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ajoûtez au caractere de la bétoine, que ses fleurs sont verticillées, & forment des épis au bout des tiges. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Elle est céphalique, hépatique, vulnéraire, bonne contre les convulsions, les affections des nerfs : on en prend en guise de tabac. Les feuilles fraîches de bétoine broyées, s’appliqueront avec succès sur les blessures récentes. Elle est pleine de soufre, avec un peu de sel volatil huileux, & de terre. La tisanne faite avec ses feuilles, la conserve, & l’eau des fleurs, le sirop des fleurs & des feuilles, le suc & l’extrait conviennent dans les vapeurs, la sciatique, la goutte, la jaunisse, la paralysie. Ils procurent l’expectoration, & font cracher les matieres purulentes ; ils consolident les ulceres intérieurs ; rétablissent les fonctions des premieres voies ; poussent par les urines le vent, les obstructions. Les Chirurgiens la font entrer dans les emplâtres & cataplasmes céphaliques.

Emplâtre de bétoine. Prenez bétoine verte, pimprenelle, aigremoine, sauge, pouliot, petite centaurée, orvale, de chaque six onces ; d’encens, de mastic, de chaque deux gros ; d’iris, d’aristoloche ronde, de chaque six gros ; de cire, de térébenthine, de résine de pin, de chaque six onces ; de gomme élemi, de goudron, de chaque deux onces ; de vin blanc, trois livres. Broyez bien d’abord dans un mortier toutes les plantes ; laissez-les en macération pendant une semaine dans le vin ; remuez-les ensuite, & les faites bouillir : tirez ensuite le suc par expression ; passez-le, & le faites bouillir jusqu’à la diminution d’un tiers : ajoûtez le goudron, la cire fondue, la résine, les gommes, & enfin le dernier de tous les ingrédiens, la térébenthine : faites bouillir doucement le tout ; retirez-le de dessus le feu, & le laissez refroidir ; alors repandez dessus l’iris & l’aristoloche réduite en poudre très-fine : battez bien le tout ensemble, ensorte qu’il soit de la consistance d’un emplâtre. Cet emplâtre est résolutif, fondant, détersif & incarnatif : on l’employe beaucoup dans les maladies de la tête. (N)

BETOIRES, s. m. pl. (Œconomie rustiq.) On entend par ce mot, dans les campagnes où l’on s’en sert, des trous creusés en terre d’espace en espace, comme des puits, qu’on emplit ensuite de pierrailles. On y détermine le cours des eaux par des rigoles, afin qu’elles se perdent dans les terres. Dans les grandes basse-cours on les fait de pierre ; on les place de maniere que la saumure du fumier n’y pénetre pas ; on les couvre d’une grille de fer à mailles serrées ; on ne laisse à cette grille qu’une petite ouverture, afin que les eaux passent seules, & que les grosses ordures soient arrêtées.

* BETSCHAW, (Géog.) ville de Boheme, abondante en mines d’étain.

* BETSKO, (Géog.) petite ville de la haute Hongrie.

* BETTE, s. f. (Hist. nat. bot.) On distingue trois sortes de bettes ; la blanche, la rouge, & la bette-rave.

La bette ou poirée blanche. beta alba, a la racine cylindrique, ligneuse, de la grosseur du petit doigt, longue, blanche ; la feuille grande, large, lisse, épaisse, succulente, quelquefois d’un verd blanc, quelquefois d’un verd plus foncé ; la saveur nitreuse, une côte épaisse & large ; la tige haute de deux coudées, grêle, cannelée, branchue ; la fleur placée à l’aisselle des feuilles sur de longs épis, petite, composée de plusieurs étamines garnies de sommets jaunâtres, & dans un calice à cinq feuilles un peu verd, qui se change en un fruit presque sphérique, inégal & bosselé, qui contient deux ou trois petites graines oblongues, anguleuses, rougeâtres, & inégalement arrondies.

