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suppléer quelquefois à la saignée pour donner certaines déterminations au sang ; pour cela on fait des frictions ou de la tête aux piés, ou des piés à la tête, soit directement, soit obliquement. Les frictions transversales peuvent encore servir à rappeller le sang d’une partie sur une autre, selon la partie où on les commence, & celle où on les finit, &c.

Les frictions conviennent dans l’hydropisie, l’anasarque, le rachitis, l’épilepsie, les maux de tête, &c. Elles sont propres sur-tout à rétablir la distribution du suc nourricier dans les corps maigres & exténués ; en redressant ou érigeant, pour ainsi dire, le système des nerfs, & par une suite de cette érection dilatant les vaisseaux & les cellules du tissu muqueux ; c’est Hippocrate qui nous l’apprend en ces termes, quæ naturâ solida sunt dum fricantur in se coguntur, cava verò angeseunt. Voyez de rat. vict. in acutis. lib. II. sect. iv. pag. 364. Du reste, ce sont toujours à-peu-près les mêmes précautions dans l’administration de ces remedes que dans l’administration des autres.

En considérant ainsi les frictions par le frottement irritant procuré aux solides, il semble qu’on pourroit y joindre les promenades circulaires, droites, obliques, les gestations, & autres secours de la gymnastique mis en usage par les anciens, pour procurer des révulsions favorables.

L’électricité, en l’adoptant avec le degré de certitude & de vraissemblance que peut lui donner ce qu’on a dit jusqu’ici des guérisons opérées par ce moyen, mérite d’être désignée dans cette classe. Voy. Electricité, Médecine.

Des dropaces. Les dropaces & les différentes compositions de ces remedes qu’on trouve chez les auteurs, sont des épispastiques un peu plus forts que ceux de la classe précédente. On les emploie dans les vomissemens habituels, les digestions paresseuses, le flux cæliaque, les paralysies, & généralement dans toutes les maladies où peuvent convenir les synapisines que nous avons dit qu’ils précédoient conjointement avec les rubéfians proprement dits. Le dropace a néanmoins cela de particulier qu’on le réapplique quelquefois après le sinapisme.

Ces remedes sont confondus par les autres avec les pications & les psylothres.

Le tondre & le raser sont encore des épispastiques de cette classe. Les anciens les employoient très souvent dans la vue d’augmenter la transpiration de la tête, ou d’en attirer les humeurs en-dehors ; dans beaucoup de cas ils regardoient comme un remede très-puissant de faire raser la tête à contrepoil. Voyez dans Oribase, de tonsura & de rasione, c. xv. quelques-uns veulent encore qu’on rase la tête dans la phrénesie : mais tous les auteurs ne sont pas d’accord sur ce point. Voyez dans Forestus, l. II. pag. 408. on peut juger de l’impression de ce remede sur les tégumens de la tête par la chaleur, le coloris de santé & l’embonpoint momentané du visage qui arrive à bien des personnes, immédiatement après s’être fait faire la barbe.

On rasoit anciennement les parties pour-les préparer à l’opération des topiques tels que les emplâtres, les fomentations, les ventouses, &c. On rase encore la tête dans les ophtalmies, & avant de scarifier.

Le raser de la tête mérite des considérations particulieres dans certaines maladies, en ce que quelques auteurs ont observé que ce remede portoit sur la vessie.

L’avulsion des poils des aisselles & de la levre supérieure dans quelques cas, peut encore être rangée parmi les épispastiques de cette classe.

Des sinapismes. Ces remedes, ou du-moins les compositions qui portent le nom de sinapismes, ont été pour les anciens, ce que sont pour les modernes

les vésicatoires proprement dits, ou emplâtres vésicatoires, que nous trouverons à la fin de cette classe ; leur vertu est réellement vésicatoire, c’est-à-dire, âcre & piquante au point d’exciter quelquefois assez promptement des vessies sur la peau. Voyez Sinapisme.

Les anciens, principalement Arætée, ont fait le plus grand usage des sinapismes dans un nombre infini de maladies.

On emploie ordinairement ces remedes dans les maladies soporeuses, les vertiges, les céphalalgies, les syncopes, &c. Voyez dans Arætée passim ; & on les applique sur presque tous les endroits du corps, Les méthodiques à l’exemple de Thessalus appliquoient très-utilement encore les sinapismes autour des ulceres provenant d’une cachexie dans la partie. Voyez Prosper Alpin. de med. method.

On peut rapporter au sinapisme tous les médicamens âcres, irritans, &c. donnés dans le dessein de faire des révulsions des parties supérieures aux inférieures ; tel est l’emplâtre diascordon ou fait des ails, les préparations avec des oignons, des figues seches, &c. appliqués sur les jambes & aux autres parties du corps.

Les lavemens âcres & irritans appartiennent également au sinapisme ; car attendu la continuité de la cavité des intestins avec la surface du corps, on peut regarder ces derniers remedes comme topiques. Arætée les recommande pour faire révulsion de la tête vers le bas dans la phrénésie. Voyez c. de phrenetid. Zacutus Lusitanus dit s’en être servi avec succès dans la dyssenterie. Observ. 20. lib. II.

Les illitions de l’anus avec des linimens âcres, sont de ce nombre, de même que les glands ou suppositoires, quelques pessaires : l’application de l’ail pur sur ces parties, que tout le monde sait être un stratageme usité dans bien des occasions pour se procurer la fievre, &c.

Les masticatoires, les apophlegmatisans, les collutoires piquans, âcres, les errhins, sur-tout le tabac (qui par parenthese ne sauroit être un remede pour la plûpart de ceux qui sans aucune incommodité se sont condamnés à cette espece de vésicatoire continuel) sont encore de cette classe.

Les urtications conviennent avec les sinapismes par les rougeurs, les enflures, les demangeaisons qu’elles excitent de même que par les autres effets ultérieurs ; elles sont quelquefois très-efficaces dans les autres effets ultérieurs ; elles sont quelquefois très-efficaces dans les apoplexies, les léthargies, &c. Celse en recommande l’usage dans la paralysie, voyez c. xxvij. Araeté, dans la curation de la léthargie les employoit sur les jambes. Voyez Arætée, de curat. morb. acut. l. I. c. ij. de curat. letharg. Elles peuvent encore être fort utiles dans les gales répercutées, &c. mais en général, il faut prendre garde de ne pas les employer sur les articulations.

On pourroit joindre ici les remedes employés par les anciens sous le nom d’empasma, empasmata, qui procuroient des fortes démangeaisons. Voyez Oribas. med. collect. l. X. c. xxxj. Voyez .

Les flagellations & les verbérations de toutes especes ; elles étoient anciennement très en usage dans les amaigrissemens, les maladies soporeuses, & dans beaucoup d’autres cas. On pratiquoit cette opération avec de petites verges légerement enduites de quelque matiere qui aidât au stimulus du fouet, comme la poix, & on cessoit de frapper, lorsque les chairs commençoient à se tuméfier. Les anciens avoient poussé le rafinement sur l’administration de ces remedes jusqu’à faire plusieurs especes de flagellations qui étoient autant de modes, autant de diminutifs de la flagellation proprement dite ; telle étoit