Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/666

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on l’appelle communément le maître yaw ; il a couté la vie à plusieurs negres, parce que quelques praticiens se sont imaginé qu’il falloit exciter une seconde, & même une troisieme salivation, tandis qu’il auroit suffi pour consumer ce champignon, qui n’est plus qu’un vice local, d’employer pendant quelques jours les corrosifs seuls, tel que le précipité rouge, de les unir ensuite avec quelque suppuratif, d’avoir recours enfin aux sarcotiques.

Après que les yaws sont guéris, il y a des malades à qui il survient des especes de charbon aux piés, qui leur rendent l’usage de ces parties ou impossible, ou très-douloureux ; quelquefois toute la partie du pié est affectée au point qu’ils ne peuvent souffrir qu’on y touche ; & d’autres fois, il n’y a qu’une tache d’une médiocre largeur ; on croit que cette seconde maladie est dûe à l’humeur viciée qui n’a pu avoir son issue aussi facilement par les piés, à cause de la dureté de l’épiderme. Les negres ayant coutume d’aller piés nuds ; cette nouvelle affection se dissipe aussi, dès que par le moyen de l’inflammation, le champignon suppure & se fond tout-à-fait : quelquefois cette chair fongueuse n’est consumée qu’après plusieurs années par des inflammations ou des suppurations qui reviennent fréquemment, ou par des caustiques appropriés ; les maîtres des habitations des negres ont différentes recettes pour réussir à dissiper cet accident, mais la plus sûre consiste dans les bains & dans la destruction de l’épiderme, après quoi on procede comme pour le maître yaw ; on doit éviter les caustiques trop actifs, & avoir attention qu’ils ne portent pas jusqu’aux tendons & au périoste.

Cette maladie se traite de même dans les enfans que dans les grandes personnes ; on doit seulement prendre garde de ne pas exciter une salivation trop forte, il suffit de leur tenir la bouche un peu ulcerée ; peut-être même pourroit-on ménager le mercure de façon qu’il ne portât point du tout à la bouche ; alors il faudroit le donner à plus petite dose, & le continuer plus long-tems ; les enfans qui sont à la mamelle sont guéris par les remedes qu’on fait prendre à leur nourrice, ou à leur mere ; car la barbare coutume, qui chez les nations policées a fait distinguer ces deux titres, n’est pas suivie, pas même connue par des peuples, qui ne sont dirigés que par le flambeau lumineux & certain de la nature. (m)

YAYAUHQUITOTOTL, s. m. (Hist. nat. Ornit.) nom indien d’un oiseau d’Amérique décrit par Nieremberg, & qui est remarquable pour avoir deux plumes de la queue plus longues que les autres, en partie nues, & seulement garnies à l’extrémité de petits poils noirs & bleux. Cet oiseau est de la grosseur d’un étourneau, mais son plumage est admirablement mélangé de gris, de jaune, de verd & de bleu. Ray pense que c’est le même oiseau dont parle Marggrave sous le nom de guaira-guainumbi. (D. J.)

YB

YBAGUE, (Géog. mod.) petite ville de l’Amérique méridionale, au nouveau royaume de Grenade, près de la province de Papayan, & à 30 lieues de Santa-Fé ; vers l’ouest. (D. J.)

YBOUYAPAP, (Géog. mod.) montagne de l’Amérique méridionale, dans l’île de Maragnan. C’est une montagne extrémement haute, & dont le sommet s’étend en une plaine immense, tant en longueur qu’en largeur.

YC

YCHO, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante du Pérou qui ressemble assez au petit jonc, excepté qu’elle est un peu plus menue, & qu’elle se termine en pointe.

Toutes les montagnes de la Puna en sont couvertes, & c’est la nourriture ordinaire des Llamas. (D. J.)

YD

YDAUZQUERIT, (Géog. mod.) contrée d’Afrique, dans le Sus de Numidie, du côté du Zara, ou du Désert. Elle est fertile, renferme plusieurs places, & est habitée par des communautés de Béréberes. (D. J.)

YE

YE, (Géog. mod.) les Hollandois lui ajoutent en leur langue l’article het, qui marque le neutre. Quelques françois, trompés par cette prononciation, disent le Tey, parce que l’y, chez les Hollandois, se prononce comme notre ei ; & ces françois ajoutent notre article à l’article hollandois, ce qui fait un plaisant effet.

Il seroit difficile à présent de déterminer ce que c’est que l’Ye, ruisseau qui donne son nom à cet amas d’eau. On appelle aujourd’hui Ye, une étendue d’eau qui est entre Beverwick & le Pampus, & dont le port d’Amsterdam fait partie. C’est une continuation de la Zuiderzée, & qui lui sert de décharge dans les vents du nord. Cette étendue d’eau reçoit les eaux de plusieurs lacs de la Nord-Hollande, & celle de la mer de Harlem, à laquelle elle communique par de belles écluses. Les barques chargées passent de l’Ye dans la mer de Haerlem, par Sparendam. Voyez y l’. (D. J.)

YEBLE, s. m. (Botan.) c’est le sambucus humilis, sive ebulus, C. B. P. 456. I. R. H. 606. en effet, cette plante ressemble fort au sureau, elle s’éleve rarement à la hauteur de quatre piés, & très-souvent à celle de deux. Sa racine est longue, de la grosseur du doigt : elle n’est point ligneuse, mais charnue, blanche, éparse de côté & d’autre, d’une saveur amere, un peu âcre, & qui cause des nausées. Ses tiges sont herbacées, cannelées, anguleuses, moëlleuses, comme celles du sureau, & elles périssent en hiver. Ses feuilles sont placées avec symmétrie, & sont composées de trois ou quatre paires de petites feuilles, portées sur une côte épaisse, terminées par une feuille impaire. Ces petites feuilles sont plus longues, plus aiguës, plus dentelées, & d’une odeur plus forte que celle du sureau.

Ses fleurs sont disposées en parasol, petites, nombreuses, odorantes, d’une odeur approchante de celles de la pâte d’amandes, d’une seule piece, en rosette. partagées en cinq parties, dont le fond est percé par la pointe ou calice en maniere de clou, au milieu de cinq étamines blanches, chargées de sommets roussâtres.

Après le regne des fleurs, les calices se changent en des fruits ou des baies noires dans la maturité, anguleuses, gaudronnées d’abord, & presque triangulaires, mais ensuite plus rondes, & pleines d’un suc qui tache les mains d’une couleur de pourpre ; elles renferment des graines oblongues, au nombre de trois, convexes d’un côté, & de l’autre anguleuses. On trouve fréquemment cette plante le long des grands chemins, & des terres labourées. (D. J.)

Yéble, (Mat. méd.) toutes les parties de cette plante sont d’usage, & elles sont toutes purgatives, à l’exception des fleurs, qui sont comptées parmi les remedes sudorifiques.

Les racines d’yéble, & surtout leur écorce, fournissent un purgatif hydragogue très-puissant. L’écorce moyenne de la tige est aussi un purgatif très fort.

Ces remedes sont très-usités dans les hydropisies, & ils servent en effet utilement dans cette maladie,