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chant d’Auxerre, dans un terrein aquatique. C’est une petite baronie qui releve en foi & hommage de l’évêque d’Auxerre. (D. J.)

TOUE, ou TOUAGE, (Marine.) c’est le changement de place qu’on fait faire à un vaisseau, avec une hausiere attachée à une ancre mouillée ou amarrée à terre, quand on veut approcher ou reculer un vaisseau de quelque poste. Voyez encore Chaloupe à la toue.

Toue, (Marine.) c’est un bateau qui sert à passer une riviere, & dont on se sert principalement sur la Loire.

Toue, la, ou la Thoue, ou la Thouay, ou la Touay, (Géog. mod.) en latin moderne Thœda ; petite riviere de France en Poitou, où elle prend sa source, & se jette dans la Loire au-dessous de Saumur. Elle est navigable depuis Montreuil-Bellay.

TOUER, v. act. (Marine.) c’est tirer ou faire avancer un vaisseau avec la hansiere qui y est attachée par un bout, & dont l’autre bout est saisi par des matelots, qui tirent le cordage pour faire avancer le vaisseau. La différence qu’il y a entre ce terme touer, & celui de remorquer, c’est qu’on ne tire point un vaisseau à force de bras quand on remorque, mais à force de rames. Voyez Remorquer.

TOUFFE, s. f. est un terme dont quelques auteurs se servent pour dire la partie touffue des arbres, ou cette partie qui est garnie de branches, de feuilles, &c. Voyez Branche.

Parallélisme des touffes d’arbres : on observe que tous les arbres affectent d’une maniere naturelle d’avoir leurs touffes paralleles au terrein qu’elles ombragent. Voyez l’explication de ce phénomene sous l’article Parallélisme.

Touffe de fleurs, chez les Fleuristes, signifie plusieurs fleurs qui naissent ensemble au haut de la tige, comme dans la primevere, l’auricula, &c.

Touffe, Touffu, (Jardinage.) se dit d’un bois entierement garni ; & l’on appelle touffe une sépée de bois qui ne garnit que le bas des grands arbres.

TOUG, s. m. terme de relation, c’est une espece d’étendart qu’on porte devant le grand-visir, les bachas, & les sangiacs. Il est composé d’une demi-pique, au bout de laquelle est attachée une queue de cheval avec un bouton d’or ou doré qui brille au-dessus. On porte trois tougs devant le grand visir quand il va commander l’armée. Ricaut. (D. J.)

TOUILLAUX, s. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Bordeaux. C’est ainsi qu’on appelle les rets qui servent à faire la pêche des touilles, du chien de mer de toutes especes. Voyez Lanieres.

TOUJOURS, (Critique sacrée.) ce mot dans l’Ecriture ne signifie quelquefois que pour la vie, Héb. vij. 3. Ainsi chez les Romains Sylla, Jules-César, furent créés dictateurs perpétuels, c’est à-dire pour leur vie. (D. J.)

Toujours Auguste, (Littérat.) semper augustus : les premiers empereurs romains, & à leur exemple ceux du bas empire, se sont qualifiés toujours augustes, & on les traitoit de même dans les monumens, inscriptions, & médailles.

TOUL, (Géog. mod.) en latin Tullum, ville de France, enclavée dans la Lorraine, capitale du Toulois, sur la Moselle, à 5 lieues au couchant de Nancy, à 12 au sud-ouest de Metz, & à 68 au sud-est de Paris, dans un vallon très-fertile : une chaîne de montagnes & de côteaux couverts de vignes, l’entoure à moitié.

Cette ville composée d’environ cinq mille habitans, a quatre paroisses, deux fauxbourgs, un bailliage, une sénéchaussée, & un gouverneur particulier. Son gouvernement civil est du ressort du parlement de Metz : l’évêché de Toul passe pour fort

ancien ; il est suffragant de Treves, & a un diocèse des plus étendus du royaume ; car on y compte 1400 paroisses ; il se qualifie comte de Toul, & prince du saint Empire ; le revenu de son évêché est évalué à environ quarante milles livres de rente. Long. suivant Cassini, 23. 25. 30. latit. 48. 40. 27.

