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côtés, après les avoir chargés de bierre aigre. Voyez Courroyer ; voyez la fig. 5. Pl. du Courroyeur.

BLUTER, en terme de Boulanger ; c’est séparer la farine d’avec le son par le moyen du bluteau. On appelle farine blutée, celle qui a passé par le bluteau.

BLUTERIE ; c’est, parmi les Boulangers, le lieu où sont placés les bluteaux, & où l’on blute la farine.

B O

* BOA, (Hist. nat.) c’est le nom d’un serpent aquatique, d’une grandeur demesurée, & qui s’attache particulierement aux bœufs, dont il aime beaucoup la chair : c’est ce qui lui a fait donner le nom qu’il porte. Il aime aussi beaucoup le lait. S’il est vrai, ainsi que le dit Duncan, qu’il ne puisse vivre d’autre chose, l’espece en doit être peu nombreuse ; & si l’on en trouve quelquefois dans la Calabre, ainsi qu’on nous l’assûre, il est étonnant que nous n’en ayons pas une description plus exacte. On tua un boa sous le regne de l’empereur Claude, dans lequel on trouva un enfant entier. Ceux qui ont avancé qu’il pouvoit avaler un bœuf, ne méritent qu’on rapporte leur sentiment que pour montrer jusqu’où peut aller l’exagération. Les historiens font assez ordinairement le contraire de la montagne en travail : s’agit-il d’une souris ? leur plume enfante un éléphant.

* BOBAQUE, s. m. (Hist. nat.) sorte d’animal assez ressemblant au lapin, qui se trouve sur les bords du Nieper, ayant deux dents en haut & autant en bas, & le poil de la couleur du blaireau ; il se terre comme le lapin ; il fait ses provisions pour l’hyver depuis le mois d’Avril jusqu’au mois d’Octobre ; alors il se retire sous terre, & n’en sort qu’au printems : il est facile à apprivoiser, & donne beaucoup de plaisir lorsqu’il a été instruit. On dit que cet animal est hermaphrodite.

BOACRES, (Géog. anc.) lieu d’Italie sur la voie Aurélienne, & sur la route de Rome à Arles par la Toscane & les Alpes : on croit que c’est la même chose que Boacte. Voyez Boacte.

BOACTE, (Géog. anc. & mod.) riviere d’Italie dans la Ligurie. Quelques-uns croient que c’est la Vera ou Vella. Cluvier l’explique de la Brinole.

BOAE, (Géog. anc. & mod.) ville de Peloponese dans la Laconie, près d’un golfe qui en étoit appellé Boetiacus sinus. Les Géographes prétendent que c’est le Vasica d’aujourd’hui, ou Batica, ou Vatica.

BOAVISTA, (Géog. mod.) petite île, la plus orientale de celles du cap-Verd.

BOBECHE de chandelier. Voyez Chandelier.

* Bobêche, s. f. Les ouvriers en fer, mais surtout les Couteliers, donnent ce nom à un petit morceau d’acier fin & trempé, d’un pouce de long & un peu plus, & portant 3 à 4 lignes d’épaisseur d’un côté, sur une ligne ou environ de l’autre, ce qui lui donne la forme d’un coin oblong. Quand les Couteliers forgent un rasoir, ils prennent un morceau d’étoffe ou de gros acier ; ils l’étirent, le recourbent par un bout, inserent la bobeche entre les deux parties recourbées, la soudent, & elle forme le tranchant de l’ouvrage. On n’use de bobeches que pour épargner l’acier fin. Dans un rasoir, par exemple, le tranchant se trouve par ce moyen d’acier fin, & le dos de gros acier ; d’où il arrive que si la piece est mal forgée, le gros acier s’étendant beaucoup sur l’acier fin, le rasoir ne peut servir qu’en très-peu de tems il ne devienne mauvais ; & que quelque bien que le rasoir soit forgé, on ne peut l’user entierement. On forge un grand nombre de bobeches à la fois : pour cet effet on choisit le meilleur morceau d’acier d’Angleterre ou d’Allemagne que l’on ait ; on l’étire, & on lui donne sur toute sa longueur la forme que nous avons décrite plus haut ; on le divise sur la tranche par autant d’entailles obliques

