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Les murailles des étages supérieurs sont percées d’une infinité de petites niches qu’on a remplis d’idoles en bas-relief, ce qui fait une espece de marquetage très-propre. Tout l’ouvrage est doré, & paroît de marbre ou de pierre ciselée ; mais je crois que ce n’est en effet qu’une brique moulée & posée de champ ; car les Chinois ont une adresse merveilleuse pour imprimer toute sorte d’ornemens dans leurs briques, dont la terre fine & bien sassée est plus propre que la nôtre à prendre les figures du moule.

Le premier étage est le plus élevé, mais les autres sont entr’eux d’une égale distance. On y compte cent quatre-vingt-dix marches presque toutes de dix bons pouces, ce qui fait cent cinquante-huit piés ; si l’on y joint la hauteur du massif, celle du neuvieme étage qui n’a point de degré, & le couronnement, on trouvera que la tour est élevée sur le rez-de-chaussée de plus de deux cens piés.

Le comble n’est pas une des moindres beautés de cette tour : c’est un gros mât qui prend au plancher du huitieme étage, & qui s’éleve plus de trente piés en-dehors. Il paroît engagé dans une large bande de fer de la même hauteur, tournée en volute, & éloignée de plusieurs piés de l’arbre, de sorte qu’elle forme en l’air une espece de cône vuide & percé à jour, sur la pointe duquel on a posé un globe doré d’une grosseur extraordinaire. Voilà ce que les Chinois appellent la tour de porcelaine, & que quelques européens nommeroient peut être la tour de brique. Quoi qu’il en soit de sa matiere, c’est assurément l’ouvrage le mieux entendu, le plus solide, & le plus magnifique qui soit dans l’orient, à ce que nous assurent les rr. pp. Jésuites. (D. J.)

Tour, (Jurisprud.) est le rang dans lequel plusieurs personnes ont droit de nommer ou présenter successivement aux bénéfices qui viendront à vaquer.

La présentation ou collation par tour dépend des titres & de la possession.

Quelquefois l’évêque nomme par tour avec le chapitre.

Les chanoines entr’eux présentent ou conferent certains bénéfices par tour.

Entre plusieurs co-patrons ecclésiastiques, chacun d’eux nomme à son tour.

On appelle tournaires ceux qui présentent ou conferent par tour.

La maniere de compter le tour dépend aussi des titres & de la possession ; en quelques endroits chacun nomme pendant une année, en d’autres pendant six mois ou un mois, en d’autres chacun des tournaires a sa semaine.

Il n’y a que les lettres de nomination ou collation qui fassent tour.

La collation nécessaire entre collateurs qui conferent alternativement, fait tour.

Une collation nulle remplit même le tour du collateur.

Mais le roi ne perd point son tour pour avoir présenté un incapable.

Une collation faite pour cause de permutation fait tour, quoiqu’elle n’ait pas été suivie de possession, ce qui s’entend pourvu que la collation ait été faite par l’ordinaire & du consentement du patron.

Le chanoine tournaire est le vrai collateur ordinaire, & la résignation faite entre ses mains est canonique. Voyez Rebuffe sur le concordat, Jovet au mot bénéfice, la bibliotheque canonique, du Luc, & les mots Bénéfice, Collation, Collateur, Nomination, Patron, Présentation. (A)

Tour de l’echelle, (Jurisprud.) est un certain espace que celui qui fait construire un mur du côté du voisin, laisse entre ce mur & l’héritage voisin pour pouvoir poser une échelle contre ce mur en-dehors & le réparer.

Suivant un acte de notoriété du chatelet du 23 Août 1701, le tour de l’échelle est de trois piés, ce qui n’est pas un droit de servitude, mais un droit de propriété, tellement que celui qui a laissé ces trois piés, peut ensuite les enclorre, si c’est dans une ville où tous les bâtimens se joignent.

Ce droit de trois piés au-delà du mur ne s’établit pas sans titre, d’autant que celui qui bâtit, peut pousser son bâtiment jusqu’à l’extrémité de son héritage, on faire un mur mitoyen, auxquels cas il n’y a pas de tour de l’échelle.

Par rapport aux maisons royales & autres édifices royaux, les officiers du roi prétendent que le tour de l’échelle est de dix-huit piés, à cause de l’importance de ces bâtimens qui demandent ordinairement plus de place pour les réparer ; ces officiers prétendent aussi que les échoppes ou boutiques adossées contre ces bâtimens royaux & comprises dans l’espace de dix-huit piés, font partie de l’enclos de la maison royale, & sont soumises à la même jurisdiction. Voyez le praticien de Couchot & les lois des bâtimens. (A)

Tour quarrée, (Jurisprud.) étoit une chambre ou commission établie par François I. pour la réformation de ses finances & la recherche des financiers ; il en est parlé dans l’édit de Château-Briant du 8 Juin 1532, art. 4, 9 & 11. Cette chambre fut ainsi nommée, parce qu’elle tenoit ses séances dans une tour quarrée qui étoit en l’île Notre-Dame ou du palais. Voyez Sauval aux preuves, pag. 124, la conférence de Guénois & Chambre de la tour quarrée. (A)

Tour, (Critiq. sacrée.) l’Ecriture fait mention de plusieurs tours destinées à divers usages. Il y en avoit pour fortifier les villes, comme celles de Phanuel, de Sichem, de Thèbes, de Tyr, de Syène & toutes celles de Jérusalem. D’autres servoient à découvrir de loin, comme celle de Jézraël, d’où la sentinelle apperçut l’armée de Jéhu qui s’avançoit, IV. Rois ix. 17. On élevoit aussi des tours dans les campagnes pour garder les fruits & les troupeaux, Is. v. 2. C’est pour veiller à la conservation du bétail que le roi Osias fit bâtir des tours dans le désert, II. Paral. xxvj. 10 ; & comme il y avoit des gardes dans ces tours pour défendre les pasteurs & les troupeaux contre les courses des voleurs, cet usage a donné lieu à une façon de parler souvent usitée dans l’Ecriture, par exemple, IV. Rois, xvij. 9, depuis la tour des gardes jusqu’à la ville fortifiée, pour marquer généralement tous les lieux du pays depuis le plus petit jusqu’au plus grand. (D. J.)

Tour, (terme de Blason.) il y a en blason différentes especes de tours ; on les appelle rondes, quarrées, crevées, carnelées ou crenelées. Les unes sont sans portes, les autres avec la porte grillée, les unes sont maçonnées, quelques autres sont couvertes ; & il y en a de sommées de girouettes, ou d’autres pieces. (D. J.)

Tour, ou Tambour, s. m. en méchanique, est une roue ou un cercle concentrique à la base d’un cylindre, avec lequel il peut se mouvoir autour d’un même axe. Telle est la roue AB, Pl. méchan. fig. 44. qui est mobile sur l’axe EF.

L’axe, la roue & les leviers qui y sont attachés pour se mouvoir en même tems, forment la puissance méchanique, appellée axis in peritrochio, axe dans le tambour, ou simplement tour. Voyez Axe dans le tambour.

Cette machine s’appelle proprement tour, ou treuil, lorsque l’axe ou arbre EF est parallele à l’horison ; lorsque cet arbre est perpendiculaire à l’horison, la machine s’appelle alors vindas, ou cabestan. Ces deux machines sont employées fréquemment aux puits, aux carrieres, aux bâtimens pour élever les pierres & les autres matériaux, sur les vaisseaux &