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ser l’œil isolé, & que rien ne nuise à l’impression. Voyez Couper.

On appelle encore blanc, des reglettes minces de fonte ou de bois que l’on met à l’Imprimerie entre chaque ligne de caractere, pour les éloigner un peu les unes des autres, & laisser par-là plus de blanc entre elles ; ce qui se fait ordinairement pour la poësie.

On dit une fonte portant son blanc, lors qu’un caractere est fondu sur un corps plus fort qu’il n’a coûtume d’être ; comme lorsqu’on fond le caractere de petit-romain sur le corps de cicero. Cet œil de petit-romain qui se trouve par-là sur un corps plus fort qu’il n’a coûtume d’être, laisse entre les lignes plus de blanc que s’il étoit fondu sur son corps naturel : cela évite d’ajoûter des choses étrangeres pour écarter les lignes, & est beaucoup plus propre & plus sûr. Voyez Corps.

Blanc, chez les Facteurs d’orgue, est une composition dont ils se servent pour blanchir les parties qu’ils veulent souder ; c’est un mêlange de colle, d’eau, & de blanc d’Espagne. Pour faire le blanc propre à blanchir les soudures, on met de l’eau dans une terrine, dans laquelle on jette du blanc d’Espagne réduit en poudre, voyez l’article Blanc : on met ensuite la terrine sur le feu, qui ne doit point échauffer la composition jusqu’à la faire bouillir, ce qui la rendroit inutile. On verse ensuite dedans un peu de colle fondue, que l’on mêle bien avec la composition, qui se trouve ainsi achevée. Pour en faire l’essai, on en met un peu sur une bande d’étain poli : si le blanc s’écaille, c’est une marque qu’il est trop collé, s’il s’efface, on connoît qu’il n’a pas assez de colle. Il vaut mieux mettre de la colle petit-à-petit, que d’en mettre trop, parce qu’il faudroit remettre de l’eau & du blanc, & faire rechauffer le mêlange, que l’on connoît être bon, lorsqu’en tortillant le morceau d’étain sur lequel on fait l’essai, il ne s’écaille ni ne s’efface point.

Autrement, prenez du blanc d’Espagne réduit en poudre dans une terrine de terre vernissée ; versez dessus du vinaigre en quantité suffisante pour détremper le blanc, vous aurez une composition qui n’a point besoin d’épreuve. Pour employer ce blanc, qui ne s’écaille ni ne s’efface jamais, il faut en prendre avec un pinceau, & passer ce pinceau sur les vives ou arrêtes des pieces que l’on veut souder, en sorte qu’elles en soient couvertes. On met une seconde couche sur l’étain, après que la premiere est sechée, ensuite on gratte, avec la pointe à gratter, le blanc & même la surface des pieces à souder, dans tout l’espace que l’on veut que la soudure occupe. Après que les pieces sont soudées, on fait chauffer de l’eau dans un chaudron, dans laquelle on trempe un linge, avec lequel on lave la soudure & le blanc, que l’on ôte par ce moyen. Lorsque ce sont des tuyaux d’étain que l’on soude, il faut qu’ils soient blanchis en-dedans pour empêcher la soudure d’y entrer. Lorsqu’on veut ôter le blanc qui est dedans les tuyaux où l’on ne peut pas fourrer la main, on attache au bout d’une baguette un linge, avec lequel on emporte le blanc que l’on veut ôter.

Blanc, en terme de Pratique, se dit en quelques phrases pour l’endroit d’un acte qui est resté non-écrit. C’est en ce sens qu’on dit qu’on a laissé deux, trois ou quatre lignes de blanc, qu’on a laissé un nom en blanc. (H)

Blanc, s. f. (Commerce.) petite monnoie de cuivre qui avoit autrefois cours en France, de la valeur de cinq deniers. Selon le prix réel du marc d’argent, le billon dont on fabriquoit les blancs avoit plus ou moins de titre. Le blanc n’a pas de cours dans le commerce, il n’y a plus que le bas peuple qui se sert de l’expression six blancs, pour marquer le prix de trente deniers.

