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en orient, & par sa partie supérieure d’orient en occident. C’est le contraire de ce qui arrive aux planetes, & c’est encore une difficulté qui est jusqu’à présent demeurée sans réponse.

De plus, M. Keil prouve, dans son examen de la théorie de Burnet, d’après le scol. qui est à la fin du second livre des principes de Newton, que si la terre étoit emportée dans un tourbillon, elle iroit plus vîte dans le rapport de 3 à 2, quand elle est au signe de la Vierge, que quand elle est à celui des poissons ; ce qui est contraire à toutes les observations. Chambers.

Enfin on pourroit encore, selon M. Formey, faire des objections très-solides contre la division & le mouvement de la matiere dans les principes de Descartes. Pour ce qui regarde la division, on ne peut la concevoir qu’en deux manieres, ou bien en imaginant entre les parties divisées des intervalles vuides, ou bien en concevant ces intervalles remplis de quelques corps ou de quelque matiere d’une nature différente de celle des parties. C’est ainsi que, quoique tout soit plein dans le monde, nous concevons quatre dés approchés les uns contre les autres comme quatre corps cubiques distingués, parce que, quoiqu’il n’y ait point de vuide entr’eux, on y apperçoit cependant un petit intervalle rempli d’air, qui empêche de les concevoir comme un seul corps. Mais, selon les principes du Cartésianisme, on ne peut concevoir la chose ni en l’une ni en l’autre maniere : car on ne peut pas supposer de vuide entre les parties divisées, puisque le vuide dans ce système est impossible. On n’y peut pas concevoir non plus de corps de différente nature, puisque la différence des corps, selon l’auteur du système, n’existe qu’après l’agitation & le mouvement de la matiere : cette division est donc une chimere. Pour ce qui est du mouvement, c’est bien pis encore ; car le moyen de concevoir que toutes ces parties cubiques, lesquelles sont toutes dures, impénétrables & incapables de compression, puissent tourner sur leur centre de maniere à se casser sans qu’il n’y ait déja ou qu’il ne se fasse quelque vuide. Car la petitesse ne fait rien ici, puisque quelque petites qu’elles soient, elles sont dures, impénétrables, & concourent toutes ensemble à résister au mouvement de chacune en particulier. A ces difficultés générales, on en joint de particulieres, qui prouvent que tout ce que nous découvrons dans la lumiere & dans la structure de la terre, est incompatible avec l’architecture cartésienne.

Nous répondons ici en peu de mots à une objection des cartésiens. Les surfaces concentriques du tourbillon, disent-ils, sont comme les quarrés des distances ; les forces centrifuges doivent être en raison inverse de ces surfaces, afin que les surfaces soient en équilibre, ainsi les forces centrifuges doivent être en raison inverse des quarrés des distances, & les vîtesses en raison inverse des racines quarrées ; ce qui est la loi de Kepler. A cela on répond 1°. que ce prétendu équilibre des surfaces, en vertu de leurs forces centrifuges, est une chimere, parce qu’il n’y a point d’équilibre entre des forces conspirantes ; 2°. que par les lois de l’hydrostatique, les grandeurs des surfaces ne devroient entrer pour rien dans cet équilibre ; 3°. que quand on expliqueroit par-là une des lois de Kepler sur les vîtesses des différentes planetes, on n’expliqueroit pas l’autre, savoir que la vîtesse d’une même planete aphélie & périhélie est en raison inverse de la distance, & non de sa racine.

Le P. Malebranche avoit imaginé de petits tourbillons, à l’imitation de ceux de Descartes. Ces petits tourbillons, par les moyens desquels il prétendoit expliquer la lumiere, les couleurs, l’élasticité, &c. ont fait pendant quelque tems une grande fortune : mais

ils sont presque oubliés aujourd’hui. En effet si les grands tourbillons sont une chimere, comme on ne peut en douter, c’est déja un grand préjugé contre les petits. D’ailleurs on peut faire contre l’existence de tous ces tourbillons cette objection générale & bien simple, à laquelle on ne répondra jamais ; c’est que leurs parties ayant une force centrifuge, s’échapperont nécessairement par les vuides que ces tourbillons laisseront entr’eux. L’existence supposée de ces petits corps en annonce la ruine. (O)

Tourbillon, (Artificier.) c’est un artifice composé de deux fusées directement opposées & attachées sur les tenons d’un tourniquet de bois, comme ceux que les anciens appelloient bâton à feu, avec cette différence qu’on met le feu aux bouts par le côté & non suivant l’axe. Cet artifice produit l’effet d’une girandole.

TOURD, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) turdus, poisson de mer. Rondelet en décrit douze especes qui ne different les unes des autres que par les couleurs ; elles sont brillantes dans presque tous ces poissons. Les principales especes ont des noms particuliers. Voyez Gaian, Menetrier, Vielle, Paon, Tanche de mer, &c. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv. VI. ch. vj. Voyez Poisson.

Tourd, voyez Litorne.

TOURDELLE, voyez Grive.

TOURDILLE, (Maréchal.) espece de poil gris.

TOURELÉ, (Antiq.) c’est-à-dire chargé ou garni de tours ; c’est ce qu’on appelle bastillé en terme de blason. Cybele, la déesse de la terre, & tous les génies particuliers des provinces & des villes portent des couronnes tourelées. (D. J.)

TOURELLE, s. f. (Archit.) petite tour ronde ou quarrée portée par encorbellement ou sur un cul-de-lampe, comme on en voit à quelques encoignures de maisons à Paris.

Tourelle de dôme, espece de lanterne ronde ou à pans qui porte sur le massif du plan d’un dôme, pour l’accompagner & pour couvrir quelque escalier à-vis. Il y a de ces tourelles aux dômes du Val-de-grace & de la Sorbonne à Paris. (D. J.)

Tourelle, (Orgue.) c’est ainsi que l’on appelle dans un buffet d’orgue les parties saillantes arrondies composées de plusieurs tuyaux, qui font comme autant de colonnes dont la tourelle est composée. Voyez la Pl. I. d’orgue.

TOURER, v. act. en terme de Pâtisserie. c’est plier & replier la pâte plusieurs fois sur elle-même & l’abaisser sur un tour à chaque fois avec le rouleau pour la feuilleter. Voyez Tour & Abaisser.

TOURET, voyez Mauvis.

Touret, s. m. (terme d’ouvrier.) petit tour ou roue qui se meut très-vite par le moyen d’une grande roue qui se tourne avec une manivelle. Les Taillandiers se servent de ces tourets pour éguiser leurs ferremens, les Cordiers pour faire du bitord, &c. (D. J.)

Touret, (terme de Balancier.) les tourets sont deux sortes de petits anneaux que les faiseurs de balances mettent aux gardes du pezon. (D. J.)

Touret, (terme de Batelier.) c’est une cheville qui est sur la nage d’un bachot, & où l’on met l’anneau de l’aviron lorsqu’on rame. (D. J.)

Touret, (Instrument de Cordier.) est un tambour de bois qui est terminé à chaque extrémité par deux planches assemblées en croix, & qui est traversé par un essieu de fer. Cet instrument sert à dévider le fil ; ainsi les tourets sont de grosses bobines. Voyez les Pl. de la corderie.

Pour pouvoir se servir des tourets, c’est-à-dire, pour dévider le fil, ou pour l’en tirer afin de l’employer, on les pose sur des supports que l’on place aux extrémités de la filerie. Ces supports sont quel-