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adoucissons beaucoup le c devant l’e & devant l’i, ensorte que nous prononçons Cicero comme s’il y avoit Sisero ; eux au contraire prononçoient le c en ce mot & en tous les autres, de même que dans caput & dans corpus, kikero ».

Cette remarque se confirme par la maniere dont on voit que les Grecs écrivoient les mots Latins où il y avoit un c, sur-tout les noms propres, Cæsar, Καῖσαρ ; Cicero, Κικέρων, qu’ils auroient écrit Σισέρων, s’ils avoient prononcé ce mot comme nous le prononçons aujourd’hui.

Voici encore quelques remarques sur le c.

Le c est quelquefois une lettre euphonique, c’est-à-dire mise entre deux voyelles pour empêcher le bâillement ou hiatus ; si-c-ubi, au lieu de si-ubi, si en quelque part, si en quelque endroit ; nun-c-ubi, pour num-ubi ? est-ce que jamais ? est-ce qu’en quelque endroit ?

Quelques auteurs ont cru que le c venoit du chaph des Hébreux, à cause que la figure de cette lettre est une espece de quarré ouvert par un côté ; ce qui fait une sorte de c tourné à gauche à la maniere des Hébreux : mais le chaph est une lettre aspirée, qui a plus de rapport au χ, chi, des Grecs qu’à notre c.

D’ailleurs, les Latins n’ont point imité les caracteres Hébreux. La lettre des Hébreux dont la prononciation répond davantage au κάππα & à notre c, c’est le kouph dont la figure n’a aucun rapport au c.

Le P. Mabillon a observé que Charlemagne a toûjours écrit son nom avec la lettre c ; au lieu que les autres rois de la seconde race qui portoient le nom de Charles, l’écrivoient avec un k ; ce qui se voit encore sur les monnoies de ces tems-là.

Le C qui est la premiere lettre du mot centum, étoit chez les Romains une lettre numérale qui signifioit cent. Nous en faisons le même usage quand nous nous servons du chiffre Romain, comme dans les comptes qu’on rend en justice, en finance, &c. Deux CC marquent deux cents, &c. Le C avec une barre au-dessus, comme on le voit ici, signifioit cent mille. Comme le C est la premiere lettre de condemno, on l’appelloit lettre funeste ou triste, parce que quand les juges condamnoient un criminel, ils jettoient dans l’urne une tablette sur quoi la lettre c étoit écrite ; au lieu qu’ils y écrivoient un A quand ils vouloient absoudre. Universi judices in cistam tabulas simul conjiciebant suas : easque inculptas litteras habebant, A, absolutionis ; C, condemnationis. (Asconius Pedianus in Divinat. Cic.)

Dans les noms propres, le C écrit par abréviation signifie Caius : s’il est écrit de droite à gauche, il veut dire Caia. Voy. Valerius Probus, de notis Romanorum, qui se trouve dans le recueil des grammairiens Latins, Auctores linguæ Latinæ.

Le C mis après un nom propre d’homme, ou doublé après deux noms propres, marquoit la dignité de consul. Ainsi Q. Fabio & T. Quintio CC, signifie sous le consulat de Quintus Fabius, & de Titus Quintius.

En Italien, le c devant l’e ou devant l’i, a une sorte de son qui répond à notre tche, tchi, faisant entendre le t foiblement : au contraire si le c est suivi d’une h, on le prononce comme ou qué, ki ou qui : mais la prononciation particuliere de chaque consonne regarde la Grammaire particuliere de chaque langue.

Parmi nous, le C sur les monnoies est la marque de la ville de Saint-Lô en Normandie. (F)

C, dans le Commerce : cette lettre seule, ou suivie, ou précédée de quelques autres, sert aux marchands, négocians, banquiers & teneurs de livres, pour abréger certains termes qu’ils sont obligés de répéter souvent dans les écritures qu’ils portent sur leurs journaux ou registres. C. signifie compte. C. O. compte ouvert. C. C. compte courant. M. C. mon compte. S. C.

son compte. L. C. leur compte. N. C. notre compte. Voy.

