du verbe θλάω, je froisse. Θλάσις, dans Hippocrate & dans Galien, est toute contusion faite par un corps émoussé, & toute blessure produite par un instrument mousse qui a contus les parties. (D. J.)

THLASPI, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en croix, composé de quatre pétales : le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit plat, arrondi, bordé le plus souvent d’une aîle ou d’un feuillet, & échancré à sa partie supérieure ; ce fruit est divisé en deux loges par une cloison intermédiaire, dirigée obliquement relativement au plan des panneaux, & il renferme des semences le plus souvent applaties. Ajoutez aux caracteres de ce genre que ses feuilles sont simples, en quoi il differe de celui du cresson. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Des vingt & une especes de thlaspi de Tournefort, nous décrirons la plus ordinaire, thlaspi vulgatus I. R. H. 212. en anglois, the common treacle-mustard.

Sa racine est assez grosse, fibreuse, ligneuse, blanche, un peu âcre. Elle pousse des tiges à la hauteur d’environ un pié, rondes, velues, roides, rameuses, garnies de feuilles simples sans queue & sans découpure, longues comme le petit doigt, larges à leur base, s’étrécissant peu-à-peu en pointe, crenelées en leurs bords d’un verd-blanchâtre, d’un goût âcre & piquant. Ses fleurs sont petites, blanches, nombreuses, disposées comme celles de la bourse à berger, composées chacune de quatre pétales en croix, avec six étamines à sommets pointus.

A ces fleurs succedent des fruits ronds, ovales, applatis, bordés ordinairement d’une aîle ou feuillet plus étroits à leur base, plus larges & échancrés par le haut. Ils sont composés de deux panneaux séparés par une cloison mitoyenne, posée de travers, & divisés en deux loges ; elles contiennent des graines presque rondes, applaties, d’une couleur rouge obscure ; ces graines noircissent en vieillissant, & sont d’un goût âcre & brûlant, comme la moutarde.

Cette plante vient aux lieux incultes, rudes, pierreux, sablonneux, exposés au soleil & contre les murailles ; elle fleurit en Mai, & sa semence mûrit en Juin. On nous l’apporte du Languedoc & de la Provence, où elle croît supérieure à celle des autres