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Or suivant ce qui est rapporté dans le Traité des armes & machines en usage à la guerre depuis l’invention de la poudre, M. Belidor a trouvé que trois livres de poudre étoit tout ce qu’il falloit pour faire crever les bombes de 12 pouces, & 1 livre pour celle de 8 ; ce qui doit faire présumer que 8 ou 10 livres suffiroient pour charger les bombes de 18 pouces, au lieu des 48 liv. dont on les charge ordinairement.

La fig. 7. de la Pl. VII. de l’art milit. fait connoître comment l’on coule une bombe de 11 pouces 8 lignes, & ainsi des autres.

E, noyau de terre.

F, place qu’occupe le métal, formant l’épaisseur de la bombe, & d’où l’on a tiré la terre douce qui étoit entre le noyau & la chappe.

Il faut observer que la terre se tire aisément, parce que la chappe est de deux pieces.

G chappe qui est de terre fort dure & recuite.

H est la lance qui passe au-travers du noyau, & qui le suspend en l’air pour laisser couler le métal entre le noyau & la chappe.

I, I, ouvertures où sont placées les anses, & par lesquelles on coule la bombe.

Pour qu’une bombe soit bien conditionnée, il faut qu’elle soit de bonne fonte, & d’une matiere douce & liante, pour éviter les souflures, les chambres & les évents, en sorte qu’elle soit à toute sorte d’épreuve. Elle doit être bien nette en-dedans, & il faut que le morceau de fer qui tient toûjours au culot après la fonte, & que l’on appelle lance, soit rompu.

La bombe doit être encore bien coupée, bien ébarbée par le dehors, & bien ronde ; avoir sa lumiere bien saine & les anses entieres, afin de la placer plus aisément dans le mortier.

Maniere de charger les bombes. Pour charger les bombes, il faut les emplir de poudre avec un entonnoir, y mettre ensuite la fusée CD, fig. 6. Pl. VII. de l’art milit. qu’on frappe ou enfonce dans la lumiere de la bombe avec un maillet de bois, & jamais de fer, crainte d’accident. A l’égard de la maniere de l’exécuter avec le mortier, voyez Mortier & Batterie de Mortiers. (Q)

La theorie du jet des bombes est l’objet principal de la Balistique. Voy. Balistique. On trouvera cette théorie expliquée à l’article Projectile.

Bombé, adj. (Coupe des pierres.) se dit d’un arc peu élevé au-dessus de sa corde, ou d’un petit arc d’un très-grand cercle.

Lorsqu’au lieu de s’élever au-dessus, l’arc s’abaisse au-dessous de sa corde, on l’appelle bombé en contrebas, comme il arrive aux plates-bandes mal faites. (D)

BOMBEMENT, s. m. en Architecture, se dit pour cavité, convexité & renflement. V. Bombé. (P)

BOMBER, v. act. & n. en Architecture, c’est faire un trait plus ou moins renflé. (P)

Bomber, en terme de Bijoutier, c’est proprement emboutir ou creuser les fonds d’un bijou, tel qu’une tabatiere, plus ou moins. Pour cet effet l’on a une plaque de fer de la forme que l’on veut donner à son fond ; dans cette plaque on met un mandrin de plomb, le fond dessus, & le frappe-plaque sur l’or, puis on frappe sur ce frappe-plaque avec une masse, jusqu’à ce que le fond soit bombé. Voyez Frappe-plaque.

BOMERIE, s. f. terme de commerce de mer, c’est une espece de contrat, ou de prêt à la grosse aventure, assigné sur la quille du vaisseau, différent de l’assûrance, en ce qu’il n’est rien dû en vertu de ce contrat, en cas de naufrage, mais seulement quand le navire arrive à bon port. On a donné ce nom à l’intérêt des sommes prêtées entre marchands sur la quille du vaisseau, ou sur les marchandises qui y sont chargées, moyennant quoi le prêteur se soûmet aux

risques de la mer & de la guerre ; & comme la quille d’un vaisseau s’appelle bodem en Hollandois, on a nommé ce prêt bodemerie ou bodmerie, dont nous avons fait celui de bomerie.

