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stances, dont chacune de ces teintures tire son nom. On va donner à la suite de cet article, la description & les usages des teintures composées les plus usuelles.

Teinture d’absynthe composée (Pharmac. & Matiere médicale) ou quintessence d’absynthe. Prenez des feuilles seches de grande absynthe, un gros ; des feuilles seches de petite absynthe, trois gros ; de clous de girofle, deux gros ; de sucre candi, une dragme ; d’esprit-de-vin rectifié, quatre onces ; digérez pendant quinze jours à la chaleur du bain-marie : passez & gardez pour l’usage.

C’est un puissant stomachique & un vermifuge, qu’on peut donner à la dose d’une cuillerée à caffé dans une liqueur appropriée.

Teinture de gomme laque. Prenez gomme laque récemment séparée de ses bâtons, une once ; d’alun brûlé, un gros ; d’esprit ardent de cochlearia, deux onces ; digerez au bain de sable jusqu’à ce que votre liqueur soit d’un beau rouge foncé, décantez & gardez pour l’usage.

Cette teinture est un topique très-usité pour le relâchement & le saignement scorbutique des gencives. Elle raffermit les dents, & redonne aux gencives du ton & de la couleur.

Ce remede doit toute sa vertu médicamenteuse, à l’alun & à l’esprit de cochlearia ; elle ne doit à la laque que le frivole avantage d’une belle couleur.

Teinture stomachique amere. Prenez racine de gentiane, une once ; safran, demi-once ; l’écorce extérieure de six oranges ameres ; cochenille, un gros ; eau-de-vie, deux livres : faites macérer pendant trois jours, en agitant de tems-en-tems ; passez & gardez cette teinture pour l’usage.

Ce remede est un bon stomachique ; on peut le prendre pur depuis la dose d’une cuillerée à caffé, jusqu’à celle de trois & même de quatre. Cette teinture est bonne encore pour exciter l’évacuation des régles.

Ternture ou essence carminative de Wedelius. Prenez racine zédoaire, quatre onces ; carline, vrai acorus & galanga, de chacun deux onces ; fleurs de camomille romaine, semence d’anis & de carvi, écorce d’orange, de chacun une once ; de clou de girofle & de baies de laurier, de chacun six gros ; macis, demi-once : toutes ces choses étant convenablement hachées ou concassées ; faites-les macérer dans un vaisseau de verre, fermé pendant six jours, avec quatre livres & demie d’esprit de citron, & deux onces & demie d’esprit de nitre dulcifié ; exprimez la liqueur & filtrez, gardez pour l’usage. Cette teinture est véritablement carminative, du moins est-elle retirée des matieres regardées comme éminemment carminatives, voyez Carminatif ; & le menstrue qu’on y employe est aussi mêlé d’une matiere, à laquelle les auteurs de matiere médicale accordent aussi une vertu carminative très-décidée ; savoir l’esprit-de nitre dulcisié. Voyez Acide nitreux sous le mot Nitre.

Cette teinture est de plus stomachique, cordiale, emménagogue, nervine, &c. sa dose est d’une cuillerée à cassé jusqu’à deux, donnée dans une liqueur appropriée. (b)

Teintures martiales, (Mat. méd.) Voyez Mars.

TEINTURIER-CHAPELIER, c’est ainsi qu’on appelle les Chapeliers qui s’adonnent principalement à l’occupation de teindre les chapeaux ; car quoiqu’il n’y ait dans la communauté des Chapeliers qu’une seule maîtrise, les maîtres se sont en quelque façon partagés en quatre professions distinguées ; les uns fabriquent les chapeaux, d’autres les mettent en teinture ; d’autres les apprêtent & en font le débit : d’autres enfin ne travaillent qu’en vieux.

Teinturier en cuir, s. m. (Peaucerie.) artisan qui met les peaux en couleur, soit de fleur, soit de chair, soit à teinture chaude, soit à froide ; soit enfin à simple brossure. Ces artisans qu’on nomme autrement Peauciers, composent une des communautés des Arts & Métiers de Paris. Savary. (D. J.)

