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quefois disposés horisontalement, & quelquefois verticalement, & on en met pour l’ordinaire une grande quantité afin de pouvoir les faire tourner tous en même tems, & d’abréger l’ouvrage du cordier. Par exemple, quand un cordier veut fabriquer un gros cordage composé, je suppose, de cent fils, il perdroit beaucoup de tems s’il n’avoit qu’un touret ; car pour ourdir sa corde, il seroit obligé de parcourir cent fois la longueur de la corderie ; au lieu qu’ayant vingt tourets, il prend les fils de tous ces tourets par le bout, & en conduit vingt à la fois, & par conséquent sa corde est ourdie en cinq voyages. Voyez l’article Corderie.

Touret, petit, en terme d’Eperonnier, se dit d’une espece de crochet rivé dans un trou pratiqué dans la tête de la gargouille dans laquelle passe la premiere chainette. Voyez Gargouille & Chainette. Voyez la Planche de l’Eperonnier.

Touret, (Graveur en pierres fines.) sorte de petit tour dont les Graveurs en pierres fines se servent pour travailler leurs ouvrages ; l’arbre du touret porte les bouterolles qui usent, au moyen de la poudre de diamant ou d’émeril dont elles sont enduites, la partie de l’ouvrage qu’on leur présente. Le mouvement est communiqué à l’arbre du touret par une grande roue de bois, placée sous l’établi & d’une corde sans fin qui passe sur cette roue & la poulie de l’axe. La grande roue se meut par le moyen d’une marche ou pédale sur laquelle l’ouvrier pose le pié. Voyez les Pl. de la Gravure & l’article Gravure en pierres fines , où la construction & l’usage du touret sont plus amplement expliqués.

Touret de nez, s. m. (Langue franç.) vieux mot qui signifioit une espece d’ornement que les dames portoient autrefois, & qui leur cachoit le nez. On voit dans la bibliotheque du roi quelques représentations de fêtes & de carrousels où les dames sont peintes avec des tourets de nez. (D. J.)

TOURIERE, s. m. (terme de couvent.) office claustral ; c’est une religieuse qui a la charge de parler au tour, d’y traiter les affaires de la maison, de recevoir ce qu’on y apporte de dehors, &c. On l’appelle touriere du dedans ou plutôt dame du tour.

La sœur touriere, ou la touriere du dehors est une servante qui assiste au tour en-dehors, qui rend au couvent tous les services dont il a besoin au-dehors, ainsi qu’en ville, & qui reçoit ceux qui viennent y rendre visite, en attendant qu’elle les fasse parler à la dame du tour. (D. J.)

TOURILLON, s. m. (Hydr.) est une grosse cheville ou boulon de fer qui sert d’essieu ou de pivot sur quoi tournent les fleches des bascules d’un pont levis & autres pieces de bois dans les machines.

Tourillons, les, sont dans l’Artillerie, les parties rondes & saillantes qui se voyent à côté d’une piece de canon. Ce sont deux especes de bras qui servent à le soutenir, & sur lesquels il peut se balancer & se tenir à-peu-près en équilibre. On dit à-peu-près en équilibre, parce que le côté de la culasse doit l’emporter sur l’autre d’environ la trentieme partie de la pesanteur de la piece. Comme il est plus épais à la culasse que vers l’embouchure du canon, les tourillons sont plus près de la culasse que de la bouche de la piece.

Le mortier a aussi des tourillons par lesquels il est attaché & soutenu sur son affût. Voyez Canon & Mortier.

Les tourillons sont encastrés dans une entaille faite exprès à l’affût, & ils sont embrassés par-dessus d’une susbande de fer. Les tourillons sont cylindriques, & ils ont le même calibre ou diametre que la piece. (Q)

Tourillon, (Ferrand.) grosse cheville ou boulon de fer qui sert d’essieu, comme les deux d’un pont à bascule ; celles qui portent la grosse cloche

dans un bésroi, & plusieurs autres servans à divers usages. (D. J.)

Tourillon, terme de Meûnier, espece de gros rouleau de fer qui est au bout de l’arbre du moulin, & qui sert à faire tourner l’arbre.

Tourillons, (Tour.) sont les parties cylindriques qui passent entre les colets. Voyez Tour, & les Planches.

TOURLOUROU, s. m. (Hist. nat.) sorte de crabe terrestre de la petite espece, dont le corps est à-peu-près de la largeur d’un écu de six francs ; le dessus de son écaille est d’un violet foncé tirant sur le noir, & bordé tout-au-tour d’une bande rouge assez vive, dont la couleur s’affoiblit insensiblement en s’étendant sous le ventre de l’animal.

Il a dix pattes, cinq de chaque côté ; les deux de devant sont armées de tenailles ou mordans plus forts que ceux des écrevisses ordinaires ; s’il est saisi par un de ces mordans, peu lui importe de l’abandonner pour se sauver, puisqu’au bout d’un an, il reparoît avec un nouveau membre aussi-bien formé que le premier.

Les tourlouroux se tiennent ordinairement dans les montagnes ; ils creusent des trous en terre pour se loger, & ne sortent que pour leurs besoins, ou sur la fin d’une pluie abondante, de peur d’être inondés ; c’est alors qu’on les rencontre par milliers dans certains cantons ; la terre en est quelquefois si couverte, qu’on est contraint de les écarter avec un bâton pour se frayer un passage.

Les tourlouroux par leur petitesse contiennent peu de substance charnue ; mais leur graisse qu’on nomme taumalin, est délicieuse ; c’est une espece de farce naturelle d’un goût exquis ; les femelles quelque tems avant leur ponte, renferment dans l’intérieur de leur corps deux pelotons gros comme le bout du doigt, d’une substance jaune, tirant sur le rouge, un peu ferme & de très-bon goût ; ce sont les œufs qui ne sont pas encore formés.

Le taumalin ou graisse des tourlouroux peut se manger seul comme celui des crabes ; on en compose aussi avec la farine de magnoc un fort bon mets que les Créols appellent matoutou. Les étrangers ne sont pas long-tems à s’y accoutumer, & le trouvent délicieux ; les bisques aux tourlouroux sont parfaites, & surpassent de beaucoup par la finesse de leur goût, celles qui se font avec les crabes & les écrevisses.

TOURMALINE, s. f. (Hist. nat.) c’est une pierre qui se trouve dans l’île de Ceylan, qui étant échauffée, acquiert une vertu analogue à l’électricité ; alors elle attire d’abord, & repousse ensuite les corps légers qui l’environnent, tels que la poudre de charbon & la cendre ; c’est aussi pourquoi on l’appelle pierre de cendres, aimant de cendres ; en hollandois, aschen trekke. Quelques personnes l’ont appellée turpeline par corruption ; les Allemands la nomment trip.

C’est dans l’histoire de l’académie royale des Sciences de l’année 1717, qu’il a été parlé pour la premiere fois de cette pierre, que M. Lemery fit voir à l’académie ; voici ce qu’on en dit : « C’est une pierre qu’on trouve dans l’île de Ceylan, grande comme un denier, plate, orbiculaire, épaisse d’environ une ligne, brune, lisse, & luisante, sans odeur & sans goût, qui attire & ensuite repousse de petits corps légers comme de la cendre, de la limaille de fer, des parcelles de papier ; elle n’est point commune.

Quand une aiguille de fer a été aimantée, l’aimant en attire le pôle septentrional par son pôle méridional ; & par ce même pôle méridional il repousse le méridional de l’aiguille ; ainsi il attire & repousse différentes parties d’un même corps, selon qu’elles lui sont présentées, & il attire ou re-