Il est constant que Toul est une ville ancienne : on a une médaille antique où elle est nommée Tullocivitas. Ptolomée l’appelle Tullum, & la donne aux peuples Leuci : elle a toujours conservé le même nom jusqu’à présent, sans prendre celui du peuple, comme ont fait la plûpart des autres villes. Les Leuci étoient Belges, & lorsqu’on partagea la Belgique en deux provinces, ils furent mis sous la premiere & sous la métropole de Treves ; leur territoire étoit de fort grande étendue.

La ville de Toul, comme sa métropole, Treves avec Metz & Verdun, vinrent au pouvoir des François au commencement de leur établissement dans les Gaules ; elle fut toujours sujette aux rois d’Austrasie sous les Mérovingiens & sous les Carlovingiens. Après la mort du roi Raoul, elle fut assujettie du tems de Louis d’Outremer à Othon I. & elle reconnut ses successeurs pour souverains.

Le comte Frédéric n’eut qu’une fille, qui épousa Matthias de Lorraine, dont il n’eut point d’enfans ; la race de ces comtes étant éteinte, les ducs de Lorraine furent investis de l’avouerie de la cité de Toul. Enfin, dans la suite des tems, la souveraineté de la ville & de l’évêché de Toul, a été cédée à la couronne de France par le traité de Westphalie. Louis XIV. maître de cette ville, l’a fortifiée, & en a fait une place réguliere plus grande qu’elle n’étoit auparavant.

Abraham (Nicolas) jésuite savant dans les humanités, naquit à Toul, l’an 1589. Il a publié entre autres ouvrages, 1°. des notes sur la paraphrase de l’évangile de S. Jean, composée en vers grecs par Nomius ; M. Simon cite plusieurs fois ce livre, qui n’est pas indigne d’être connu ; 2°. un commentaire sur quelques oraisons de Cicéron. C’est un ouvrage d’un grand travail ; mais les notes y sont tellement chargées de littérature, que cette profusion rebute les moins paresseux. Ce commentaire fut imprimé à Paris avec les oraisons l’an 1631, en deux tomes in-fol. 3°. un commentaire sur Virgile ; il est beaucoup plus court que celui de Cicéron, & par-là d’un plus grand service dans les écoles.

Picard (Benoît) capucin né à Toul en 1663, & mort en 1721, a beaucoup fait de recherches sur sa patrie. On a de lui, 1°. une histoire ecclésiastique & politique de la ville & du diocèse de Toul ; 2°. un pouillé ecclésiastique & civil du diocèse de Toul ; 3°. une dissertation pour prouver que la ville de Toul est le siége épiscopal des Luquois.

Raulin (Jean) naquit à Toul l’an 1443, devint grand maître du collége de Navarre, & mourut à Paris dans le collége de Cluny, l’an 1514, âgé de 71 ans. C’étoit un des célebres prédicateurs de son siecle ; ses sermons ne le cedent point à ceux de Maillard, de Barlette, & de Menot. J’en vais rapporter quelques traits pour les mieux faire connoître, parce qu’ils sont fort rares.

Dans le sermon IV. du troisieme dimanche de l’Avent : Dicit Deus accipe consilium à me, & salva animam tuam. Medici & Advocati carè vendunt consilia sua, sed non Deus : nam dicit, accipe : non constat nisi accipere : vulgò dicitur bonum forum trahit argentum de bursa ; & sic quilibet debet accipere, & facere illud bonum forum consilii : salva animam tuam, quia unicam habes, nec plus habere poteris, nec perdere nisi velis. Inde communiter soli doctores theologi, qui sunt consiliarii animæ, dicuntur magistri nostri, quia sunt communes omnibus, & nihil constat eorum consilium :