les développent, je renvoie les curieux à ces observations, & à celles qu’ils feront eux-mêmes. C’est assez d’avertir ici ceux qui veulent s’engager à de plus grandes recherches, de ne pas négliger la peau que les vers-à soie quittent trois fois avant que de filer ; car les yeux, la bouche, les dents, les ornemens de la tête se distinguent encore mieux dans la peau abandonnée, que dans les animaux même. Une bonne observation des changemens du ver-à-soie, de l’état de chenille à celui de nymphe, ou de chrysalide, & delà à celui de teigne ou de papillon, peut donner une idée générale des changemens de toutes les chenilles, quoiqu’il y ait quelques petites différences dans la maniere. Swammerdam assure qu’en y faisant bien attention, on pourroit tracer & distinguer le papillon sous chacune de ces formes, qui n’en sont que les différentes couvertures ou habillemens.
Si l’on presse la queue du ver-à-soie mâle, on trouvera de petits animalcules dans son semen, plus longs que larges ; leur longueur est d’environ le demi-diametre d’un cheveu. M. Bakker dit qu’ayant pris un ver-à-soie mâle, qui ne faisoit que de sortir de son état de teigne, & ayant pressé plusieurs fois & doucement sa queue, il en sortit dans une minute de tems, une petite goutte de liqueur blanche, tirant sur le brun. Il mit promptement cette goutte sur un talc qui étoit prêt à la recevoir ; il la délaya avec un peu d’eau qu’il avoit échauffée dans sa bouche à ce dessein, & il fut agréablement surpris d’y voir quantité de petits animaux qu’elle contenoit, & qui y nageoient avec vigueur : mais pour réussir dans cette expérience, il faut la faire avant que la teigne ait été accouplée avec sa femelle. (D. J.)
Ver a tuyau, espece particuliere de vers marins qui donnerent une terrible allarme à la Hollande dans les années 1731 & 1732, en rongeant les piliers, digues, vaisseaux, &c. de quelques-unes des Provinces-unies.
Les plus gros & les mieux formés que M. Massuet ait vus, avoient été envoyés de Staveren, ville de la Frise, renfermés dans une grosse piece de bois, qui étoit presqu’entierement rongée : voici comment il les décrit.
Ces vers sont un peu plus longs que le doigt du milieu, & ont le corps beaucoup plus gros qu’une plume d’oie. La queue est moins grosse que le reste du corps, & le cou est encore plus mince que la queue. Ils sont d’un gris-cendré, & on leur remarque quelques raies noires, qui s’étendent vers la queue. Leur peau est toute ridée en certains endroits, & forme quelquefois de grosses côtes qui regnent depuis le cou jusqu’à l’endroit où le corps commence à se rétrecir. Leur tête, où l’on ne distingue aucune partie, est renfermée entre deux coquilles qui forment ensemble comme un bourrelet. Une membrane les joint l’une à l’autre par derriere, & les attache en même tems à la tête. Par devant elles sont séparées, & un peu recourbées en dedans.
Lorsqu’on les examine de près, on voit qu’elles ont à l’extrémité intérieure une espece de bouton extrèmement petit, qui est de même substance que le reste de la coquille. Elles ont encore toutes les deux une entaille, qui ne semble être faite que pour donner lieu à la tête de pouvoir s’étendre, & s’élargir sur les côtés. En effet, le sommet de la tête est tout à découvert & de figure oblongue, de maniere que les deux bouts qui ont le plus d’étendue, répondent directement aux deux entaillures. On voit encore de chaque côté au bas, ou au défaut du bourrelet, une sorte d’alongement un peu arrondi, & tourné vers le dos : telle est la forme du casque.