BOMBON, (Géog.) province de l’Amérique méridionale, dans le Pérou, de l’audience de Lima, où la riviere des Amazones prend sa source. (Z)

BOMMEL, (Géog.) ville fortifiée de la Gueldre Hollandoise, dans une ile formée par le Waal, qu’on appelle Bommeler Weert.

BOMMEN, (Géog.) petite ville des Provinces-Unies, dans l’île de Schouwen.

BOMONIQUES, adj. (Hist. anc.) nom que les Lacédemoniens donnoient aux jeunes gens de leur nation, qui faisoient gloire à l’envi, de souffrir constamment les coups de foüet qu’on leur donnoit dans les sacrifices de Diane. Ils se défioient les uns les autres à qui supporteroit plus long-tems cette espece de supplice : quelques-uns le soûtenoient une journée toute entiere, & l’on en voyoit souvent expirer avec joie sous les verges ; leurs meres présentes à cette cérémonie, les encourageoient par des exhortations & par des chants d’allegresse. On prétend que par-là les Lacédemoniens avoient en vûe de rendre la jeunesse de bonne heure insensible aux douleurs, & de l’endurcir aux fatigues de la guerre. Les étymologistes tirent ce nom de βῶμος, autel, & de νικη, victoire ; comme si l’on disoit victorieux à l’autel, parce que cette flagellation se faisoit devant l’autel de Diane. (G)

BON, adj. (Métaph.) S’il est difficile de fixer l’origine du beau, il ne l’est pas moins de rechercher celle du bon. Il se fait aimer, ainsi que le beau se fait admirer, dans les ouvrages de la nature & dans les productions des arts. Mais quelle est son origine, & quelle est sa nature ? en a-t-on une notion précise, une véritable idée, une exacte définition ? Ce qui embarrasse le plus, ce sont les diverses acceptions qu’il reçoit, selon les diverses circonstances où on l’applique. Il signifie tantôt une bonté d’être, tantôt une bonté animale, tantôt une bonté raisonnée propre à l’être pensant. Essayons de developper ces divers sens.

La bonté d’être consiste dans une certaine convenance d’attributs qui constitue une chose ce qu’elle est. Tous les êtres en ce sens sont nécessairement bons, parce qu’ils ont ce qui les constitue tels qu’ils sont ; & il est même impossible qu’ils ne l’ayent pas. J’ajoûte que tous les êtres sont également bons de ce genre de bonté. Mais outre les rapports intérieurs, qui constituent leur bonté absolue, ils en ont encore d’extérieurs, d’où résulte leur bonté relative. La bonté relative consiste dans l’ordre, l’arrangement, les rapports, les proportions, & la symmétrie que les êtres ont les uns avec les autres. Ici commence cette variété infinie de bonté qui différencie si fort tous les êtres. Ils ne sont pas tous également nobles & parfaits : un corps organisé est sans doute préférable à une masse brute & grossiere. Par la même raison, un corps organisé & en même tems animé, l’emportera sur un corps organisé qui ne l’est pas ; & parmi les êtres animés, qui doute qu’il n’y en ait de plus parfaits les uns que les autres ? On diroit que la nature a ménagé, pour la perfection de cet univers, une espece de gradation qui nous fait monter à des êtres toûjours plus parfaits, à mesure qu’on s’avance dans la sphere qui les comprend tous. Ces nuances, il est vrai, ces passages imperceptibles n’ont plus lieu, quand il est question de passer du monde matériel au monde spirituel. De l’un à l’autre le trajet est immense : mais quand nous sommes une fois parvenus au monde spirituel, qui pourroit exprimer la distance qui sépare l’ame des bêtes, des sublimes intelligences celestes ? Les nuances qui distinguent les différentes especes d’esprits sont imperceptibles, &