Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/448

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sed eorum consilio habito sufficit dicere gratias. Non sic de doctoribus Medicinæ decretorum, quia non sunt nostri, sed oportet eorum consilia emere magno pretio, & implere manus eorum auro vel argento ; aliàs non oporteret reverti secundâ vice.

Dans le sermon quatorzieme de la pénitence : Leo vocavit lupum, vulpem, & asinum ad capitulum, ut confiterentur peccata sua, & eis juxtà delicta pœnitentiam injungeret. Venit lupus ad capitulum, & sic confessus est : ego malè feci quia comedi ovem, quæ ad me non pertinebat, sed hoc habeo ex legitimis juribus patrum meorum, qui ita ex omni ætate usi sunt, ut pater, avus, abavus, & atavus, ita ut nulla sit memoria hominum, quin lupi semper comederint oves. Ad quem leo : an verùm quod ita habet præscriptum ex omni antiquitate, sic comedere oves ? Cui dicenti, quod sic, pro tanto crimine imposuit semel dicere, pater noster.

Supervenit vulpes, & confessa est se malè egisse, quia capones & gallinas comederat non suas, licet ex omni œvo, in possessione fuerit sic comedendi illas. Quæ similiter propter unum pater noster absoluta est.

Supervenit asinus, tria confessus in capitula fecisse peccata. Primùm quia comederat fœnum quod in ripis & dunis ab aliorum quadrigis fortuitò derelictum erat. Cui leo : grande peccatum est, ô asine ! quia aliena comedisti, quæ tui magistri non erant. Secundo confessus est asinus, quia stercoraverat claustrum fratrum. Cui leo : grande peccatum est fœdare terram sanctam. Tertium peccatum vix ab eo potuit extorqueri, quod posteà cum ejulatu & gemitu dixit, quod recederat & cantaverat cum fratribus, & cum eis melodiam fecerat. Respondit leo gravissimum esse peccatum, eò quòd fratres in discordiam miserat. Et sic graviter flagellatus est asinus, propter peccata parva, & dimissa vulpes, & lupus in possessione majorum, cum absolutione.

Non-seulement on a imprimé plusieurs fois les sermons de Raulin séparément ; mais on en a donné une édition complette à Paris en 1642, en 2. vol. in-8°. Tous les ouvrages de ce prédicateur ont été publiés à Anvers l’an 1611 en 6. vol. in-4°. Ses lettres ont paru à Paris en 1620, in-4°. Elles sont mieux écrites que ses sermons, quoique pleines d’allégories & de figures ; cependant elles sont rares, recherchées, & passent pour son meilleur ouvrage.

Vincent de Lérins, religieux du monastere de ce nom, étoit natif de Toul, selon l’opinion la plus commune ; il mourut vers 450. Il s’est fait connoître par un petit ouvrage sur les hérésies, qu’il intitula, Mémorial du pélerin, ou Commonitorium. M. Baluze en a donné la meilleure édition avec des notes. (Le chevalier de Jaucourt.)

TOULA, (Géog. mod.) petite ville de la Russie moscovite, au duché de Rézau, à 40 milles de la ville de Rézau, & à 36 de Moscou, au confluent de la Toula & de l’Uppa. Long. 55. 45. latit. 54. (D. J.)

Toula, la, (Géog. mod.) riviere de la Russie moscovite, au duché de Rézau ; elle prend sa source au-dessus de Crapicina, & se jette dans l’Occa, près de la ville de Toula, à laquelle elle donne son nom. (D. J.)

TOULOIS, le, (Géogr. mod.) ou comté de Toul, en latin Tullensis ager, gouvernement militaire de France enclavé dans la Lorraine au septentrion, à l’orient, & au midi ; il touche un peu à la Champagne à l’occident. C’est le pays des anciens Leuci, dont César, Strabon, Ptolomée, & Pline, font mention. Ce pays étoit autrefois d’une grande étendue, & le diocese de Toul qui a les mêmes bornes, étoit le plus grand diocèse des Gaules, ou de tous les pays qui sont au-deçà du Rhin ; mais aujourd’hui le Toulois a des bornes bien plus étroites. Ce gouvernement comprend le temporel de l’évêché de Toul, dont la souveraineté a été unie à la France

dès l’an 1552, par Henri II. il renferme aussi le bailliage de Toul, qui est composé de six prevôtés. (D. J.)

