Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quefois elle en est séparée dans ce qu’il commande, conseille ou défend ; mais elle n’y est jamais unie dans ce qu’il permet quant au péché ; car ce seroit un blasphême que de dire que Dieu veut intérieurement & réellement qu’on commette le péché.

La volonté de bon plaisir se divise en volonté antécédente & volonté conséquente. Par volonté antécédente on entend celle qui considere un objet en lui-même, abstraction faite des circonstances particulieres & personnelles ; on l’appelle ordinairement volonté de bonté & de miséricorde. La volonté conséquente est celle qui considere son objet accompagné & revêtu de toutes ses circonstances tant générales que particulieres. On la nomme aussi volonté de justice. On trouve cette distinction dans S. Chrysostome, homel. 1. sur l’épître aux Ephésiens ; dans S. Jean Damascene, lib. II. de fid. orthodox. cap. xxix. & plus expressément encore dans S. Thomas, part. I. quest. XIX. art. 6, respons. ad 1.

La volonté efficace en Dieu est celle qui a toujours son effet. La volonté inefficace est celle qui est privée de son effet par la résistance de l’homme.

Enfin par volonté absolue on entend celle qui ne dépend d’aucune condition, mais uniquement des decrets libres de Dieu, telle qu’a été la volonté de créer le monde ; & par volonté conditionnée l’on entend celle qui dépend d’une condition ; telle est la volonté de sauver tous les hommes, pourvû qu’eux-mêmes veuillent coopérer à la grace, & observer les commandemens de Dieu.

Que Dieu veuille sauver tous les hommes, c’est une vérité de foi clairement exprimée dans les Ecritures ; mais de quelle volonté le veut-il ? C’est un point sur lequel ont erré divers hérétiques, & qui partage extrèmement les théologiens.

Les Pélagiens & les semi-Pélagiens ont prétendu que Dieu vouloit sauver indifféremment tous les hommes, sans prédilection particuliere pour les élus, & qu’en conséquence Jesus-Christ avoit versé son sang pour tous les hommes également. Les Prédestinatiens au contraire ont avancé que Jesus-Christ n’étoit mort que pour les élus, & que Dieu ne vouloit sincerement le salut que des seuls prédestinés Calvin a soutenu la même erreur, & Jansénius l’a imité, quoique d’une maniere plus captieuse & plus enveloppée ; car il reconnoit que Dieu veut le salut de tous les hommes, en ce sens que nul n’est sauvé que par sa volonté, ou que le mot tous se doit entendre de plusieurs, d’un grand nombre, ou enfin parce qu’il leur inspire le desir & la volonté de se sauver. Mais toutes ces explications sont insuffisantes. Le véritable nœud de la difficulté est de savoir si Dieu prépare ou confere sincerement à tous les hommes des graces vraiment suffisantes pour opérer leur salut, & c’est ce que Jansénius & ses disciples refusent de reconnoître.

Parmi les théologiens quelques-uns, comme Hugues de Saint-Victor, Robert Pullus, &c. disent que la volonté de Dieu pour le salut de tous les hommes, n’est qu’une volonté de signe, parce qu’ils n’admettent en Dieu de volonté vraie & réelle que celle qui est efficace, & qu’il est de fait que tous les hommes ne se sauvent pas ; mais d’un autre côté, ils reconnoissent qu’en conséquence de cette volonté de signe, Dieu donne aux hommes des graces vraiment suffisantes.

D’autres, comme S. Bonaventure & Scot, admettent en Dieu une volonté antécédente, vraie, réelle & de bon plaisir pour le salut de tous les hommes ; mais, selon eux, elle n’a pour objet que les graces vraiment suffisantes qui précedent le salut ; & c’est pour cela qu’ils la nomment volonté antécédente.

Sylvius, Estius, Bannez, &c. enseignent que cette volonté antécédente pour le salut de tous les hommes n’est pas proprement & formellement en Dieu, mais

seulement virtuellement & éminemment, parce que Dieu est une source infinie de bonté & de miséricorde, & qu’il offre à tous les hommes des moyens généraux & suffisans de salut.

