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avoit été son gouverneur, lorsqu’il n’étoit encore que duc d’Orleans ; quand il devint roi, on joignit à M. de Cipierre le prince de la Roche-sur-Yon. Il eut pour précepteur Jacques Amiot.

Il avoit rendu son nom odieux à toute la terre dans un âge où les citoyens de sa capitale ne sont pas encore majeurs. La maladie qui l’emporta est très-rare. Son sang couloit par tous les pores. Cet accident dont il y a quelques exemples, est la suite, ou d’une crainte excessive, ou d’une passion furieuse, ou d’un tempérament violent & atrabilaire. Il passa dans l’esprit des peuples, & sur-tout des protestans, pour l’effet de la vengeance divine : opinion utile, si elle pouvoit arrêter les attentats de ceux qui sont assez puissans & assez malheureux pour n’être pas soumis au frein des lois. Voltaire.

Une chose bien singuliere, c’est que c’est sous le regne de Charles IX. regne rempli de meurtres & d’horreurs, que furent faites nos plus sages lois & les ordonnances les plus salutaires à l’ordre public, qui subsistent encore aujourd’hui dans la plus grande partie de leurs dispositions. On en fut redevable au chancelier de l’Hôpital, dont le nom doit vivre à jamais dans la mémoire de ceux qui aimeront la justice. Ce qui est aussi extraordinaire, c’est que ce même prince, que tous les historiens nous peignent comme violent & cruel, & qui s’avoua l’auteur de la S. Barthelemi, aima cependant les sciences & les lettres, se plut & réussit aux arts, qui adoucissent l’ame, & nous a même laissé des preuves de son talent pour la poésie ; aussi ce prince n’avoit-il pas toujours été le même : ce fut, dit Brantôme, le maréchal de Retz, florentin, qui le pervertit du tout, & lui fit oublier & laisser toute la belle nourriture que lui avoit donné le brave Cipierre. Henault.

Enfin c’est à Vincennes qu’en 1661 mourut à 58 ans, le cardinal Mazarin, gouverneur de ce château, dans lequel il laissa huit millions de livres en or ; le marc d’argent qui vaut aujourd’hui 50 francs, étoit alors à 27 livres. On s’est plu à faire le parallele des cardinaux Mazarin & de Richelieu. Je dirai seulement ici que tous deux se sont ressemblés en amassant de grandes richesses, & ne cherchant qu’à venger leurs injures particulieres, & en préférant l’illustration de la place à celle de la vertu, l’autorité & la puissance à la gloire de faire passer leurs noms en bénédiction à la postérité. Ils l’ont laissé haï, odieux & détesté. (Le chevalier de Jaucourt.)

VINCENT saint, (Géog. mod.) ville d’Espagne, dans la province de l’Asturie, au couchant de Santillano, avec un petit port. (D. J.)

Vincent Saint, (Géog. mod.) ou san Vicente, île d’Afrique, une de celles du Cap-verd, entre l’ile de Saint-Antoine au nord ouest, & Sainte-Lucie au sud-est. Elle est montagneuse & déserte. (D. J.)

Vincent Saint, (Géog. mod.) capitainerie du Brésil. Voyez Vicente san, (Géog, mod.)

Vincent Saint, (Géog. mod.) île de l’Amérique septentrionale, une des Antilles, au midi de celle de Sainte-Lucie, à 6 lieues de l’île des Barbades, & à 12 de la Grenade. Elle peut avoir dix-huit lieues de tour ; elle est fort hachée, pleine de hautes montagnes couvertes de bois ; c’est-là le centre des sauvages Caraïbes & des Negres fugitifs. Long. 316. 40. latit. 13. (D. J.)

VINDANA, (Géog. anc.) port de la Gaule lyonnoise, selon Ptolomée, l. II. c. vij. C’est le port de la ville de Vannes. (D. J.)

VINDAS, s. m. (Méch.) n’est autre chose qu’un tour ou treuil, dont l’axe est perpendiculaire à l’horison. On l’appelle autrement cabestan. Voyez Tour, Treuil & Cabestan. (O)

VINDELICIE, (Géog. anc.) Vindelicia, en grec Οὐινδελικία ; les latins disoient communément par

une élégance de la langue, Vindelici pour Vindelicià, c’est-à-dire qu’ils appelloient alors le pays du nom de la nation.

