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Dans cette opération, le beurre d’antimoine distille plus aisément que le mercure, parce que l’esprit de sel, en divisant l’antimoine, multiplie ses surfaces ; & au contraire, en quittant le mercure, les globules de celui-ci se rapprochent, & de cette maniere le mercure devient moins volatil, & l’antimoine moins pesant.

L’esprit de sel marin est le dissolvant propre de l’antimoine ; c’est une des convenances que les Alchimistes trouvent qu’il a avec l’or ; l’acide du sel marin ayant plus de rapport avec l’antimoine qu’avec le mercure, il quitte celui-ci pour dissoudre l’antimoine.

Le beurre d’antimoine est la partie métallique de ce minéral, divisée & réduite en une consistance molle, par le moyen de l’acide du sel marin : c’est pourquoi on peut le faire avec quelque préparation d’antimoine que ce soit, pourvû qu’elle contienne la partie métallique de l’antimoine, & sous quelque forme qu’elle la contienne : mais on n’employe plus présentement, pour faire le beurre d’antimoine, que l’antimoine crud, parce qu’on ne fait plus le beurre d’antimoine, que pour faire le cinabre d’antimoine. Voyez Cinabre d'Antimoine.

On compte jusqu’à sept manieres différentes de faire le beurre d’antimoine ; & on peut dire qu’il y en a autant qu’on peut trouver de moyens d’unir l’acide du sel marin avec la partie métallique de l’antimoine. On peut, par exemple, se servir de la chaux d’argent, c’est-à-dire, de l’argent dissous dans l’eau-forte, & précipité par l’acide du sel marin : on est assuré que le beurre d’antimoine préparé par ce moyen, ne contient ni mercure, ni soufre grossier. Il faut prendre trois parties de chaux d’argent & une de régule.

Le beurre d’antimoine fait avec le régule, est moins épais que celui qu’on fait avec l’antimoine crud, & il est plus pur lorsqu’on le fait avec l’antimoine crud ; il passe presque toûjours dans le beurre un peu de soufre de l’antimoine.

Le beurre d’antimoine a été employé autrefois pour ronger les mauvaises chairs des ulceres ; c’est un caustique plus convenable que n’est le précipité, parce que l’antimoine par lui-même est bon à mondifier les ulceres. Il n’y a que dans le cas d’ulceres vénériens, pour lesquels le précipité de mercure est plus propre.

On fait la poudre d’algaroth avec le beurre d’antimoine. Voyez Algaroth, Antimoine. (M)

* Beurre de Zinc, (Chimie.) on entend par beurre de zinc, la masse jaunâtre qui reste au fond de la cornue, lorsqu’on veut faire la concentration de l’esprit de sel, en redistillant une dissolution des fleurs de zinc dans cet acide.

Beurre, (en Pharmacie.) se dit de plusieurs préparations qui ont la consistance d’un onguent, & qui se préparent de différens ingrédiens. Le beurre d’antimoine préparé par la Chimie, est fort différent de ceux dont nous parlons ; car c’est un violent caustique. Les beurres se préparent dans la Pharmacie galénique de la façon suivante.

Beurre de cacao ; prenez des amandes douces ou de cacao quantité suffisante ; faites-les rotir dans une poelle de fer ; nettoyez-les de leur peau ou écorce ; broyez-les ensuite sur le porphyre chauffé ; prenez cette pâte, & faites-la bouillir dans l’eau au bain-marie, jusqu’à ce que vous voyez la graisse ou l’huile se séparer & surnager : laissez ensuite refroidir votre eau ; ramassez la graisse ou l’huile qui sera figée. Comme cette graisse est un peu rousse, on peut la faire fondre plusieurs fois de suite dans l’eau au bain-marie. On en peut préparer de même de toutes les semences qui ont beaucoup d’huile, comme les beurres de noix, de noisettes, de noyaux de pêche, d’abricot. Ces beur-

res ne sont que des huiles figées ; ils nous paroissent

meilleurs que les huiles par expression. (N)

