Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinant & resolutif, décrit sous le nom d’emplâtre de charpy : en voici la composition tirée de la Pharmacopée de Charas. Prenez du vieux charpy coupé menu, huit onces ; de l’huile commune & de l’eau de fontaine, de chacun huit livres : cuisez-les ensemble sur un feu modéré jusqu’à consomption d’un tiers : coulez-les ensuite & les exprimez fortement : puis cuisez l’expression avec deux livres de céruse bien pulvérisée, en consistance d’emplâtre : fondez-y après cela de la cire jaune, une livre ; & quand la matiere sera à demi refroidie, vous y mêlerez les poudres suivantes ; sçavoir, de la myrrhe, du mastich, de l’oliban, de chacun trois onces ; de l’aloës, deux onces ; & l’emplâtre sera fait. Cet emplâtre est dans le cas d’un grand nombre de compositions pharmaceutiques, qui tirent leur nom de leur ingrédient le plus inutile. (b)

CHARRÉE, s. f. phrygamum, Bel. (Hist. nat. Ins.) insecte aquatique qui se fait une enveloppe autour du corps, avec de petits brins d’herbe & de bois ; il les lie & les colle les uns aux autres au moyen d’un fil qui sort de sa bouche, & qui est semblable au fil des araignées. Cet insecte a six pattes de chaque côté, avec lesquelles il marche dans l’eau : il est mince & allongé, & il ressemble à une petite chenille : lorsqu’il grossit, il se fait une enveloppe plus grande. On trouve quantité de ces insectes dans les eaux courantes. Les truites en sont fort avides. Après qu’on les a tirés de leur enveloppe, ils servent d’appas pour attirer les petits poissons. Aldrovande, lib. VII. de insectis, cap. j. Voyez Insecte, (I)

Charrée, (Verrerie & Jardinage.) ce sont des cendres qui ont servi à la lessive, & dont l’expérience a fait connoître l’utilité ; elles ont perdu le feu qu’elles conservoient en sortant du bois : les plantes dessechées par des cendres ordinaires, ont instruit les Jardiniers que l’emploi en étoit nuisible. Celles qui restent sur le cuvier, après que la lessive est coulée, sont excellentes.

La charrée échauffe doucement la terre, fait mourir les mauvaises herbes, & avancer les végétaux. On appelle lessieu, l’eau qui sort de la lessive. Voyez Lessieu. (K)

CHARRETTE, s. f. terme de Charron ; c’est une voiture montée sur deux roues, qui sert à transporter des meubles, &c. elle est composée de deux limons de 14 ou 18 piés de long, de deux ridelles, de deux ranches avec leurs cornes, de deux roues de 5 à 6 piés de diametre, &c. Voyez la fig. 2. Pl. du Charron. Quand on veut la faire servir à transporter des personnes, on la couvre d’une toile portée sur des cerceaux.

* CHARRETÉE, s. f. (Œcon. rust. & Comm.) est la quantité que peut contenir une charrette considérée comme mesure. Je dis considérée comme mesure, parce que nous n’avons point de mesure qui s’appelle & qui soit en charrette. Cependant la capacité de la charette ou charretée rapportée à la mesure du bois, n’est que la moitié de la corde, ou ne contient que la voie de Paris. Voyez Corde & Voie.

CHARRIER, v. act. (Commerce : ) c’est transporter sur une charrette.