qu’il peut contenir de bobeches ; on le trempe, puis on frappe dessus avec un petit marteau ; il se casse à toutes les divisions, & donne toutes les bobeches séparées ; on fait les entailles obliques, afin qu’il y ait à la partie supérieure de la bobeche une espece de bec qui s’étende sur l’épaisseur de la boucle du gros acier recourbé, & qui la recouvre : si la bobeche au lieu d’être en losange, étoit quarrée, il est évident que, n’ayant point de bec, quand on l’insereroit entre les deux parties de l’acier recourbé, l’endroit du coude ne seroit pas couvert d’acier fin, & que par conséquent le haut de la piece forgée que ce coude formeroit, seroit de gros acier & mauvais ; à moins que l’ouvrier n’eût l’attention d’enlever sur la tranche cette portion ; ce qu’il est quelquefois obligé de faire. Voyez Coutelier.

BOBENHAUSEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans le comté de Hanau.

BOBER, (Géog.) riviere de la basse Silésie, qui se jette dans l’Oder.

BOBERAU, (Géog.) petite ville de Silésie dans la principauté de Jagerndorff.

BOBERSBERG, (Géog.) petite ville de la basse Silésie, sur les frontieres de la Lusace, sur la riviere de Bober.

* BOBINE, s. f. instrument à l’usage de tous les ouvriers qui ourdissent, & de plusieurs autres, Passementiers, Manufacturiers en soie, Rubaniers, Epingliers, Tireurs-d’or, Trifileurs ; &c. C’est en général un cylindre de bois léger, qui a plus ou moins de diametre & de longueur, & qui est percé sur toute sa longueur d’un petit trou, dans lequel on fait passer une broche qui lui sert d’axe. Tantôt la broche mobile fait tourner la bobine ; tantôt la bobine tourne sur la broche immobile. La bobine n’est pas ordinairement de même diametre sur toute sa longueur : il y en a surtout de deux especes bien différentes ; les unes sont absolument faites en cone ; les autres en cylindre cavé sur toute sa longueur ; ensorte que dans celles-ci, tantôt le point le plus bas de la cavité tombe sur le milieu de la longueur, & tantôt la cavité étant la même par-tout, les extrémités du cylindre forment seulement des rebords. Toutes les bobines servent à envider ou de la laine, ou de la soie, ou du fil, &c. Les bobines coniques sont à l’usage des moulineurs & des tordeurs de laine, de soie, &c. Comme il faut que le fil se devide verticalement de dessus ces bobines, s’il y avoit un rebord il empêcheroit le devidage. Je ne sai si dans les moulins à tordre la soie, on ne parviendroit pas par la seule figure des bobines, à remédier à l’inégalité du tors : c’est à M. de Vaucanson à examiner ce méchanisme. La cavité des bobines cylindriques sert à recevoir le fil, & à le contenir de maniere qu’il ne s’éboule point.

La bobine des Epingliers est un assez gros cylindre de bois, traversé d’un arbre, dont un bout est soûtenu dans un collet, & dont l’autre est garni d’une manivelle : la manivelle fait tourner le cylindre, qui se charge en tournant du fil trifilé qui doit servir à faire l’épingle.

Les Manufacturiers en soie ont de grandes bobines ou canons à deux têtes, un peu gros, qui leur servent à devider le fil de lac au sortir de la boutique du cordier ; & de petites bobines ou canons, qui portent la dorure.

La bobine du Rubanier, du Faiseur de bas au métier, &c. est une espece de rochet dont les rebords sont plats en-dehors, & la longueur concave, & d’un bois plus léger que le rochet ; sa grosseur & sa longueur varient. Elle sert, ainsi que le rochet, à recevoir les soies devidées. Voyez Rochet.

La bobine du Tireur-d’or est une espece de roue mobile, sur laquelle on devide le fil. Voyez Tireur-d’or. Cet instrument est long d’un demi-pié tout au