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chapeaux, & les enlever facilement. V. Chapeau. Voyez la fig. 4. Pl. du Chapelier.

Bassin a barbe, est une espece de plat creux, rond, & quelquefois ovale, dont les Barbiers-Perruquiers se servent pour savonner le visage des personnes qu’ils rasent. Ce plat est toûjours échancré par un de ses côtés, afin de pouvoir être serré près du cou de la personne qu’on savonne, de peur que l’eau de savon qui tombe du visage ne coule le long du cou & sur les habits.

Les bassins à barbe se font de plusieurs sortes de matieres ; il y en a de fayence, de porcelaine, d’étain, de cuivre, d’argent, &c. Voyez sa fig. Plan. du Perruquier.

Bassin, s. m. (Lunetier.) les Miroitiers-Lunetiers se servent de divers bassins de cuivre, de fer ou de métal composé, les uns grands, les autres plus petis, ceux-ci plus profonds, ceux-là moins, suivant le foyer des verres qu’ils veulent travailler. Voyez les fig. 1. & 2. Pl. du Lunetier ; la premiere représente un bassin de six pouces de foyer ; B le bassin, A son profil : la seconde représente un bassin de trois pouces de foyer ; B est le bassin, & C son profil. Ces bassins sont représentés dans les figures scellées sur la table de l’établi.

C’est dans ces bassins que se font les verres convexes : les spheres, qu’on nomme autrement des boules, servent pour les verres concaves ; & le rondeau, pour les verres dont la superficie doit être plane & unie. Voyez ces deux derniers outils à leurs lettres.

On travaille les verres au bassin de deux manieres : pour l’une l’on attache le bassin à l’arbre d’un tour, & l’on y use la piece, qui tient avec du ciment à une molette de bois, en la présentant & la tenant ferme de la main droite dans la cavite du bassin, tandis qu’on lui donne avec le pié un mouvement convenable : pour l’autre, on affermit le bassin sur un billot ou sur un établi, n’y ayant que la molette garnie de son verre qui soit mobile. Les bassins pour le tour sont petits, & ne passent guere six à sept pouces de diametre : les autres sont très-grands, & ont plus de deux piés de diametre.

Pour dégrossir les verres qu’on travaille au bassin, on se sert de grès & de gros émeri : on les adoucit avec les mêmes matieres, mais plus fines, & tamisées : le tripoli & la potée servent à les polir : enfin on en acheve le poliment au papier, c’est-à-dire, sur un papier qu’on colle au fond du bassin. Quelques-uns appellent ces bassins des moules, mais improprement. Voyez Miroitier & Lunette.

La maniere la plus convenable pour faire ces bassins, est le fer & le laiton, l’un & l’autre le plus doux qu’on puisse trouver : car comme ils doivent être formés sur le tour, la matiere en doit être traitable & douce, mais pourtant assez ferme pour bien retenir sa forme dans le travail des verres. Ces deux sortes de matieres sont excellentes, & préférables à toutes les autres : le fer néanmoins est sujet à la rouille, & le laiton ou cuivre jaune à se piquer & verdir par les liqueurs acres & salées ; c’est pourquoi ces deux matieres demandent que les instrumens qui en sont faits soient proprement tenus, bien nettoyés & essuyés après qu’on s’en est servi. L’étain pur & sans alliage est moins propre pour le premier travail de verre qui est le plus rude, à cause que sa forme s’altere aisément : on peut cependant l’employer utilement après l’avoir allié avec la moitié d’étain de glace. Le métal allié, qu’on ne peut former au tour à cause de sa trop grande dureté, comme celui des cloches qui est composé d’étain & de cuivre, ne vaut rien pour les formes dont nous parlons.

On peut préparer ces deux matieres à recevoir la

forme de deux manieres, suivant qu’elles sont malléables ou fusibles : elles demandent toutes deux des modeles sur lesquels elles puissent être formées, au moins grossierement d’abord, pour qu’on puisse ensuite les perfectionner au tour. La matiere malléable demande pour modele des arcs de cercle, faits de matiere solide sur les diametres des spheres desquelles on veut les former. Celle qui est fusible demande des modeles entiers de matiere aisée à former au tour ; comme de bois, d’étain, &c. pour en tirer des moules dans lesquels on puisse la jetter pour lui donner la forme la plus approchante de celle qu’on desire ; car il est ensuite fort aisé de la rendre réguliere, & de la perfectionner au tour.

Quoiqu’on puisse forger les formes de laiton ou cuivre jaune à froid au marteau, je conseille cependant de les mouler en fonte, & de leur donner même une épaisseur convenable à la grandeur de la sphere dont on veut les former, aussi bien qu’à la largeur de la superficie qu’on veut leur donner : premierement à cause qu’étant forgées & écrouïes à froid, elles feroient aisément ressort sur leur largeur, & qu’elles altéreroient par ce moyen leur forme dans l’agitation du travail ; en second lieu, pour empêcher par cette épaisseur convenable que ce métal s’échauffant sur le tour, ne se roidisse contre l’outil, comme il fait pour l’ordinaire, se rejettant dehors avec violence jusqu’à s’applanir, ou même devenir convexe de concave qu’il étoit, s’il n’a pas une épaisseur suffisante pour résister à son effort.

Pour faire les modeles qui doivent servir à faire les moules de ces platines, on ne sauroit employer de meilleure matiere que l’étain, à cause qu’on peut le fondre avec peu de feu, & le tourner nettement sans altérer sa forme. Le bois néanmoins qui est plein, comme le poirier ou le chêne, qui est gras & moins liant étant bien sec, y peut servir assez commodément : pour l’empêcher même de s’envoiler, & de se déjetter à l’humidité de la terre ou du sable qui servent à les mouler, aussi-bien que dans les changemens de tems, il convient de l’enduire & imbiber d’huile de noix, de lin, ou d’olive au défaut de ces deux premieres, laissant doucement sécher ces modeles d’eux-mêmes, dans un lieu tempéré & hors du grand air.

La meilleure maniere de mouler ces modeles, est celle où l’on employe le sable. Tout cuivre n’est pas propre pour faire ces formes : on doit choisir celui qui est jaune, & qu’on nomme laiton doux ; on peut aussi se servir d’étain pur d’Angleterre, ou de celui d’Allemagne, allié avec moitié d’étain de glace. Le fer bien doux est aussi fort propre pour faire les bassins à travailler les verres.

M. Goussier a trouvé une méthode de donner aux bassins & aux moules dans lesquels il fond les miroirs de télescopes, telle courbure qu’il peut souhaiter, soit parabolique, elliptique, hyperbolique, ou autre dont l’équation est donnée. Cette méthode sera expliquée dans un ouvrage particulier qu’il doit donner au public, sur l’art de faire de grands télescopes de réflexion, d’en mouler les miroirs, de maniere qu’ils sortent du moule presque tout achevés.

Nous allons expliquer la machine dont il se sert pour concaver les formes ou bassins concaves de courbure sphérique : cette machine est la même que celle dont il se sert pour donner aux bassins ou aux moules toute autre courbure, en y faisant seulement quelques additions dont nous donnerons l’idée à la fin de cet article.

Cette machine représentée fig. 9-15. Pl. du Lunetier, est proprement un tour en l’air, dont l’axe FH est vertical ; il passe dans deux collets F & H, fixés l’un à la table & l’autre à la traverse inférieure d’un fort établi, qui est lui-même fortement attaché au mur de l’attelier.