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blonde pour garnir les robbes, les coëffures, les manchettes, & les palatines des femmes.

Il y en a deux sortes relativement à la matiere ; la blonde de fil, qui ressemble beaucoup à la dentelle ; & la blonde de soie, qui n’est pas à beaucoup près si bonne à l’usé, mais qui sied beaucoup mieux.

BLONITSA, (Géog.) petite riviere de Silésie, dans la principauté d’Oppeln : elle se jette dans l’Oder.

* BLONYE ou BLONICZ, (Géog.) grande ville de la grande Pologne, dans le palatinat de Rava.

BLOQUER, en termes de rivieres, c’est remplir une fondation de moellons sans ordre, comme dans l’eau quand on rétablit le dégravoyement d’une pile qu’on a entourée auparavant de pilotis & de pals à planches.

Bloquer, faire un blocus. Voyez Blocus.

Bloquer, est, en Architecture, construire & lever des murs de moellon d’une grande épaisseur le long des tranchées, sans les aligner au cordeau, comme on fait les murs de pierres seches : c’est aussi remplir les vuides de moellon & de mortier sans ordre, comme on le pratique dans les ouvrages qui sont fondés dans l’eau. (P)

Bloquer, Blocquer, en Marine ; c’est mettre de la bourre sur du goudron, entre deux bordages, quand on souffle ou que l’on double un vaisseau. (Z)

Bloquer, terme d’Imprimerie ; c’est en composant mettre à dessein dans sa composition une lettre renversée, & exactement de la même épaisseur que celle qui devoit y être, mais qui manque dans la casse, parce qu’elle court beaucoup dans l’ouvrage.

* Bloquer, en Fauconnerie, se prend en deux sens différens : il se dit de l’oiseau qui a remis la perdrix & la tient à son avantage : il se dit aussi de son vol, lorsqu’il reste suspendu en l’air sans battre de l’aile ; ce qui s’appelle aussi planer.

BLOUSER, v. n. au billard ; c’est mettre la bille de son adversaire dans une blouse quelconque : on gagne deux points pour ce coup, comme on en perd deux également pour avoir blousé la sienne seule, ou avec celle de son adversaire.

BLOUSES, s. f. au billard ; ce sont des trous d’un billard dans lesquels on pousse les billes ; & la grande adresse du billard, est de pousser la bille de son adversaire dans la blouse. Voyez Billard.

BLUET ou BARBEAU, s. m. cyanus, (Hist. nat. bot.) genre de plante dont la fleur est composée de deux sortes de fleurons. Ceux qui occupent le centre de la fleur sont plus petits, découpés en lanieres égales. Ceux qui sont à la circonférence sont beaucoup plus grands & plus apparens ; ils semblent être partagés en deux levres. Les uns & les autres portent sur des embryons de graines, & sont soûtenus par un calice écailleux qui n’a point de piquans. Lorsque la fleur est passée, les embryons deviennent des semences garnies d’aigrettes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez . (I)

Bluet, cyanus segetum flore cœruleo. (Mat. med.) Les auteurs, & sur-tout les Allemands, ont donné de grandes vertus au bluet. La plûpart des Medecins en font cependant assez peu de cas ; & si l’on en croit Geoffroy, les vertus qu’on lui attribue sont tout-à-fait incertaines & précaires.

L’huile de bluet se fait de la façon suivante. Prenez des fleurs de bluet cueillies avant le lever du soleil, autant qu’il vous plaira ; pilez-les dans un mortier de marbre ; renfermez-les dans un vaisseau de verre dont l’ouverture soit fort large ; fermez exactement ce vaisseau, & l’exposez au soleil pendant un mois entier : on peut luter ce vaisseau avec du levain.

Cette huile est un excellent ophthalmique, selon Timaeus, dans les fluxions chaudes, acres & salines.