BEVAU, ou BIVEAU, s. m. du mot Latin bivium, chemin fourchu : c’est le modele d’un angle quelconque rectiligne, curviligne, ou le plus souvent mixte, pour former l’angle que font deux surfaces qui se rencontrent. Lorsqu’elles sont planes, on se sert pour biveau d’une fausse équerre à branches mobiles, ou d’une sauterelle : lorsqu’une des deux surfaces est courbe ou toutes les deux, le biveau est un instrument de bois fait exprès en forme d’équerre stable, dont les branches ne s’ouvrent ni ne se ferment. (D)

* BEUTHEN, (Géog.) il y a deux villes de ce nom en Silésie ; l’une est fameuse par une mine d’argent.

* BEUTHNITZ, (Géog.) petite ville de l’électorat de Brandebourg.

BEUVANTE, s. f. on nomme ainsi dans le commerce de mer un droit qu’un maître de barque ou de navire se réserve lorsqu’il donne son vaisseau à fret : ce droit se regle suivant la grandeur & le port du vaisseau. Aux maîtres de barque on retient la place pour mettre deux ou trois barriques de vin, & aux maîtres de navire quatre ou cinq barriques. Au lieu de ce droit de réserve, les marchands chargeurs donnent ordinairement aux maîtres de barque ou de vaisseau une demi-barrique ou une barrique entiere de vin, pour empêcher que lui ni ses matelots ne boivent le vin du chargement. On convient aussi quelquefois pour la beuvante depuis cinq sous jusqu’à huit sols par tonneau. (G)

* BEWDLEY, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la province de Worcester, sur la Saverne. Long. 15. 10. lat. 52. 24.

BEXUGO, (Hist. nat. bot.) racine du Pérou, sarmenteuse, de la grosseur du doigt, semblable à la viorne dans ses endroits les plus déliés ; on lui attribue la vertu purgative, & l’on dit que les Indiens la préferent au méchoacan.

BEY, ou BEG, s. m. (Hist. mod.) est le gouverneur d’un pays ou d’une ville dans l’empire des Turcs : les Turcs écrivent begh ou be ; mais ils prononcent bey, qui signifie proprement seigneur, & s’applique en particulier suivant l’usage à un seigneur d’un étendart qu’ils appellent dans la même langue sangiakbeg ou bey : sangiasek, qui chez eux signifie étendart ou banniere, marque de celui qui commande en quelque partie considérable d’une province, & qui a un grand nombre de spahis ou de cavalerie sous ses ordres.

Chaque province de Turquie est divisée en sept sangiacis ou bannieres, dont chacune qualifie un bey, & tous ces beys sont commandés par le gouverneur de la province, que l’on appelle aussi beghiler, beghi, ou beyler bey, c’est-à-dire, seigneur des seigneurs ou beys de la province. Voyez Begler-Beg. Ces beys ont beaucoup de rapport aux bannerets que l’on avoit autrefois en Angleterre : le bey de Tunis en est le prince ou le roi ; & ce titre équivaut à ce que l’on appelle à Alger le dey.

Dans le royaume d’Alger, chaque province est gouvernée par un bey ou vice-roi, que le souverain établit & dépose à son gré ; mais dont l’autorité dans son département est despotique, & qui dans la saison de recueillir le tribut des Arabes, est assisté d’un corps de troupes qui lui est envoyé d’Alger. Voyages de Shaw.

* BEYUPURA, (Hist. nat. Ichthyol.) poisson de la mer du Bresil, qui a le dos noir, le ventre blanc, & la forme d’esturgeon de Portugal : il est long de six ou sept paumes : on le pêche à l’hameçon dans la pleine mer. Il est gras, sain, & de bon goût.

* BEZA, (Myth.) divinité adorée à Abyde, à l’extrémité de la Thébaïde. Ses oracles se consultoient