TOULOLA, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) plante ainsi nommée par les Caraïbes ; elle a le port du balisier, & lui ressemble à quelques égards, mais elle ne s’éleve guere plus haut de quatre piés. Sa fleur est blanche, renfermée dans un calice vert, long, pointu, & découpé en trois quartiers. Le fruit qui succede à cette fleur est triangulaire, d’un rouge pâle, & renfermant une petite graine raboteuse. La racine est une substance bulbeuse, blanche, fibreuse, de figure presque conique, couverte de pellicules attachées les unes sur les autres, comme plusieurs enveloppes d’oignons. La feuille de la plante est d’un vert pâle, trois à quatre fois plus longue que large, & terminée en pointe, à-peu-près comme le fer d’une pique. Elle est forte, coriace, & se roule d’elle-même aussi-tôt qu’elle est cueillie.

Les habitans du pays regardent leur toulola comme un excellent remede contre les plaies faites par les fleches empoisonnées : d’où vient que les François ont nommé cette plante l’herbe aux fleches, c’est-à-dire contre le poison des fleches. On pile la racine, pour en tirer le suc qu’on donne à ceux qui ont été blessés de fleches empoisonnées. On applique en même tems la même racine pilée & broyée sur la plaie ; mais malheureusement ce remede ne réussit pas mieux que le sucre, qu’on a beaucoup vanté, & dont on a fait jusqu’à ce jour sur les animaux de vaines expériences.

« Pendant mon séjour à Cayenne, dit M. de la Condamine, j’eus la curiosité d’essayer si le venin des fleches empoisonnées que je gardois depuis plus d’un an, conserveroit encore son activité ; & en même tems si le sucre étoit effectivement un contrepoison aussi efficace qu’on me l’avoit assuré. L’une & l’autre expériences furent faites en présence du commandant de la colonie, de plusieurs officiers de la garnison, & du médecin du roi. Une poule légerement blessée en lui soufflant avec une sarbacane une petite fleche dont la pointe étoit enduite du venin il y avoit environ treize mois, a vécu un demi-quart d’heure ; une autre piquée dans l’aîle avec une de ces mêmes fleches nouvellement trempée dans le venin délayé avec de l’eau, & sur le champ retiré de la plaie, parut s’assoupir une minute après : bientôt les convulsions suivirent ; & quoiqu’on lui fît avaler du sucre, elle expira. Une troisieme piquée au même endroit avec la même fleche retrempée dans le poison, ayant été secourue à l’instant avec le même remede, ne donna aucun signe d’incommodité.

» J’ai refait, continue M. de la Condamine, les mêmes expériences en présence de plusieurs célebres professeurs de l’université de Leyde, le 28 Janvier 1745. Le poison dont la violence devoit être rallentie par le long tems & par le froid, ne fit son effet qu’après cinq ou six minutes ; mais le sucre fut donné sans succès. La poule qui l’avoit avalé parut seulement vivre un peu plus long-tems que l’autre ; l’expérience ne fut pas répétée ».

Ce poison est un extrait fait par le moyen du feu des sucs de diverses plantes, & particulierement de certaines lianes ; on assure qu’il entre plus de trente sortes d’herbes ou de racines dans le venin fait chez les Tiennas ; celui dont M. de la Condamine fit les épreuves, étoit le plus estimé entre les diverses especes connues le long de la riviere des Amazones. Les Indiens le composent toujours de la même maniere, & suivent à la lettre le procédé qu’ils ont reçu de leurs ancêtres aussi scrupuleusement que les pharmaciens parmi nous procedent dans la composition solemnelle de la thériaque ; quoique probablement