TEISCHNITZ, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, en Franconie, & dans l’évêché de Bamberg. Elle est le chef-lieu d’un petit bailliage. (D. J.)

TEISS, la, (Géog. mod.) riviere de Hongrie ; elle a sa source dans les monts Krapack, aux confins de la Pokulie, & se jette dans le Danube, vis-à-vis de Salankemen ; c’est peut-être la riviere du monde la plus poissonneuse, car quelquefois on y pêche tant de carpes, qu’on en donne mille pour un ducat. Cette riviere est connue des anciens, sous les noms de Tibuscus, Tibesis & Pathissus. (D. J.)

TEITCICAR, (Géog. mod.) province de la Tartarie-chinoise orientale ; elle est bornée au nord, par celle de Kirin, & au couchant, par les Tartares kalkas. Sa capitale qui porte le même nom, est située sur la riviere Nonni, vers le 49 degré de latitude. (D. J.)

TEITEI, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) nom d’un oiseau du Bresil, qui est de la taille d’un rouge-gorge. Son bec est noir, gros & court ; sa tête, le haut de son cou, son dos, ses ailes & sa queue sont d’un noir bleuâtre, brillant comme le plus bel acier poli ; son gosier, la partie inférieure du cou, sa gorge & son ventre tirent sur le jaune. Ses jambes & ses piés sont de couleur brune ; la femelle differe du mâle par des mouchetures vertes, jaunes & grises. On met cet oiseau en cage à cause de sa beauté & de la douceur de son chant. Marggravii, hist. brafil. (D. J.)

TEITO ou JAMMA-BUKI, s. m. (Hist. nat. Bot.) c’est un arbrisseau sauvage du Japon, qui ressemble au cytise. Sa fleur est jaune, à cinq, six ou sept pétales, & semblable à la renoncule. On en distingue un autre, dont la fleur est jaune & double.

TEJUGUACU, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) nom d’une espece de lésard du Brésil, qu’on appelle aussi temapara. Il ressemble beaucoup à l’ignana pour la figure, mais il en differe en ce que tout son corps est noir, avec un petit nombre de mouchetures blanches ; il n’a point, comme l’ignana, sur tout le dos une dentelure de pointes. L’orteil extérieur du pié de derriere est plus éloigné & plus court que les autres ; sa langue est grande, rouge, fendue en deux ; il peut la darder hors de la bouche à la distance d’un pouce, mais il ne fait aucun sifflement. Il aime beaucoup à sucer les œufs, mais il peut supporter la faim très-long-tems ; car Marggrave rapporte en avoir conservé un en vie pendant sept mois sans aucune nourriture ; &, suivant le même auteur, si l’on coupe la queue de ce lésard, elle renaît de nouveau. (D. J.)

TEIUNHANA, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) nom d’un lésard d’Amérique qui n’est pas plus gros que le petit doigt ; il a le nez pointu, la queue très-menue, longue de six travers de doigts, terminée en une pointe presque aussi fine qu’une aiguille, & cependant couverte d’écailles quarrées d’un finesse incroyable ; sa tête est couverte d’écailles brunes ; celles de la gorge & du ventre sont quarrées, blanches, avec un agréable mêlange de taches d’un beau rouge sanguin ; son dos, ses côtés & ses jambes sont revêtues d’une fine peau aussi douce que du satin, rayées de brun & de verd, & d’une suite de jolies taches vertes & noires, qui décourent sur toute la longueur du corps. Sa queue est d’un jaune brun par-dessus, & d’une belle couleur de chair rouge par-dessous. Ray, synops. quadrup. (D. J.)

TEKEES, (Géogr. mod.) riviere de la grande Tartarie. Elle a sa source dans les Landes, au midi du lac Sayssan, & se perd vers les frontieres du Tur-