Charrier, v. n. (Fauc.) il a deux acceptions ; il se dit 1° d’un oiseau qui emporte la proie qu’il a prise, & qui ne revient qu’après qu’on l’a reclamé ; 2° de l’oiseau qui se laisse emporter lui-même dans la poursuite de la proie. (V)

Charrier, (Hydrauliq.) entraîner avec soi : les eaux tant de riviere que de fontaine charrient naturellement du sable, du gravier. (K)

CHARROIS, s. m. (Jurispr.) conduites de voitures à roue en général ; se prennent quelquefois pour des corvées ou autres prestations de charrois & voi-

tures qui sont dûs par les sujets de chaque pays, pour les réparations des villes & chemins, pour le transport des munitions de guerre. Chez les Romains, ces sortes de charrois étoient comptés au nombre des charges publiques. Les corvéables en doivent aussi à leur seigneur, & le fermier au propriétaire, lorsqu’il y en a une clause particuliere dans le bail. Dans la coûtume de Bourbonnois & dans celle de la Marche, le droit de charroi se peut bailler en assiette. Voy. Salvaing, de l’usage des fiefs. Bibliot. de Bouchel, au mot charroyer. Papon, livre XIII. tit. vj. n°. 2. Henrys, tom. I. liv. III. ch. iij. quest. 33. Guyot, des fiefs, tr. des corvées, pag. 252. & 315. Voyez l’article Corvées. (A)

Charroi, (Mar.) on donne ce nom à une grande chaloupe dont on se sert pour porter la morue après la pêche ; cette chaloupe est relevée de deux farges de toile, pour soûtenir une plus grande charge. (Z)

* CHARRON, s. m. ouvrier autorisé à faire, vendre, & faire exécuter tout l’ouvrage en bois qui entre dans les grosses voitures, & leur attirail, en qualité de maître de la communauté des Charrons. Cette communauté ne date ses premiers réglemens que de 1498. Elle a quatre jurés ; deux entrent en charge, & deux en sortent tous les ans. Il faut avoir été quatre ans apprenti & quatre ans compagnon, avant que de se présenter à la maîtrise. Les jurés ont droit de visite dans les atteliers & sur les lieux où se déchargent les bois de charronage. Les maîtres sont obligés de marquer de leur marque les bois qu’ils ont employés. Il en est encore de ces réglemens, ainsi que de ceux des Charpentiers : beaucoup de formalités relatives à la conduite de la communauté ; presque aucune regle pour le bien du service public.

* CHARRONAGE, s. m. se dit de la profession, du bois, & de l’ouvrage du Charron. V. l’article Charron, quant à la profession & à l’ouvrage. Quant au bois, le Charron employe particulierement le frêne, le charme, l’érable, & l’orme. Voyez aux articles Roues, Carrosse, Moyeu, Javelés, l’emploi de chacun de ces bois. On les prend ou sciés ou en grume. Voyez Grume & Bois.

CHARRUAGES, s. m. pl. (Jurisp.) carrucagia ; c’est ainsi qu’en certain pays en appelle les terres labourables. La coûtume de Vitri en fait mention, art. 56, 60. & 61. Ces articles ont été tirés d’une ordonnance de Thibaut comte de Champagne, de l’an 1220, qui est au cartulaire de Champagne. Elle est rapportée par M. de Laurierè en son glossaire, au mot charruages : on y trouve ces mots carrucagia, prata, & vineas, &c. pour exprimer les terres labourables, prés, & vignes.

Le charruage étoit aussi un droit que les seigneurs levoient en Champagne sur leurs hommes ou sujets, à raison des charrues, Voyez Computum bladorum terra Campania, an. 1348. des charrues de Sainte-Menehould ; c’est à savoir de chacun bourgeois de ladite ville qui laboure de sa propre bête, un septier d’avoine à la mesure de Troyes, au jour de la saint Remi. Lauriere, ibid. (A)

* CHARRUE, s. f. (Agricult.) machine dont on se sert pour labourer les terres. On conçoit qu’il n’y a guere eu de machine plus ancienne. Celle des Grecs & des Romains étoit extrèmement simple. Voyez-en la figure dans l’Hésiode de le Clerc. La nôtre est composée de deux roues & de l’essieu, sur lequel est dressé le chevalet ou la sellette, & où sont assemblés le timon, le soc, le coutre, les oreilles, & le manche de la charrue. Il faut conserver le même soc, quand on en est content. Il doit être placé de maniere que le laboureur n’en soit point incommodé, & que les