Abréviation. (G)

C est, en Musique, le signe de la mesure à quatre tems. Voyez Mesure.

C barré, qui se fait ainsi alla breve, est en Musique, le signe de la mesure à quatre tems vîtes, ou plûtôt à deux tems posés, conservant pourtant toûjours le caractere de la mesure à quatre tems, qui est l’égalité des croches. Voyez Mesure.

C sol ut, C sol fa ut, ou simplement C : caractere ou terme de Musique qui indique la note que nous appellons ut. Voyez Gamme. C’est aussi le nom de l’une des trois clés de la Musique. Voy. Clé. (S)

* Quant à la formation de la lettre C considérée comme caractere d’écriture. V. l’article Ecriture.

* CAA-APIA, (Hist. nat. bot.) petite plante du Bresil dont la racine est longue d’un ou deux travers de doigt, grosse comme le tuyau d’une plume de cygne, noüeuse, garnie de petits filamens d’un gris jaunâtre en-dehors, blanche en-dedans ; d’abord insipide au goût, puis un peu acre & piquante. Il part de cette racine trois ou quatre pédicules longs de trois ou quatre travers de doigt, & portant chacun une feuille large d’un travers de doigt, longue de trois ou quatre, d’un verd luisant en-dessus, un peu blanchâtre en-dessous, traversée d’une nervure principale, d’où il en part d’autres latérales qui sont relevées en-dessous. La fleur a son pédicule particulier : elle est ronde, radiée, approchante de la fleur du bellis, à plusieurs étamines, & à semences rondes plus petites que la graine de moutarde. On attribue à la racine les vertus de l’ipecacuhana : mais c’est à tort. Cependant elle arrête le flux, & fait vomir. Les habitans du Bresil pilent la plante entiere, & se servent de son suc contre la morsure des serpens & la blessure des fleches empoisonnées. Mémoires de l’académie des Sciences, 1700.

* Caa-ataya, (Hist. nat. bot.) plante du Bresil dont la racine est petite, blanche, quarrée, de la hauteur d’un pié, d’un verd pâle, foible, genouillée, partie droite, partie rampante, & prenant racine où ses nœuds touchent la terre. Elle a à chaque nœud deux petites feuilles opposées, semblables à celles de la véronique mâle pour la position & pour la figure, d’un verd pâle, & dentelée par les bords. A chaque paire de feuilles est une petite fleur blanche en casque, à laquelle succede une gousse semblable au grain d’avoine. Cette gousse s’ouvre & répand une petite semence ronde, d’un jaune foncé, & plus menue que celle du pavot. La plante n’a point d’odeur ; elle est un peu amere au goût. Broyée & bouillie dans l’eau, on en tire par décoction un purgatif violent par haut & par bas. On la pourroit rapporter au genre de l’eufraise.

* CAABLÉ, adj. (Commerce de bois.) on donne ce nom aux arbres que les vents ont abattus dans les forêts. Ainsi caablé est synonyme à versé & à chablis. Voyez Bois.

* CAACICA, (Hist. nat. bot.) plante du Bresil à racine petite & filamenteuse, d’où part un grand nombre de tiges voisines les unes des autres, hautes d’un demi-pié, & quelquefois davantage ; d’un verd rougeâtre, un peu velues, genouillées, de la grosseur du doigt, & portant à chaque nœud deux feuilles bien découpées, de la grandeur & de la forme de celles de la véronique mâle ; vertes en-dessus & blanchâtres en-dessous. Entre ces feuilles croît une multitude de petites fleurs en ombelle, d’un verd mêlé d’un peu de rouge : toute la plante rend un suc laiteux. Broyée, on l’applique pour la morsure des serpens & d’autres blessures.

* CAA-ETIMAY, (Hist. nat. bot.) plante du Bresil qui s’éleve à la hauteur de trois piés, a la tige verte, pleine d’une substance médullaire, & couron-