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ges, d’offices, &c. car il est impossible de dire sur combien de choses ont été portés en divers tems & en divers lieux des traités particuliers & extraordinaires.

Mais on ne peut s’empêcher d’observer que leur effet est toujours de nuire au bien de l’état, parce que par cette voie le traitant enleve de force & par autorité à des milliers de familles leurs revenus & leurs capitaux, au-lieu qu’une imposition générale n’entameroit qu’une portion du revenu. On connoît trop bien pour en douter d’un côté l’art & la rapacité des traitans, & de l’autre les vices des traités extraordinaires. Il suffit pour le justifier de dire que ces sortes de traités tirerent depuis 1689 jusqu’à 1715, c’est-à-dire en 26 ans, des peuples de ce royaume, plus de huit cens quatre-vingt onze millions, sur laquelle somme on peut juger quel fut le bénéfice des gens d’affaires.

Ces mêmes traitans furent taxés au conseil à vingt-quatre millions, & l’état de leur gain étoit de soixante & quatorze millions ; cependant quoique cette taxe fût modérée, il semble qu’on leur avoit accordé volontairement le droit de retirer d’aussi gros bénéfices, puisqu’ils les avoient acquis sous l’autorité publique ; mais la constitution politique étoit contraire à l’intérêt général. Le gouvernement crut manquer de crédit, tandis qu’il ne lui manquoit que de chercher des moyens plus naturels d’impositions générales & sur tout le corps de l’état. D’ailleurs comme le nombre de ceux qui font ces profits immenses est borné, il est évident que c’est un petit nombre de sujets qui engloutissent les richesses du royaume.

On ne peut guere supposer qu’il y ait eu plus de cinq cens personnes qui ayent été successivement intéressées dans ces diverses affaires pendant les vingt-six années dont nous avons parlé ; & si l’on suppose que leurs dépenses ont monté pendant cet intervalle de tems à deux cens millions, il doit leur être resté entre les mains un capital de six cens millions. L’argent cherche l’argent, & chacun conçoit que ceux qui indépendamment d’affaires lucratives par elles-mêmes se trouvent des capitaux immenses en argent, sont en état de faire l’acquisition de tous les papiers avantageux, de spéculer sur toutes les variations de la place, d’y influer même, enfin d’ajouter chaque jour quelques nouveaux degrés à leur fortune & à leur dépense. (D. J.)

Traité, dans le commerce, convention, contrat dont on tombe d’accord, & dont on regle les clauses & conditions avec une ou plusieurs personnes. Il se dit de tout ce qui peut entrer dans le commerce par achat, vente, échange, &c. On fait des traités pour des sociétés, pour des achats de fonds, de magasins ou de boutiques ; pour fretter des vaisseaux, pour les assurer & les marchandises qui sont dessus ; ces derniers se nomment polices d’assurance. Voyez Police & Assurance. On fait aussi des traités pour des compagnies de commerce, pour des colonies, pour la fourniture des vivres & fourrages des armées, &c. Dict. de Comm.

TRAITEMENT, s. m. (Gramm.) terme relatif à un bon ou mauvais procédé qu’on a avec quelqu’un, au bon ou mauvais accueil qu’on lui fait. Le vaincu a reçu toutes sortes de bons traitemens du vainqueur. On est aimé ou haï des peuples, selon le bon ou mauvais traitement qu’on leur fait.

Traitement se prend dans un autre sens pour les soins que le chirurgien a donnés à un malade. Tant pour le traitement de cette maladie.

TRAITER, v. act. & n. (Gramm.) c’est être en négociation, en commerce, prendre des arrangemens, &c. On dit il traite de cette charge. On traite de la paix. C’est qualifier ; on dit il traita le pape de sa sainteté ; il veut qu’on le traite d’excellence. On

vous traitera d’impertinent, si vous n’y prenez garde. C’est en user bien ou mal dans la société, ou dans le domestique ; comme elle m’a traité ! je la reverrois ! moi ! non, non, cela ne sera pas ; quand elle me rappelleroit, m’en prieroit. C’est tenir une bonne table ; il nous reçut chez lui & nous traita magnifiquement. C’est soigner un malade dans une maladie chirurgicale ; si vous croyez avoir cette maladie, personne ne vous traitera mieux que Keiser. Il est aussi relatif à l’objet d’une science, d’un ouvrage ; cet ouvrage traite de l’agriculture ; l’Astronomie traite du mouvement des astres ; à la maniere dont un auteur s’est acquitté de sa tâche, il a bien traité son sujet. Les chairs y sont très-bien traitées ; les draperies y sont mal traitées. Voyez les articles suivans.

Traiter, (Commerce.) convenir de certaines conditions. On dit dans le commerce, traiter du fonds d’un marchand, traiter de ses dettes, traiter d’une action, c’est-à-dire convenir des sommes d’argent ou des conditions au moyen desquelles on veut acheter toutes ces choses.

Ce terme s’applique à la vente aussi-bien qu’à l’achat ; on dit en ce dernier sens, je veux traiter des actions que j’ai dans cette compagnie, c’est-à-dire les vendre & m’en défaire. Dict. de Comm.

Traiter, signifie aussi faire un commerce.

Traiter des negres, traiter des castors, c’est faire en Guinée le commerce des negres, & en Canada celui des castors. On dit plus ordinairement pour l’un & pour l’autre faire la traite. Voyez Traite. Dict. de Commerce.

Traiter, en termes de Boyaudier, c’est ôter avec des joncs entrelacés dans les deux cordes, le plus gros de matieres qui y sont restées, & qui pourroient être préjudiciables aux cordes en les pourrissant.

Traiter, on dit en peinture, traiter un sujet ; voilà un sujet bien traité, admirablement traité ; lorsque la composition est belle, & que l’instant qui caractérise la scène ou sujet traité est bien saisi. Il est avantageux de traiter des sujets connus. Tel a traité le même sujet que tel, &c.

TRAITEUR, s. m. (art de Cuisine.) cuisinier public qui donne à manger chez lui, & qui tient salles & maisons propres à faire noces & festins. Il y a à Paris une communauté de maîtres queux-cuisiniers, portes-chapes & traiteurs, érigée en corps de jurande par Henri IV. Savary. (D. J.)

Traiteur, (Comm.) on appelle ainsi à la Louisiane, les habitans françois qui vont faire la traite avec les Sauvages, & leur porter jusque dans leurs habitations, des marchandises qu’ils échangent contre des pelleteries. On les nomme en Canada coureurs de bois. Voyez Traite. Diction. de Com.

TRAITOIRE, s. f. terme de Tonnelier, instrument de tonnelier, qui sert à tirer & à alonger les cerceaux, en liant des tonneaux. Il est composé d’un crochet de fer, & d’un manche. (D. J.)

TRAITRE, s. m. (Gramm.) celui qui se sert de la confiance qu’on avoit en lui, pour nous faire du mal. Celui qui en use ainsi avec son roi, sa patrie, sa femme, ses enfans, les indifférens, sa maîtresse, son ami, mérite également ce nom.

TRALE ou TRASLE, Voyez Mauvis.

TRALLES, (Géog. anc.) ou TRALLIS, car les auteurs emploient ce mot indifféremment au pluriel & au singulier. Tralles étoit une ville de l’Asie mineure dans la Lydie, ayant à la gauche la montagne Mésogis, & à la droite la campagne du Méandre. Strabon dit qu’elle étoit riche, peuplée, & fortifiée de tous côtés par la nature.

M. Wheler dans son voyage de l’Anatolie, tome I. page 337. rapporte avoir vu deux médailles de la ville de Tralles, l’une de l’empereur….. sous le consulat