La Vindelicie est une contrée de l’Europe au nord des Alpes, & au midi du Danube. On prétend que ce nom est formé de ceux de deux fleuves qui arrosent la contrée, & dont l’un qui mouille la ville d’Ausbourg, à la gauche, étoit appellée Vinde, & l’autre qui la mouille à la droite se nommoit Lycus.

Strabon, l. IV. dit que les Rhétiens & les Vindeliciens habitoient près des Salasses la partie des montagnes qui regardent l’orient, & tournent vers le midi ; qu’ils étoient limitrophes des Helvétiens & des Boïens ; que les Rhétiens s’étendoient jusqu’à l’Italie, au-dessus de Vérone & de Côme, & que les Vindeliciens & les Noriques occupent l’extrémité des montagnes du côté du nord. Les Rhétiens, selon le même géographe, ne touchoient au lac de Constance que dans un petite partie de son bord, savoir entre le Rhin & Bregentz. Les Helvétiens & les Vindeliciens occupoient une plus grande partie du bord de ce lac, & même les Vindeliciens possédoient Bregentz.

L’ancienne Vindelicie avoit le Danube au nord ; du côté de l’orient, l’Inn (l’Ænus) la séparoit du Norique ; du côté de l’occident, elle s’étendoit depuis le lac de Constance jusqu’au Danube ; du côté du midi, les Vindeliciens possédoient des plaines montueuses à l’extrémité des Alpes, & les Rhétiens habitoient les plus hautes Alpes jusqu’à l’Italie. Augsbourg (Augusta Vindelicorum) étoit une des principales villes des Vindeliciens. L’histoire romaine nous apprend que ces peuples ayant présenté la bataille à Drusus l’an de Rome 739, il les défit, & reçut pour cette victoire les honneurs de la préture. Velser place cette action dans les campagnes du Leck.

Lorsque la Vindelicie eut été subjuguée par les Romains, cette contrée ne forma plus un province particuliere, mais fut jointe à la Rhétie ; & depuis lors toute la contrée qui se trouve renfermée entre le lac de Constance, le Danube, l’Inn & les pays des Carni, des Vénetes & des Insubres, fut presque toujours appellée Rhoetia ou provincia Rhœtiæ ; de façon néanmoins que les Rhétiens & les Vindeliciens demeuroient deux peuples séparés, quoique dans une même province. C’est pour cela que Tacite, Germ. c. xlj. qualifie Augsbourg, Augusta Vindelicorum, splendidissima Rhœtiæ provinciæ, colonia. (D. J.)

VINDELICIENS, s. m. pl. Vindelici, (Hist. anc. & Géogr.) peuple de Germanie qui du tems des Romains habitoit les bords du Danube, & dont le pays s’étendoit jusqu’aux sources du Rhin. Leur pays occupoit les provinces connues aujourd’hui sous le nom de l’Autriche, la Stirie, la Carinthie, le Tirol, la Baviere, &c. leur capitale étoit Augusta Vindelicorum, c’est-à-dire Augsbourg.

VINDÉMIALES, (Antiq. greq. & rom.) fête des vendanges en l’honneur de Bacchus. On y vantoit ses présens ; on célébroit des jeux en son honneur dans les carrefours & les villages de la Grece, où un bouc étoit le prix de la victoire. Les acteurs animés par la liqueur bacchique sautoient à-l’envi sur des outres frottés d’huile.

Les Latins emprunterent des Grecs ces mêmes jeux. On les voyoit dans les villages réciter des vers burlesques, & couverts de masques barbouillés de lie, tantôt chanter les louanges du dieu du vin, tantôt attacher à des pins des escarpolettes pour s’y balancer hommes & femmes. On portoit par-tout la statue respectable du fils de Sémelé, que suivoit en procession une foule de peuple.

Cependant Virgile, dont j’emprunte cette peinture, semble ne pas faire autant de cas des dons de Bacchus que de ceux de Cérès, de Palès & de Po-