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fois par un plus grand anneau de toise en toise : ces sortes de chaînes sont fort commodes, en ce qu’elles ne se noüent point comme celles qui sont faites de petites mailles de fer. Voyez les articles Perche, Verge, &c.

En 1668 on a placé un nouvel étalon ou modele de la toise fort juste, au bas de l’escalier du grand Châtelet à Paris, pour y avoir recours en cas de besoin.

La chaîne sert à prendre les dimensions des terrains. C’est ce que le pere Mersenne appelle l’arvipendium des anciens. Voyez Acre.

On employe aussi au lieu de chaînes des cordes ; mais les sont sujettes à beaucoup d’inconvéniens, qui proviennent soit des différens degrés d’humidité, soit de la force qui les tend.

Schwenterus, dans sa Géométrie pratique, nous dit qu’il a vû une corde de seize piés de long, réduite en une heure de tems à quinze, par la seule chûte d’une gelée blanche. Pour prévenir ces inconvéniens, Wolf conseille de tortiller en sens contraire les petits cordons dont la corde est composée, de tremper la corde dans de l’huile bouillante, & quand elle sera seche, de la faire passer à-travers de la cire fondue, afin qu’elle s’en imbibe : une corde ainsi préparée ne se rallongera ni ne se raccourcira point du tout, quand même on la garderoit un jour entier sous l’eau.

Usage de la chaîne dans l’arpentage. La maniere d’appliquer la chaîne à la mesure des longueurs est trop connue, pour avoir besoin d’être décrite. Lorsqu’on enregistre les dimensions prises par la chaîne, il faut séparer la chaîne & les chaînons par des virgules ; ainsi une ligne longue de soixante-trois chaînes & cinquante-cinq chaînons, s’écrit en cette sorte, 63,55. Si le nombre des chaînons n’est exprimé que par un seul caractere, on met alors un zéro au-devant : ainsi dix chaînes, huit chaînons, s’écrivent en cette sorte, 10,08.

Pour trouver l’aire d’un champ dont les dimensions sont données en chaînes & chaînons, voyez Aire, Triangle, Quarré.

Pour prendre avec la chaîne un angle DAE, Pl. d’Arpent. fig. 1. vous mesurerez en partant du sommet A, une petite distance jusqu’en d & en c ; ensuite vous mesurerez la distance dc. Pour tracer cela sur le papier, vous prendrez à volonté la ligne AE, & vous y rapporterez, au moyen de votre échelle, la distance mesurée sur le côté qu’elle représente. Voyez Echelle.

Ensuite prenant avec votre compas la longueur mesurée sur l’autre côté, du sommet A, comme centre, décrivez un arc dc ; & du point c, comme centre, avec la distance mesurée cd, décrivez un autre arc ab : par le point où cet arc coupe le premier, tirez la ligne AD : par ce moyen l’angle est rapporté sur le papier ; & l’on pourra, si l’on veut, en prendre la quantité sur une ligne des cordes. Voyez Corde & Compas de proportion.

Pour lever le plan, ou pour faire le dessein d’un lieu, comme ABCDE (fig. 2.), en se servant de la chaîne, on en fera d’abord une esquisse grossiere ; & mesurant les différens côtés AB, BC, CD, DE, on écrira la longueur de chaque côté le long de son côté correspondant dans l’esquisse ; ensuite si on leve le plan en-dedans du lieu proposé, au lieu de mesurer les angles comme ci-dessus, on mesurera les diagonales AD, BD, & la figure se trouvera de la sorte réduite en trois triangles, dont tous les côtés seront connus, comme dans le premier cas, & pourront être rapportés sur le papier suivant la méthode ci-dessus.

Si on leve le plan en-dehors du lieu proposé, il faudra prendre en ce cas les angles de la maniere

suivante. Pour prendre, par exemple, l’angle BCD, on prolongera les lignes BC, CD, à des distances égales en ab (par exemple de la longueur de cinq chaînes), & on mesurera la distance ab ; on aura par-là un triangle isocelle cab, dans lequel l’angle acb = BCD son opposé, est connu : ainsi l’on connoîtra l’angle B C D, & l’on pourra le tracer comme ci-dessus.

Trouver avec la chaîne la distance entre deux objets inaccessibles l’un par rapport à l’autre de quelque point, comme C (fig. 3.), dont la distance à chaque objet A & B, soit accessible en ligne droite. Mesurez la distance CA, que je suppose de cinquante chaînes, & prolongez-la jusqu’en D, c’est-à-dire, cinquante chaînes encore plus loin ; mesurez de même BC, que je suppose de trente chaînes, & prolongez-la jusqu’en E, trente chaînes encore plus loin : vous formerez de la sorte le triangle CDE, semblable & égal au triangle ABC ; & ainsi mesurant la distance DE, vous aurez la distance inaccessible cherchée.

Trouver la distance d’un objet inaccessible, comme la largeur d’une riviere, par le moyen de la chaîne. Sur l’une des rives plantez bien perpendiculairement une perche haute de quatre ou cinq piés, où il y ait dans une fente pratiquée en-haut, une petite piece de fil-de-fer, ou d’autre matiere semblable, bien droite, & longue de deux ou trois pouces ; vous ferez ensuite glisser cette petite piece en-haut ou en-bas, jusqu’à ce que votre œil apperçoive ou rencontre l’autre rive, en regardant le long de ce fil-de-fer ; vous tournerez ensuite la perche, en laissant toûjours le fil-de-fer dans la même direction ; & regardant le long de ce fil, comme ci-dessus, remarquez sur le terrein où vous pouvez opérer, l’endroit où aboutit votre rayon visuel : enfin mesurez la distance qu’il y a de votre perche à ce dernier point ; ce sera la largeur de la riviere proposée. Voyez Arpenteur, Rapporteur, &c. (E)

* Chaîne sans fin, (Art méchan.) c’est ainsi qu’on appelle la chaîne où les chaînons se tiennent tous, & où il n’y en a par conséquent aucun qu’on ne puisse regarder comme le premier & le dernier de la chaîne. Voyez Chapelet.

Chaînes, en Architecture, se dit dans la construction des murs de moilon, des jambes de pierre élevées à plomb, ou faites d’un carcan ou d’une pierre posée alternativement entre deux harpes (Voyez Harpes), ou deux autres pierres plus longues, pour former liaison dans le mur : elles servent à porter les principales pieces de bois d’un plancher, comme poutres, solives d’enchevêtrure, & sablieres ; & à entretenir les murs, qui n’auroient pas assez de solidité n’étant que de moilon, s’il n’y avoit point de chaînes. (P)

* Chaînes de fer, (Architect. & Serrur.) assemblage de plusieurs barres de fer plat, liées bout à bout par des clavettes ou crochets. On pose cet assemblage sur le plat dans l’épaisseur des murs, avec des ancres à chaque extrémité : son effet est d’entretenir les murs, & d’en empêcher l’écartement. V. Serrurerie, Pl. XII. fig. 1. le tirant d’une chaîne. K le crochet. L le coin ou la clavette. N, N, une moufle double, K une moufle simple. R, P, Q, ces pieces assemblées, & telles qu’elles sont posées en ouvrage. V, T, S, autre maniere de faire les moufles des chaînes. Cette construction est plus simple. V la barre qui porte la moufle simple, & qui est soudée avec l’œil du tirant. S la moufle double. T, T, la clavette qui tient les trois moufles réunies. R, R, partie de la chaîne avec un crochet.

Chaîne de port, (Marine.) ce sont plusieurs chaînes de fer, ou quelquefois une seule, tendues a l’entrée du port, pour empêcher qu’on puisse y en-