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» La place du cardinal-archevêque lui donnoit le droit dangereux d’empêcher le Tellier de confesser le roi. Mais il n’osa pas irriter à ce point son souverain ; & il le laissa avec respect entre les mains de son ennemi. Je crains (écrivit-il à madame de Maintenon) de marquer au roi trop de soumission en donnant les pouvoirs à celui qui les mérite le moins. Je prie Dieu de faire connoître au roi le péril qu’il court, en confiant son ame à un homme de ce caractere ». Essai sur l’histoire générale, tome VII. (Le chevalier de Jaucourt.)

Vire, (Hydraul.) est le bout d’un tronçon de tuyau de grès, qui se met dans l’emboîture d’un autre pour être joints ensemble par le moyen d’un nœud de mastic chaud mêlé avec de la filasse. (K)

Vire, terme de Blason, qui se dit de plusieurs anneaux passés les uns dans les autres, ensorte que les plus petits soient au milieu des plus grands, avec un centre commun, comme aux armoiries d’Albissi & de Virieu. Les Latins les appellent viria.

Vire, la, (Géog. mod.) riviere de France, en Normandie, au diocese de Coutances ou d’Avranches. Elle prend sa source de la butte de Brimbel, sépare le Cotentin du Bessin, & se décharge dans la mer, après avoir reçu dans son cours quelques autres petites rivieres. (D. J.)

VIRELAY, s. m. (Poésie.) petit poëme françois, qui est présentement hors d’usage. Le virelay tourne sur deux rimes seulement, dont la premiere doit dominer dans toute la piece ; l’autre ne vient que de tems en tems pour faire un peu de variété. Le premier, ou même les deux premiers vers du virelay se répetent dans la suite, ou tous deux, ou séparément par maniere de refrain, autant de fois qu’ils tombent à propos, & ces vers ainsi repris doivent encore fermer le virelay. On sent que cette piece de poésie a pris son nom du mot ancien virer, à cause du tour qu’y font les mêmes vers. (D. J.)

VIREMENT, s. m. (Commerce.) terme de banque & de négoce particulierement en usage sur la place du change à Lyon. Il se dit lorsqu’on donne en payement à un autre ce qu’on a droit d’avoir par une lettre ou billet de change, ce qui se nomme virement de partie, de l’ancien mot virer ou tourner, c’est-à dite action par laquelle on change de débiteur ou de créancier, ce qui se fait sur le champ en écrivant ce virement ou changement sur un petit livre, qu’on appelle bilan. Voyez Bilan.

Les viremens de partie sont en usage dans toutes les banques de commerce, & sur-tout à Venise & à Amsterdam. M. Savary remarque que l’établissement s’en fit dans cette derniere ville en 1608 ou 1609, où les particuliers qui lui avoient prêté desespérant qu’elle pût jamais acquitter les dettes immenses qu’elle avoit contractées depuis plus de cinquante ans pour soutenir la guerre contre l’Espagne, demanderent pour leur sûreté qu’on fît un capital de ce qui leur étoit dû, & qu’on donnât à chacun d’eux crédit du montant de sa créance dans un livre de comptes courans qui seroit tenu pour cet effet à l’hôtel de ville, avec faculté de pouvoir assigner à leurs créanciers particuliers ce qu’ils pouvoient leur devoir. La proposition fut agrée, la ville se rendit caution envers les particuliers, tant des anciennes créances que des nouvelles qui pourroient s’y établir. Ce qui fut exécuté avec tant d’ordre & de sûreté, que les négocians trouvant d’ailleurs une extrême facilité à faire leurs payemens par ces viremens de parties ; il n’y a guere de particuliers dans les Provinces-Unies & même dans le reste de l’Europe, pour peu que leur commerce s’étende vers le nord, qui n’y soient intéressés directement ou indirectement. Dict. de commerce.

VIRER, partie, (Commerce.) c’est changer de

débiteur ou de créancier en termes de banque. Toutes parties virées doivent être écrites sur le bilan par les propriétaires, ou par les facteurs qui en sont les porteurs. Voyez Bilan, ibid.

Virer, terme usité en parlant du cabestan, pour dire tourner. Voyez Cabestan.

Virer, (Marine.) c’est tourner sens dessus-dessous, faire capot.

Virer au cabestan, (Marine.) c’est tourner un vaisseau qui amuré d’un bord au plus près, de telle maniere qu’il puisse être amuré de l’autre. C’est aussi faire tourner les barres du cabestan.

Virer de bord, (Marine.) c’est changer de route en mettant au vent un côté du vaisseau pour l’autre.

Virer vent arriere, (Marine.) c’est tourner un vaisseau en lui faisant prendre vent arriere. La méthode ordinaire qu’on suit pour faire cette manœuvre, est de carguer l’artimon, de mettre la barre du gouvernail sous le vent ; & quand le vaisseau a pris son erre pour arriver, de brasser les voiles au vent en continuant toujours à les brasser à mesure que le vaisseau arrive, de maniere que les voiles se trouvent toujours orientées vent arriere, quand il est arrivé au lit du vent : pour comprendre la raison de ceci, voyez Manege du navire.

Virer vent devant, (Marine.) c’est tourner le vaisseau en lui faisant prendre vent devant.

Le p. Hôte a expliqué dans son traité de la manœuvre des vaisseaux, p. 120, plusieurs manœuvres qu’on pratique ordinairement sur mer, pour tourner ainsi le vaisseau. Je ne m’y arrêterai pas, parce que je crois en avoir dit assez à l’article Manege du navire, pour qu’on puisse faire virer le vaisseau vent devant, sans avoir recours à ces regles du pere Hôte.

VIRETON, s. m. (Art milit.) espece de fleche qu’on appelloit ainsi, parce qu’elle viroit ou tournoit en l’air par le moyen des ailerons ou pennons qui lui étoient attachés. Voyez l’hist. de la milice françoise, tome I. p. 419. (Q)

VIREVAUX ou Cabestan, s. m. voyez Cabestan.

VIRGA, (Littérat.) c’est le caducée de Mercure, décrit si noblement par Virgile.

Tum virgam capit, hâc animas ille evocat orco
Pallentes, alias sub tristia tartara mittit,
Dat somnos, adimitque, & lumina morte resignat.
Illâ fretus agit ventos, & turbida tranat
Nubila :

« Il prend son caducée, dont il se sert tantôt pour rappeller les ames des enfers, & tantôt pour les y conduire. Par le secours de cette simple verge, il endort les uns, reveille les autres, & ferme pour toujours les paupieres des mortels. Ce n’est pas tout ; avec le caducée il chasse les vents, les dissipe à son gré, & passe à travers de sombres nuages. » (D. J.)

VIRGAO, (Géog. mod.) ou, selon le p. Hardouin, Urgao. L’itinéraire d’Antonin écrit tantôt Virgao, tantôt Vircao, tantôt Urcao, ville de l’Espagne tarragonoise, selon Pline, l. III. c.j. qui la surnomme Alba. Il est certain que ceux-là se trompent qui prennent Rota, bourgade d’Espagne dans l’Andalousie, sur la côte du golfe de Cadix, pour Virgao ; car Antonin la place loin de la côte entre Calpurniana & Iliturgis. On a découvert à Arjona une inscription citée par Gruter, qui semble indiquer que cette place est l’ancienne Virgao. Cette inscription porte, Munic. Alpense, Urgavon. D. D. (D. J.)

VIRGI, (Géog. anc.) ville d’Espagne, selon Pomponius Mela, l. II. c. vj. qui la met sur le golfe appellé Virginitanus Sinus, & auquel elle donnoit ap-