Eau de bluet, selon M. Geoffroy. Prenez une certaine quantité de fleurs de bluet avec leur calice ;

broyez-les, & faites-les macérer pendant vingt-quatre heures dans une suffisante quantité d’eau de neige ; distillez ensuite à un feu de sable modéré : c’est l’eau que les François appellent eau de casse-lunette.

On assûre que cette eau & celle d’eufraise sont un excellent remede contre l’inflammation des yeux ; & on la recommande avec le musc, le benjoin, & la fleur d’orange, pour donner au visage un teint fleuri, sur-tout si l’on y ajoûte le lait virginal.

Tournefort conseille l’eau de casse-lunette dans les ophthalmies avec rougeur, dans la chassie, & toutes les fois qu’il est question d’éclaircir la vûe & de la fortifier, avec une quantité suffisante de camphre & de safran, lorsqu’il s’agira de calmer une inflammation. (N)

BLUTEAU, s. m. instrument dont les Boulangers se servent pour séparer le son d’avec la farine. Voyez la fig. A A, Planche du Boulanger.

Il y a deux principales parties dans un bluteau ; la caisse, & le bluteau proprement dit. La caisse est un coffre de bois proportionné à la longueur & à la grosseur du bluteau qu’il renferme, & soûtenu sur deux, quatre ou six piés aussi de bois ; à l’un des bouts de cette caisse est un trou par lequel le grain moulu ou la farine entre dans le bluteau ; le son en sort par un autre trou fait à l’autre extrémité de la caisse : enfin sur le devant sont deux ou plusieurs guichets, qui se ferment avec des targettes, qu’on ouvre pour tirer les différentes sortes de farines qui y ont été blutées.

Chez les Boulangers, la caisse du bluteau peut n’être pas tout entiere de bois ; souvent il n’y a que les deux bouts & le dessus qui en soient : ils placent le bluteau de façon que le mur sert de derriere, le plancher de fond, & une toile attachée le long du dessus, & qui pend jusque sur le carreau de devant à la caisse.

Le bluteau proprement dit, est un gros & long cylindre fait de plusieurs cerceaux environnés d’étamine de soie, de laine, & souvent de l’une & de l’autre ensemble, à travers laquelle passe le plus fin du grain moulu.

Ce cylindre est divisé en trois ou quatre parties de différente finesse ; ce qu’il y a de plus fin étant toûjours à la tête du bluteau : d’où l’on voit qu’il peut y avoir autant de degrés de finesse dans les farines, qu’il y a de divisions différentes dans les bluteaux.

Il faut que le bluteau soit un peu incliné par un bout, afin que lorsqu’il est agité par la manivelle, le grain moulu tombant successivement par ces divisions, laisse sous chacune d’elles la farine qui lui convient ; & que le son ne trouvant point de passage par où il puisse s’échapper, tombe au bout du bluteau par le trou qu’on y a ménagé.

Cependant comme ces divisions sont très-peu sensibles, & qu’il n’y a presque point de différence entre les degrés de finesse des trois ou quatre premieres, non plus qu’entre ceux des trois ou quatre dernieres, on n’en fait pour l’ordinaire que deux parts, & l’on mêle ensemble les farines qui ont passé par les divisions qui sont à-peu-près égales en finesse.

Outre ces divers degrés de finesse qui sont dans le même bluteau, il y a encore différentes sortes de bluteaux propres à chaque espece de farine, mais qui ne different des autres qu’en ce qu’ils sont plus ou moins gros.

Au-dessus du bluteau est une tremie dans laquelle on verse la farine, ou toute autre chose qu’on veut bluter : au bas de cette tremie est une ouverture recouverte par une planchette qui se hausse & se baisse selon la quantité de grain qu’on veut donner au bluteau. De la tremie le grain tombe dans l’auget, d’où il passe dans le bluteau.

Bluteau, terme de Courroyeur ; c’est un paquet de laine fait de vieux chiffons ou bas d’estame, avec lequel les Courroyeurs essuient les cuirs des deux