Blanc, (Jardinage.) maladie qui survient aux concombres : on la remarque aussi dans l’œillet. Ce n’est autre chose qu’une altération dans les fibres de leurs fannes ou de leurs bras, qui n’étant plus en état de recevoir le suc qui les nourrit, les fait périr sans qu’on puisse y remédier. C’est une espece de rouille blanche, telle qu’on en voit sur les laitues, les chicorées, les melons, & les blés. Cette maladie vient d’une trop grande sécheresse, d’une mauvaise exposition, d’un arrosement fait mal-à-propos, de brouillards, & des nuits froides : une grande attention peut en garantir ces plantes. (K)

* Blanc-bois, (Œconomie rustiq.) on comprend sous ce nom tous les arbres qui ont non-seulement le bois blanc, mais encore léger & peu solide : tels sont le saule, le bouleau, le tremble, l’aune. Mais le châtaigner, le tilleul, le frêne, le sapin, &c. sont bois-blancs & non blancs-bois, parce que, quoique blanchâtres, ils sont fermes & propres aux grands ouvrages. Les blancs-bois viennent vîte, même en des terreins mauvais : mais ils n’ont point de consistance, ne sont bons qu’à de petits ouvrages, & ne peuvent entrer que pour un tiers au plus dans les bois à brûler.

* Blanc-en bourre, (Œconomie rustiq.) espece d’enduit fort en usage à la campagne ; il est fait de terre, & recouvert de chaux mêlée de bourre. On l’applique aux murs des granges, des bergeries, &c.

* Blanc-étoc ou Blanc-être, (Œconom. rust.) Couper une forêt à blanc-étoc ou blanc-être, c’est l’abattre sans y laisser ni baliveaux ni autres arbres retenus, ce qui est défendu sous peine de trois cents livres d’amende, à moins qu’on n’ait fait déclaration des baliveaux qu’on veut couper, au greffe de la maîtrise des eaux & forêts, dont les bois sont ressortissans, afin que les officiers puissent renonnoître avant la coupe l’âge & la qualité des baliveaux qu’on veut abattre. Cette loi s’étend aux taillis comme aux futaies.

Blanc-manger, (Pharmacie.) espece de gelée, dont Fuller donne la préparation suivante : Prenez quatre pintes de lait, les blancs d’un chapon bouilli, amandes douces blanchies, deux onces ; battez le tout ensemble, & faites-en une forte expression : faites bouillir l’extrait sur le feu, avec trois onces de farine de riz : lorsque le tout commencera à se coaguler, ajoûtez sucre blanc, huit onces, eau de roses rouges, dix cuillerées : mêlez bien le tout ensemble.

Cette composition est salutaire dans les consomptions, dans les gonorrhées, & dans d’autres maladies où l’on doit se proposer de corriger les humeurs & d’en tempérer l’acrimonie. (N)

Blancs-manteaux, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c’est le nom qu’on donna aux religieux de l’ordre des Servites ou Serviteurs de la sainte Vierge mere de Jesus-Christ, à cause qu’ils avoient des habits & des manteaux blancs. Cet ordre avoit été institué à Marseille, & fut confirmé par le pape Alexandre IV. l’an 1257 ; & comme ils s’établirent à Paris, dans la rue de la vieille Parcheminerie, cette rue & le monastere ont depuis retenu le nom de Blancs-manteaux, quoique ce monastere ait été donné, dès l’an 1298, aux religieux Guillelmites, qui avoient des manteaux noirs, & que les religieux Bénédictins de Cluni, qui sont habillés de noir, y soient entrés en 1618, par la cession que leur en firent les Guillelmites de France, non sans opposition de la part de leur général. Les Bénédictins de Cluni l’ont encore cedé depuis aux Bénédictins de la congrégation de saint Maur, qui en sont presentement en possession. Du Breuil, Antiquit. de Paris. (G)

* Cette maison est aujourd’hui remplie de religieux très-savans & d’un grand mérite, auteurs d’ouvrages fort estimables & fort utiles ; comme l’art de vérifier des dates, qui a été si bien reçû du public ; la