Aureolus, Suarez & d’autres expliquent cette volonté antécédente d’un amour de complaisance en Dieu pour le salut de tous les hommes, amour nécessaire & actif, qui leur prépare des graces avec lesquelles ils se sauveroient s’ils en usoient bien.

Vasquez distingue entre les adultes & les enfans. Il prétend que Dieu veut d’une volonté antécédente & sincere le salut des premiers, mais qu’on ne peut pas dire la même chose des enfans qui meurent dans le sein de leur mere, & auxquels on n’a pas pu conférer le baptème.

Enfin Lemos, Alvarès, Gamache, Isambert, Duval, Bellarmin, Tournely & la plûpart des théologiens modernes pensent que Dieu veut d’une volonté antécédente, vraie, réelle & formelle le salut de tous les hommes, même des reprouvés & des enfans qui meurent sans baptême, & qu’il leur prépare, leur offre ou leur confere des moyens suffisans de salut, & que Jesus-Christ est mort & a répandu son sang pour le salut d’autres que des prédestinés.

On convient cependant généralement que Dieu ne veut d’une volonté conséquente le salut que des seuls élus, & que c’est aussi d’une volonté absolue, conséquente & efficace, que Jesus-Christ est mort pour le salut des prédestinés ; car, comme le dit expressément le concile de Trente, sess. V. c. iij. quoique le Sauveur du monde soit mort pour tous, tous néanmoins ne reçoivent pas le bienfait de sa mort.

Volonté derniere, (Jurisprud.) est une disposition faite en vue de la mort, & que celui qui dispose, regarde comme la derniere qu’il fera, quoiqu’il puisse arriver qu’il en change : les actes de derniere volonté, sont les testamens & codiciles, les partages des peres entre leurs enfans. Voyez Codicille, Testament, Partage. (A)

VOLP, le, (Géog. mod.) riviere de France, dans le Languedoc, au diocèse de Rieux. Elle se jette dans la Garonne, près de Tersac. Castel prétend que son nom latin doit être Volvestria, qui a donné le nom à un quartier du diocèse de Rieux. (D. J.)

VOLSAS-SINUS, (Géog. anc.) golfe de la grande Bretagne. Ptolomée le marque sur la côte septentrionale, entre les embouchures des fleuves Itys & Nobœus. Ce pourroit être aujourd’hui Sandset-Head. (D. J.)

VOLSINII, (Géogr. anc.) Volcinii, Vulsinii ou Vulsunii, ville d’Etrurie située au bord du lac de son nom, Volsiniensis Lacus, duquel Pline, l. XXXVI. c. xxij. & Vitruve, l. II. c. ij. rapportent quelques particularités. Volsinii, aujourd’hui Bolsena, étoit renommée par la richesse de ses habitans, les plus opulens des Etrusques.

Cette ville étoit la patrie de Séjan. Tacite & Suétonne vous peindront son odieux caractere, sa puissance & ses crimes. Rusé, lâche, orgueilleux, délateur, plein de retenue au-dehors, dévoré en-dedans d’une ambition insatiable, il parvint par ses artifices à être le dépositaire des secrets de Tibere, qui souffrit que l’image de son favori fût révérée dans les places publiques, sur les théatres & dans les armées. Séjan corrompit la femme de Drusus, & voulut l’épouser, après avoir empoisonné son mari. Agrippine, Germanicus & ses fils périrent par les artifices de ce monstre. Il porta son insolence jusqu’à jouer Tibere même dans une comédie. Ce prince en étant instruit, donna ordre au sénat de poursuivre Séjan ; il fut le même jour arrêté, jugé & étranglé en prison. On est indigné de le voir peint par Paterculus comme un des plus vertueux personnages qu’ait eu la république romaine. Mais voilà ce qui doit arriver aux his-