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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/41

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fil ou d’une soie. Les chenilles en nourrissent quelquefois dans leurs entrailles, & l’on a vu telle chenille longue d’un pouce, fournir de ces vers qui ont plusieurs pouces de longueur, & qui ne sont pas à beaucoup près si gros que la chanterelle d’un violon. Ce ver ressemble tellement à une corde de boyau, qu’à moins de l’avoir vu remuer, on auroit de la peine à se persuader que ce fut un animal. (D. J.)

Ver de Guinée, maladie à laquelle les negres sont sujets. C’est un corps étranger, espece de ver de la grosseur d’un gros fil, ayant quelquefois plusieurs aunes de longueur. Il croît entre cuir & chair, s’insinuant insensiblement dans toutes les parties du corps, où il occasionne des enflûres & des douleurs, moins vives à la vérité qu’elles ne sont fatiguantes & ennuyeuses.

Ce mal ne doit point être négligé. Aussitôt qu’un negre en est soupçonné, il faut le faire baigner & le visiter attentivement ; & si l’on s’apperçoit de quelque élévation en forme de bubon sur la partie tuméfiée, on juge (comme le disent les negres) que la tête du ver est dans cet endroit. Alors on y applique un emplâtre suppuratif pour ouvrir le bubon, & découvrir la cause du mal. En effet, on remarque au milieu de la plaie une espece de petit nerf, qui n’a guere plus d’apparence qu’un gros fil blanc. Il s’agit de le tirer en dehors avec beaucoup d’adresse & de patience, pour ne pas le rompre, car il s’ensuivroit des accidens fâcheux.

Le moyen le plus en usage dans toute l’Amérique, est de lier cette extrémité apparente avec une soie ou un fil, dont on laisse pendre les deux bouts de trois ou quatre pouces, pour les rouler bien doucement autour d’un petit bâton ou d’une carte roulée. Pour peu qu’on sente de résistance, il faut arrêter sur le champ, & frotter la plaie avec un peu d’huile, appliquant par-dessus la carte une compresse qu’on assujettit sur la partie avec un bandage médiocrement serré. Vingt-quatre heures après on recommence l’opération, continuant de rouler le nerf, en pratiquant à chaque fois qu’il résiste le même traitement dont on vient de parler.

Cette opération est délicate & longue, mais très-sûre. Lorsque le prétendu ver est sorti, il ne s’agit plus que de guérir la plaie suivant les méthodes ordinaires ; ensuite on purge le malade qui recouvre ses forces & son embonpoint en fort peu de tems.

L’origine de ce mal (que les Espagnols nomment culebrilla, petit serpent) n’est pas bien connue. Les moins ignorans en attribuent la cause à la malignité des humeurs, déposées & fixées dans quelque partie du tissu cellulaire.

D’autres, sans aucun fondement, croient que le ver de Guinée se forme par l’insertion d’un petit insecte, répandu dans l’air ou dans l’eau de certaines rivieres. Si cela étoit, pourquoi les hommes blancs, & les negres créols qui se baignent souvent, ne seroient-ils pas infectés de cette vermine aussi fréquemment que le sont les negres bossals ou étrangers, venus de la côte d’Afrique dans les terres de l’Amérique ? Il y a cependant quelques exemples de negres créols attaqués de ce mal ; mais ils sont très rares, & l’on peut conjecturer que dès leur naissance ils en avoient déjà contracté le principe de parens africains.

J’ai aussi connu en Amérique, quelques blancs qui dans l’île de Curaçao & sur la côte de Carthagene, avoient été guéris de la culebrilla ; ils prétendoient n’en avoir ressenti les effets qu’après s’être baignés dans des eaux stagnantes. Si ce fait est véritable, il prouve en faveur de ceux qui admettent l’insertion des insectes.

