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ficielle des sels neutres & dans les premieres épreuves des eaux minérales. Voyez Saturation, (Chimie.), & Minérales, eaux ; & comme la plus foible portion d’acide ou d’alkali nud se manifeste par ce signe, avantage qu’on ne trouve dans aucun autre moyen chimique, cet emploi de la teinture de violettes est fort commode, & assez fidele dans les cas les plus ordinaires. Il est bien supérieur à celui de plusieurs autres couleurs végétales tendres, & notamment à celui de la teinture de tournesol, voyez Tournesol, en ce que cette derniere est très-sensible à l’impression des acides qui la changent en rouge, mais qu’elle est inaltérable par les alkalis. Mais l’artiste doit être prévenu que ce signe n’est pas tellement univoque que toute liqueur saline qui change la teinture de violettes en verd, doive être regardée comme infailliblement alkaline ; car quant au changement en rouge il est du plus constamment aux acides. Les exceptions les plus remarquables quant aux changemens en verd, sont celles-ci : les dissolutions du vitriol, quoique ce sel neutre métallique contienne de l’acide surabondant, Voyez Surabondant, & même l’eau mere de vitriol qui est sensiblement très-acide, changent la teinture des violettes en verd. Plusieurs sels déliquescens à base terreuse exactement neutres changent aussi la teinture de violettes en verd. Le sel marin donne encore une petite teinte verte à cette teinture ; mais il est vraissemblable que ce n’est qu’à raison d’un peu de son eau mere ou de sel à base terreuse, qu’il retient ordinairement dans ses crystaux, c’est-à-dire dans son eau de crystallisation.

La teinture de violettes n’est autre chose qu’une forte infusion à froid dans l’eau, des pétales de violettes bien mondés, sur-tout de leurs calices. Pour avoir cette teinture constamment bleue, & d’un beau bleu, on doit la préparer dans un vaisseau d’étain ; c’est-là le tour de main, arcane qui est pourtant connu aujourd’hui de tous les bons artistes ; & pour se la procurer aussi saturée qu’il est possible, on applique deux ou trois fois sur de nouvelles fleurs, la liqueur colorée par une premiere infusion.

On emploie communément la teinture de violettes réduite en sirop par l’addition d’une portion convenable de sucre très-blanc qu’on fait fondre dans cette teinture, à la chaleur la plus légere d’un bain-marie. Le sucre n’altere point la couleur naturelle de cette teinture, & elle en devient plus durable. L’artiste peut en faire sa provision pour une année entiere, & même pour plusieurs, au lieu que l’infusion de violettes qui n’est point assaisonnée avec le sucre, se corrompt bientôt. (b)

Violette aquatique, (Botar.) les Botanistes nomment cette plante hottonia. Sa fleur est en rose ; elle n’est composée que d’une feuille divisée en cinq segmens ; les divisions pénetront presque jusqu’au fond de la fleur ; il part de son centre un pistil qui dégénere en un fruit-cylindrique, dans lequel sont contenues plusieurs semences spheriques. (D. J.)

Violette, pierre de, ou Lolite, (Hist. nat. Minéral.) lapis violaceus, iolitas. Quelques naturalistes désignent sous ce nom des pierres qui répandent quelquefois une odeur de violette très-marquée. On a remarqué que c’étoit sur-tout pendant les grandes chaleurs, & à la suite des pluies d’orage, que ces sortes de pierres répandoient l’odeur la plus forte. On a trouvé de ces pierres en quelques endroits d’Allemagne. En 1735 on découvrit à Braunlah, dans la principauté de Blankenbourg, une roche ou une espece de grès, composée d’un sable blanc, jaune & noir, qui formoit des masses très-grandes, & qui avoit une odeur de violettes. On rencontre pareillement des pierres avec le même accident en Silésie, dans la partie septentrionale des monts Rie-

semberg, ou monts des géants ; ce sont des cailloux

très-durs, d’un gris de cendre, sur lesquels on trouve attachée une espece de mousse ou de lichen, à qui est dûe l’odeur agréable dont on s’apperçoit. A Aldenberg en Misnie on trouve une espece de géode qui a l’odeur de la racine d’iris ou de la violette. A Lanenstein au même pays, on trouve des pierres de la même qualité. A Frendenstadt dans la forêt noire, & sur-tout à Osterode dans le Hartz, on trouve de grandes masses de rochers qui sont à nud ; la mousse qui y est attachée est d’un jaune orangé, l’intérieur de la pierre est pénétré de l’odeur de violette. Ce lichen ou cette mousse odorante est appellée par Micheli byssus germanica, minima, saxatilis, aurea, violæ martiaæ odòrem spirans. La Suede présente aussi des pierres qui ont une odeur de violette ; & il y a lieu de croire qu’en se donnant la peine d’examiner les pierres par l’odorat, on en trouveroit de semblables en tout pays.

VIOLIER, GIROFLIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) leucoium, gente de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit ou une silique longue & applatie qui a deux panneaux, & qui est divisée en deux loges par une closson mitoyenne. Cette silique renferme des semences plates, rondes & ordinairement frangées. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Violier bulblux, (Botan.) la plus commune des dix especes de narcisso-leucoium de Tournefort est notre violier bulbeux, narcisso-leucoium vulgare, I. R. H. 387, Raii, hist. 1144. Sa racine est bulbeuse, composée de plusieurs tuniques blanches, hormis l’extérieure qui est brune, garnie en-dessous de fibres blanchâtres, d’un goût visqueux, sans presque aucune acrimonie. Elle pousse trois, quatre ou cinq feuilles semblables à celles du porreau, assez larges, sort vertes, lisses, luisantes. Il s’éleve d’entr’elles une tige à la hauteur de plus d’un demi-pié, anguleuse, cannelée, creuse, revêtue avec ses feuilles jusqu’au milieu d’une espece de gaine ou fourreau blanc ; elle ne porte ordinairement qu’une seule fleur au sommet, quelquefois deux, rarement trois.

Cette fleur est le plus souvent à six pétales, quelquefois à sept & à huit : ce qui dépend de la bonté du terroir ; chaque fleur est disposée en maniere de petite cloche panchée, de couleur blanche, avec une pointe marquée d’une tache verdâtre par-dehors, & réfléchie légérement en-dedans, d’une odeur qui n’est point desagréable, semblable, selon Fuschsius, à celle de la violette printanniere, & selon Clusius, à celle de l’aubepine. Lorsque la fleur est passée, son calice devient un fruit membraneux, relevé de trois coins, fait en façon de poire, & divisé intérieurement en trois loges remplies de semences presque rondes, dures, d’un blanc jaunâtre.

Le violier ordinaire croît naturellement dans des prés humides, sur certaines montagnes, dans les forêts ombrageuses & dans les haies ; il fleurit en Février, & disparoit des le mois de Mai. Sa racine subsiste cependant en terre comme celle du narcisse ; c’est par ses bulbes qu’on le multiplie ; car on le transplante volontiers dans les jardins pour l’y cultiver, à cause de sa fleur qui est des plus hâtives. (D. J.)

Violier, (Botanique & Mat. méd.) violier jaune ou giroflier jaune. Voyez Giroflier.

VIOLON, s. m. (Luth.) instrument de musique à cordes & à archet, représenté figure 7. Planche de Lutherie. Cet instrument, comme tous les autres de son espece, est composé de deux tables contournées, comme on voit dans la figure. Celle de dessous est ordinairement e hêtre, & est de deux pieces collées, suivant la largeur. Celle de dessus, sur laquelle porte le chevalet qui soutient les cordes, est de sapin ou de cedre, comme les tables des clavecins ; les deux ta-