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TRISSE DE BEAUPRÉ, (Marine.) c’est un palan qui saisit la vergue de civadiere des deux côtés, entre les palancines & les haubans, pour l’aider à la soutenir, & pour la manœuvre.

TRIST, ou TRIS, (Géog. mod.) île de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, sur la côte méridionale de la baie de Campêche, au couchant de l’île de Port-Royal, dont elle n’est séparée que par un canal ou crique très-étroite. Cette île est petite, basse & deserte.

TRISTE, adj. voyez l’article Tristesse.

Triste, l’arbre, (Hist. nat. Botan.) arbre des Indes orientales qui croît sur tout vers la côte de Malabar. Son nom lui vient, dit-on, de ce qu’il perd ses fleurs au moment où celles des autres arbres s’épanouissent au soleil. Ces fleurs sont semblables au jassemin blanc, sinon qu’elles ont le pié jaune. Cet arbre ne vient que d’une hauteur médiocre. Ses feuilles sont petites, d’un verd foncé & d’un goût âpre.

TRISTENA, (Géog. mod.) bourg de la Morée, dans la Scanie, anciennement Nenica. Il est à quinze ou seize milles au midi de Corinthe, à l’entrée & au nord de la forêt de Tristena, autrefois la forêt Némée. (D. J.)

TRISTESSE, s. f. (Morale.) Cicéron définit la tristesse, l’opinion d’un grand mal présent, & tel que celui qui l’éprouve croit qu’il est juste & même nécessaire de s’affliger. Nos jours seront toujours malheureux, dit-il, si nous ne luttons de toutes nos forces contre cette passion, que la folie suscite comme une furie pour nous tourmenter. « Je n’aime point cette passion, dit Montagne, quoique le monde ait entrepris comme à prix fait, de l’honorer de faveur particuliere ; ils en habillent la sagesse, la vertu, la conscience ; bizarre habillement toujours nuisible, & toujours fâcheux » ! (D. J.)

TRISYLLABIQUE, ou TRISYLLABE, adj. (Gramm.) qui est composé de trois syllabes. On dit un pié trisyllabique, un vers trisyllabique.

TRITÆOPHYES, (Lexicograph. medic) τριταιοφυοῦς, de τριταῖος, tierce, & φύω, être de même nature ; épithete d’une sorte de fievre qui ressemble beaucoup à la fievre tierce, d’où elle tire son nom. Elle vient le troisieme jour, & arrive presque à son plus haut période ; ensorte qu’on la distingue de la tierce proprement dite, de la tierce allongée, & de la demi-tierce, & qu’elle tient une espece de milieu entre toutes celles-là.

Galien, Comm. II. in VI. Epid. dit aussi que τριταιοφυοῦς peut s’employer, comme une épithete commune à toutes les fievres qui ont leur accès ou leur retour périodique le troisieme jour.

Erotien expliquant ce mot, pense que c’est une fievre qui donne des signes des approches de ses paroxysmes, & dont les intervalles sont réguliers, mais qui n’arrive jamais à sa perfection ; on l’appelle aussi demi-tierce. Ce mot se trouve souvent dans Hippocrate. (D. J.)

TRITE, τρίτη, en Musique, est, en comptant de l’aigu au grave, la troisieme corde du trétracorde dans l’ancien système. Comme il y avoit cinq différens tétracordes, il y auroit dû avoir autant de trites ; mais ce nom n’étoit en usage que dans les trois tétracordes supérieurs : pour les deux premiers, voyez Parypate.

Ainsi il y avoit trite hyperboleon, trite diezeugmenon, & trite synnemenon. Voyez Système, Tétracorde, &.