Ver de terre, (Insectolog.) le ver de terre, quelque vil & méprisable qu’il paroisse, ne laisse pas d’ê-

tre pourvu de tous les organes dont il a besoin. Ses

intestins & ses articulations sont merveilleusement formées ; son corps n’est qu’une enchaînure de muscles circulaires ; leurs fibres, en se contractant, rendent d’abord chaque anneau plus renflé, & s’étendant ensuite, les rendent plus longs & plus minces : ce qui contribue à faire que l’insecte pénetre plus aisément dans la terre.

Son mouvement, lorsqu’il rampe, est semblable à celui qu’on voit faire à un fil, quand après l’avoir étendu, on en lâche un des bouts ; le bout relâché est attiré par celui que l’on tient. Il en est à-peu-près de même du ver. Il s’étend & s’accroche par les inégalités de sa partie anterieure ; & sa partie postérieure ayant lâché prise, le ver se raccourcit, & son bout postérieur s’approche de l’autre.

Ce qui facilite ce mouvement élastique, est que ces vers ont à la partie antérieure des crochets par où ils s’accrochent à leur partie postérieure. En faisant des efforts, comme pour se redresser lorsqu’ils se sont pliés en double, ces crochets lâchent tout-à-coup prise, & causent ces élancemens par lesquels l’insecte saute d’un lieu à un autre. Lyonnet. (D. J.)

Ver luisant, (Insectolog.) petit insecte remarquable pour briller dans l’obscurité. Nos auteurs le nomment pyrolampis, cicendela fæmina volans ; & cette derniere denomination est fort juste ; car il n’y a que le ver femelle qui brille dans l’obscurité ; le mâle ne brille point du tout.

Autre singularité ; la femelle ne se transforme jamais, & le mâle subit un changement de forme total ; c’est un scarabée aîlé, & sa femelle un insecte rampant à six jambes, qui n’a presque aucun rapport avec le mâle.

Le corps de celui-ci est oblong & un peu plat ; ses aîles sont plus courtes que son corps ; sa tête est large & plate ; ses yeux sont gros & noirs.

La femelle marche lentement, & a beaucoup de ressemblance à la chenille ; sa tête est petite, applatie, pointue vers le museau, dure & noire ; ses trompes sont petites, & ses jambes de médiocre longueur ; son corps est plat & formé de douze anneaux, au lieu que le corps du mâle n’en a que cinq ; sa couleur est brune avec une moucheture de blanc sur le bas du dos.

On trouve souvent le ver luisant pendant le jour ; mais dans la nuit on le distingue aisément de tout autre insecte par la clarté brillante qu’il jette près de la queue, & cette clarté sort du dessous du corps ; c’est cette lueur qui instruit le mâle de quel côté il doit voler ; d’ailleurs ce phare qui guide le mâle au lieu où est sa femelle, n’est pas toujours allumé, dit quelque part M. de Fontenelle. Parlons plus simplement : les vers femelles ne luisent que dans les tems chauds, qui sont peut-être ceux que la nature a destinés à leur accouplement.

On peut voir sur cet insecte les observations de Richard Waller dans les Transactions philosophiques. Il est fort bien représenté dans le théatre des insectes de Mouflet.

On a parlé du scarabée luisant du Brésil au mot Cucuio, & nous parlerons de celui de Surinam au mot viéleur, qui est le nom que les Hollandois lui ont donné ; voyez donc Viéleur. (D. J.)

Ver-macaque, s. m. (Hist. nat.) le ver appellé dans les Indes orientales culebrilla, chez les Maynas suglacuru, est le même qu’on nomme à Cayenne ver-macaque, c’est-à-dire ver-singe ; sa tête & sa queue, disent quelques-uns de nos auteurs, sont extraordinairement minces & pointues ; son corps est très-délié, & a plusieurs pouces de long ; cet animal se loge entre cuir & chair, & y excite une tumeur de la grosseur d’une feve. On se sert d’onguent émollient pour amollir cette tumeur, & préparer une issue à la