La bette ou poirée rouge, beta rubra vulgaris, a la racine blanche ; la feuille plus petite que la précé-

dente, fort rouge : c’est par là qu’on la distingue de

la bette blanche.

La bette-rave, beta rubra radice rapæ : elle a la tige plus haute que la bette ou poirée rouge ; sa racine est grosse de deux ou trois pouces, renflée, & rouge comme du sang en-dehors & en-dedans.

On cultive toutes ces especes dans les jardins. La premiere donne les cardes dont on fait usage en cuisine : on fait cas des racines de bette-rave ; qu’on mange en salade & autrement : on se sert en Medecine de la bette blanche.

On trouve par l’analyse, que la bette est composée d’un sel essentiel, ammoniacal, nitreux, mêlé avec une terre astringente & de l’huile, & délayé dans beaucoup de phlegme. Ses feuilles dessechées & jettées sur les charbons ardens, fusent comme le nitre. On compte la bette blanche entre les plantes émollientes.

* BETUWE ou BETAW, (Géog.) est une des trois parties qui composent la Gueldre Hollandoise : c’est le pays qui se trouve entre le Rhin & le Leck.

BETYLES, s. m. pl. (Hist. anc.) pierres fameuses dans l’antiquité, dont on fit les plus anciennes idoles, qu’on croyoit animées, auxquelles même on attribuoit des oracles. Bochart tire l’origine des bétyles de cette pierre mystérieuse de Jacob, sur laquelle ce patriarche reposant pendant la nuit, eut une vision, & qu’à son réveil il oignit d’huile ; d’où le lieu fut appellé Bethel. Les bétyles étoient d’une grosseur très-médiocre, de figure ronde, avec des cannelures sur leur surface ; & on les croyoit descendus du ciel. On leur attribuoit mille vertus singulieres, & entre autres celles de faire prendre des villes & gagner des batailles navales aux généraux qui les portoient. Voyez dans les Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres, les savantes recherches qu’a faites sur cette partie de la Mythologie M. Falconet, un des plus illustres membres de cette Académie. (G)

* BEVELAND, (Géog.) ile des Provinces-Unies en Zélande : l’Escaut la divise en deux parties, dont l’une s’appelle Zuyd-Beveland, & l’autre Noort-Beveland.

* BEVERLAY, (Géog.) ville d’Angleterre dans la province d’Yorck. Long. 17. lat. 53. 48.

* BEVERGEN, (Géog.) ville d’Allemagne dans le cercle de Westphalie, au duché de Munster, à neuf lieues de cette ville.

* BEVERUNGEN, (Géog.) ville d’Allemagne au diocese de Paderborn, & au confluent de la Beve & du Weser. Long. 27. lat. 51. 40.

* BEURATH, (Géog.) ville de Boheme au comté de Glatz.

BEURICHON, oiseau. Voyez Roitelet. (I)

* BEURRE, (Hist. & œconom. rustiq.) substance grasse, onctueuse, préparée ou séparée du lait, en le battant. Voyez Lait.

Le beurre se fait en Barbarie, en mettant le lait ou la crême dans une peau de bouc, suspendue d’un côté à l’autre de la tente, & en le battant des deux côtés uniformément. Ce mouvement occasionne une prompte séparation des parties onctueuses d’avec les parties séreuses. Voyages de Shaw, page 241. Ce n’a été que tard, que les Grecs ont eu connoissance du beurre : Homere, Théocrite, Euripide, & les autres poëtes n’en font aucune mention ; cependant ils parlent souvent du lait & du fromage : Aristote qui a recueilli beaucoup de choses sur le lait & le fromage, ne dit rien du tout du beurre. On lit dans Pline, que le beurre étoit un mets délicat chez les nations barbares, & qui distinguoit les riches des pauvres.

Les Romains ne se servoient du beurre qu’en remede, & jamais en aliment ; Scockius observe que c’est aux Hollandois que les habitans des Indes orientales doivent la connoissance du beurre ; qu’en Espa-