Boëce dit que le système n’étant encore composé que de deux tétracordes, on donna le nom de trite à la cinquieme corde qu’on appelloit aussi paramese, c’est-à-dire à la seconde en montant du deuxieme tétracorde ; mais que Lychaon, samien, ayant inséré

une nouvelle corde entre la sixieme ou paranete, & la trite, celle-ci perdit son nom qui fut donné à cette nouvelle corde. Pour entendre ceci, il faut supposer que le second tétracorde n’avoit que trois cordes auparavant, & un espace vuide entre la trite & la paranete ; ce que Boëce auroit dû expliquer. (S)

TRITÉE, (Géog. mod.) Tritea, ville du Péloponnèse, dans l’Achaïe propre, selon Strabon, liv. VIII. pag. 341. Hérodote, Plutarque, Polybe, Thucydide & Etienne le géographe, font mention de cette ville. Pausanias, liv. VII. c. xxij. qui écrit Tritia, dit qu’elle étoit en terre ferme, à six-vingt stades de Pheræ, & qu’elle étoit de la dépendance de Patra, parce qu’Auguste l’avoit ainsi voulu.

Avant que d’entrer dans la ville, ajoute-t-il, on voit un magnifique tombeau de marbre blanc, plus précieux encore par les peintures de Nicias, que par les ouvrages de sculpture dont il est orné. Une jeune personne d’une grande beauté est représentée assise dans une chaise d’ivoire : à côté d’elle est une de ses femmes qui lui tient une espece de parasol sur la tête : de l’autre côté, c’est un jeune garçon qui n’a point encore de barbe ; il est vêtu d’une tunique, & d’un manteau de pourpre par-dessus ; près de lui est un esclave, qui d’une main tient des javelots, & de l’autre des chiens de chasse qu’il mene en lesse.

Les auteurs ne s’accordoient pas sur la fondation de cette ville. Les uns lui donnoient pour fondateur Celbidas, originaire du Cumes en Opique : d’autres disoient que Tritia, fille du fleuve Triton, après avoir été prêtresse de Minerve, fut aimée du dieu Mars, & que de ce commerce naquit Menalippus, qui bâtit une ville, & du nom de sa mere l’appella Tritia.

On voyoit dans cette ville un temple que les gens du pays nommoient le temple des grands dieux. Leurs statues n’étoient que de terre : on célébroit leur fête tous les ans avec les mêmes cérémonies, que les Grecs avoient coutume de pratiquer à la fête de Bacchus.

Minerve avoit aussi son temple à Tritia, avec une statue de marbre, & qui étoit d’un goût moderne du tems de Pausanias : les habitans prétendoient qu’anciennement il y en avoit une autre qui avoit été portée à Rome. Ces peuples observoient religieusement de sacrifier tous les ans au dieu Mars & à Tritia.

On ne connoît, dit Pausanias, liv. VI. c. xij. dans toute la Grece, d’autre ville du nom de Tritée, que celle qui est en Achaïe. Il se peut faire néanmoins, ajoute-t-il, que du tems d’Hégésarque, Tritée fut une ville d’Arcadie, & qu’elle en ait été démembrée, comme quelques autres qui sont soumises au gouvernement d’Argos. Pausanias fait cette remarque parce que dans une ancienne inscription, les habitans de Tritée étoient qualifiés Arcadiens ; ce qui pouvoit être vrai dans le tems que cette inscription avoit été faite. (D. J.)

TRITHÉISME, s. m. (Théolog.) opinion des Trithéistes, ou hérésie de ceux qui admettent trois Dieux. Voyez Dieu & Trinité.

Le Trithéisme consiste à croire qu’il y a non-seulement trois personnes en Dieu, mais aussi trois essences, trois substances ou hypostases & trois Dieux. Voyez Personne, Hypostase, &c.

Il s’est trouvé beaucoup de personnes, qui dans la crainte de donner dans le Trithéisme, sont tombés dans le Sabellianisme ; d’autres, qui pour éviter le Sabellianisme, sont devenus Trithéïstes : tant il est difficile de garder un juste milieu dans une matiere si délicate. Voyez Sabelliens.

Ainsi, dans le fameuse dispute entre le docteur South & le docteur Sherlok, on juge que le premier est tombé dans le Sabellianisme, en soutenant trop à la rigueur l’unité de Dieu, & l’autre dans le Tri-