Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/571

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mourir, quoique peut-être il n’ait jamais été vu par la personne qui est douée de la seconde vue, son image ne laissera pas de lui apparoître distinctement sous sa forme naturelle, avec son drap mortuaire & tout l’équipage de ses funérailles : après quoi la personne qui a apparu meurt immanquablement.

Le don de la seconde vue n’est point une qualité héréditaire : la personne qui en est douée, ne peut l’exercer à volonté ; elle ne sauroit l’empêcher, ni la communiquer à un autre, mais elle lui vient involontairement, & s’exerce sur elle arbitrairement ; souvent elle y cause un grand trouble & une grande frayeur, particulierement dans les jeunes gens qui ont cette propriété.

Il y a un grand nombre de circonstances qui accompagnent ces visions, par l’observation desquelles on connoît les circonstances particulieres, telles que celles du tems, du lieu, &c. de la mort, de la personne qui a apparu.

La méthode d’en juger & de les interpréter est devenue une espece d’art, qui est très-différent suivant les différentes personnes.

La seconde vue est regardée ici comme une tache, ou comme une chose honteuse ; de sorte que personne n’ose publiquement faire semblant d’en être doué : un grand nombre le cachent & le dissimulent.

Vue, s. f. (Archit.) ce mot se dit de toutes sortes d’ouvertures par lesquelles on reçoit le jour ; les vues d’appui sont les plus ordinaires, elles ont trois piés d’enseuillement, & au-dessous.

Vue ou jour de coutume. C’est dans un mur non mitoyen, une fenêtre dont l’appui doit être à neuf piés d’enseuillement du rez de chaussée, pris au-dedans de l’héritage de celui qui en a besoin, & à sept pour les autres étages, & même à cinq selon l’exhaussement des planchers ; le tout à fer maillé, & verre dormant. Ces sortes de vues sont encore appellées vues hautes, & dans le droit vues mortes.

Vue à tems. Vue dont on jouit par titre pour un tems limité.

Vue de côté. Vue qui est prise dans un mur de face, & qui est distante de deux piés du milieu d’un mur mitoyen en retour, jusque au tableau de la croisée. On la nomme plutôt bée que vue.

Vue de prospect. Vue libre dont on jouit par titre, ou par autorité seigneuriale, jusqu’à une certaine distance & largeur, devant laquelle personne ne peut bâtir, ni même planter aucun arbre.

Vue dérobée. Petite fenêtre pratiquée au-dessus d’une plinthe, ou d’une corniche, ou dans quelque ornement, pour éclairer en abat-jour des entre-sols ou petites pieces, & pour ne point corrompre la décoration d’une façade.

Vue de terre. Espece de soupirail au rez de-chaussée d’une cour, ou même d’un lieu couvert, qui sert à éclairer quelque piece d’un étage souterrein, par le moyen d’une pierre percée, d’une grille, ou d’un treillis de fer. Telle est la vue de la cave de S. Denis de la Chartre à Paris.

Vue droite. Vue qui est directement opposée à l’héritage, maison ou place d’un voisin, & qui ne peut être à hauteur d’appui, s’il n’y a six piés de distance depuis le milieu du mur mitoyen, jusque à la même vue ; mais si elle est sur une ruelle qui n’ait que trois ou quatre piés de large, il n’y a aucune sujetion, parce que c’est un passage public.

Vue enfilée. Fenêtre directement opposée à celle d’un voisin, étant à même hauteur d’appui.

Vue faîtiere. Nom général qu’on donne à tout petit jour, comme une lucarne, ou un œil de bœuf pris vers le faîte d’un comble, ou la pointe d’un pignon.

Vue de servitude. Vue qu’on est obligé de souffrir,

en vertu d’un titre qui en donne la jouissance au voisin.

Vue de souffrance. Vue dont on a la jouissance par tolérance ou consentement d’un voisin, sans titre.

Vue désigne encore l’aspect d’un bâtiment ; on l’appelle vue de front, lorsqu’on le regarde du point du milieu ; vue de côté, quand on le voit par le flanc ; & vue d’angle, par l’encoignure.

Vue à-plomb. C’est une inspection perpendiculaire du dessus des combles & terrasses d’un bâtiment, considérés dans leur étendue en raccourci. Quelques architectes l’appellent improprement plan des combles.

Vue d’oiseau. C’est la représentation d’un plan supposé vu en l’air. (D. J.)

Vue ou Veue, (Marine.) être à vue, avoir la vue ; c’est découvrir & avoir connoissance. Voyez encore Non-vue.

Vue par vue, et Cours par cours, (Marine.) cela signifie qu’on regle la navigation par les remarques de l’apparence des terres, comme on le pratiquoit avant la découverte de la boussole.

Vue, s. f. (Commerce de change.) ce mot signifie, en terme de commerce de lettres-de-change, le jour de la présentation d’une lettre à celui sur qui elle est tirée, & qui la doit payer, par celui qui en est le porteur ou qui la doit recevoir. Quand on dit qu’une lettre est payable à vûe, on entend qu’elle doit être payée sur le champ, sans remise, & dans le moment même qu’on la présente à la vûe de celui sur qui elle est tirée, sans avoir besoin ni d’acceptation ni d’autre acte équivalent. Ricard. (D. J.)

Vue, (Chasse.) chasser à vûe, c’est voir la bête en la courant.

UVÉE, adj. (terme d’Anatomie.) ou aciniformis tunica, est la troisieme tunique de l’œil ; on l’appelle ainsi, parce qu’elle ressemble par sa couleur & par sa figure à un grain de raisin. Voyez Oeil.

C’est un cercle membraneux qui soutient la cornée comme un segment de sphere, dont la face antérieure est particulierement appellée iris, & qui est percé dans son milieu d’un trou qu’on nomme prunelle ou pupille ; il est rond dans l’homme, & quelquefois oblong, comme dans les chats, ou de plusieurs autres figures. Voyez Iris & Prunelle.

La face postérieure de ce cercle, & plus particulierement l’uvée, se distingue à peine dans l’homme ; c’est une lame différente dans la baleine. Elle est de même que l’antérieure faite de fibres rayonnées dans l’homme plus rares & plus courtes. Ruysch les appelle tendineuses, & dit qu’il y en a d’orbiculaires, dans quelques animaux, tels que le veau & la baleine. Winslow admet les orbiculaires, ainsi que Cheselden, &c. mais après Mery, Morgagni les nie. On ne les trouve ni dans l’homme ni dans le bœuf. Ruisch leur a donné le nom de procés ciliaires, & après lui, Winslow, Hovius, &c. Hovius prétend qu’elles sont couvertes de deux lames, l’une nevro-lymphatique, & l’autre papillaire.

Les nerfs ciliaires se distribuent, après avoir fourni quelques filets à la choroïde, aux procés ciliaires.

Quant aux arterés & aux veines, voyez l’article Iris.

VUIDANGE, s. f. (Archie.) c’est le transport des décombres ou ordures qu’on ôte d’un lieu ; & comme on connoît trois sortes de transports principaux dans l’art de bâtir, nous allons faire, sous ce terme, trois articles séparés.

Vuidange d’eau, c’est l’étanche qui se fait de l’eau d’un batardeau, par le moyen de moulins, chapelets, vis d’Archimede & autres machines, pour le mettre à sec & y pouvoir fonder.

Vuidange de forêt, c’est l’enlevement des bois abattus dans une forêt, qui doit être incessamment fait