Mais il y a encore quelque chose de bien remarquable dans ces insectes. Ce sont deux petits corps blanchâtres & fort durs, placés aux deux côtés de
trois fibres charnues, par lesquelles la queue finit. Ces corps sont à-peu-près de la longueur de ces fibres, qu’ils compriment & qu’ils tiennent comme assujetties au milieu d’eux. Ils sont attachés à un pédoncule fort délié & assez court, qui part comme les fibres de l’extrémité de la queue. Ils sont un peu applatis & de figure oblongue. On voit à leur extrémité une échancrure qui représente assez bien un v renversé. Chacun de ces petits corps ou appendices est composé de deux lames, entre lesquelles on apperçoit dans le fond de l’échancrure un trou qui pénetre jusqu’aux pédoncules. Ce conduit forme entre les deux lames une espece de concavité, qui fait qu’elles paroissent un peu relevées en dehors. On conçoit aisément par la maniere dont ces corps sont taillés, qu’ils doivent être fourchus ; aussi le sont-ils vers leur extrémité. Ils sont même fort durs, fermes, & d’une substance pareille à celle des yeux d’écrevisse : c’est du moins ce qui paroit lorsqu’on les a réduits en poudre. Ils ne perdent rien de leur volume après la mort du ver, quoique le reste du corps se réduise presque à rien lorsqu’on le fait sécher.
Un corps aussi mou & aussi foible que l’est celui des vers en question, avoit besoin de quelque enveloppe particuliere qui le mit à l’abri de toutes les injures des corps étrangers. Aussi étoient-ils tous renfermés dans des tuyaux de figure cylindrique, blanchâtres, quelquefois assez minces, d’autres fois fort durs & fort épais. La superficie interne de ces tuyaux étoit beaucoup plus lissée que l’externe, qui paroissoit raboteuse en certains endroits. Ils sembloient faits de la même matiere qui compose les premieres lames de la surface interne des écailles d’huitres ; mais ils sont ordinairement moins dures, & se brisent plus aisément. Ceux des gros vers étoient toujours beaucoup plus épais & plus fermes que ceux des petits.
Dans un grand nombre de ces tuyaux on pouvoit introduire une grosse plume d’oie.
Lorsque le bois n’étoit pas encore fort endommagé, ils étoient pour la plupart disposés selon le fil du bois ; mais aux endroits où le bois se trouvoit entierement vermoulu, on en trouvoit qui étoient placés de biais, en travers & presque en tous sens.
La formation de ces tuyaux s’explique comme celle des coquilles, qui sont la demeure des limaçons. Tous les animaux de quelque espece qu’ils soient, transpirent ; il sort de leur corps par une infinité de petits vaisseaux excrétoires une humeur plus ou moins subtile, & qui est différente selon la nature de chaque espece d’animaux : cette excrétion se fait à chaque instant.
Les vaisseaux qui portent cette matiere hors du corps, se voient presque toujours à l’aide d’un microscope : on les découvre même sans le secours de cet instrument, dans la plupart des limaçons. Lorsque cette humeur est portée hors des vaisseaux, on la remarque souvent sur la superficie du corps, où elle s’arrête en abondance. Celle des limaçons & des vers à tuyau est épaisse, visqueuse & fort tenace. Au lieu de s’évaporer en l’air comme celle des autres animaux, elle s’arrête autour du ver, & forme insensiblement une enveloppe dont il est lui-même le moule. Cette enveloppe est d’abord extrèmement mince ; mais avec le tems de nouvelles parties qui s’exhalent du corps du ver, s’entassent les unes sur les autres, & forment de cette maniere diverses couches qui rendent le tuyau & plus épais, & plus ferme qu’il n’étoit dans sa premier origine. Voyez l’ouvrage de M. Massuet intitulé, Recherches intéressantes sur l’origine, la formation, &c. de diverses especes de vers à tuyau qui infectent les vaisseaux, les digues, &c. de quelques-unes des Provinces-unies.
Ver-de-fil, s. m. (Hist. nat. des insect.) en latin seta ; ver aquatique & terrestre, de la grosseur d’un