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tres causes étant autant de quantités variables dont il n’est guere possible d’apprétier le rapport avec la quantité nécessaire des alimens, autrement que par l’instigation de la nature, qui nous trompe à la vérité quelquefois, mais qui est encore plus sûre qu’un instrument de Méchanique.

Chaise, (Chirurgie) pour l’opération de la taille. Voyez la fig. 1. Pl. XII. Il y a au-derriere deux tringles de fer en forme d’arc-boutans. Elles sont crochues pour entrer dans les anneaux de la chaise, & pointues par les autres bouts pour tenir plus ferme contre le plancher. On doit situer la chaise un peu obliquement au jour, afin qu’il frappe sur la main droite du Chirurgien, & qu’il en soit bien éclairé lorsqu’il opere.

Au lieu de chaise, on peut se servir d’une table sur laquelle on attache le dossier. Fig. 2.

Dans l’un & l’autre cas il faut assujettir le malade avec des liens. Voyez Liens. (Y)

* Chaise de poste, (Sellier) c’est une voiture commode, legere, & difficile à renverser, dans laquelle on peut faire en diligence de très-grands voyages. On l’appelle chaise, parce que le voyageur y est assis, & que d’ailleurs elle n’a guere plus de largeur qu’un fauteuil ordinaire. Elle est montée sur deux roues seulement, & n’est communément tirée que par deux chevaux qu’un postillon gouverne. La chaise de poste considérée comme une machine, est certainement une des plus utiles & des plus composées que nous ayons. Le tems & l’industrie des ouvriers l’ont portée à un degré de perfection auquel il n’est presque plus possible d’ajoûter.

Les premieres chaises de poste parurent en 1664 ; c’étoit un fauteuil soûtenu sur le milieu d’un chassis, porté par-derriere sur deux roues, & appuyé par-devant sur le cheval. On en attribue l’invention à un nommé de la Grugere. Le privilege exclusif en fut accordé au marquis de Crenan, ce qui les fit appeller chaises de Crenan. Les Chaises de Crenan ne furent pas long-tems en usage ; on les trouva trop pesantes ; & on leur préféra une autre espece de voiture roulante qu’on fit sur le modele de celles dont on se servoit en Allemagne long-tems auparavant, & qui subsistent encore aujourd’hui parmi nous sous le nom de soufflets. Voy. Soufflets. Ce fut, selon toute apparence, l’invention des soufflets qui conduisit à celle des chaises de poste. Celles-ci furent d’abord faites pour une personne seule ; on pensa dans la suite à ajoûter à la commodité, en construisant des chaises à deux ; mais ces voitures occasionnant la destruction des chevaux & la ruine des postes, on les supprima en 1680. L’arrêt qui les supprime fixe en même tems à cent livres le poids des hardes dont il sera permis de charger une chaise, & défend de placer des malles ou valises sur le devant. Mais la défense de courir en chaises à deux fut revoquée en 1726, à condition que les voyageurs payeroient les postes sur le pied de trois chevaux. Voyez Postes. Les chaises de poste sont maintenant une partie considérable, non-seulement de la commodité, comme nous l’avons dit plus haut, mais encore du luxe, comme on va le voir par la description suivante.

Quoique la chaise de poste soit, ainsi que le carrosse, la berline & les autres voitures d’appareil, l’ouvrage du Sellier ; plusieurs autres artistes concourent cependant à sa construction : il faut distinguer dans la chaise de poste deux parties principales ; le train ou brancard qui est l’ouvrage du Charron, & le corps, le coffre ou la caisse dans laquelle le voyageur se place. Ces deux parties sont elles-mêmes composées d’un grand nombre d’autres dont nous allons parler. Voy. la planche II. fig. 4. AABB est le train, CCDD est la caisse.

Du brancard. Le brancard est, comme on voit, un chassis de bois dans le vuide duquel le corps ou la caisse est suspendue, comme il sera expliqué plus bas. Il est composé de deux longues barres de bois de frêne AB, AB, de dix-huit à vingt piés de longueur, assujetties parallélement l’une à l’autre par quatre traverses, ensorte que la distance d’entre les bras du brancard est d’environ trois piés & demi. Ces traverses & ces bras de brancard AB, AB, forment un chassis soutenu par deux roues E, E, faites comme celles des carrosses ; mais les roues de la chaise & du carrosse sont dans la proportion de la grandeur & de la pesanteur de ces voitures. L’aissieu qui les joint traverse le brancard en-dessous, comme on voit même fig.en 1,1,& y est assujetti par deux pieces de bois entaillées pour le recevoir. Ces pieces de bois s’appellent échantignoles. La piece 2 est une échantignole. Les échantignoles sont attachées aux barres du brancard par plusieurs chevilles de fer garnies de leurs écrous. L’aissieu est immobile entre les échantignoles. Ce sont les roues seules qui tournent sur les extrémités de l’aissieu. L’aissieu est élevé à environ deux piés sept à huit pouces de terre, & les roues ont environ cinq piés trois pouces de diametre.

La premiere traverse du côté du cheval est une barre de bois plate, 3, 3, qui sert de soûtien au cerceau 4, qui est quarré du côté du palonnier en x, & arrondi de l’autre en y. Le cerceau 4 est encore soutenu par une piece qu’on appelle le tasseau, 5, & est garni d’une aîleron de cuir 6 du côté du palonnier, pour empêcher que le cheval ne jette de la terre ou des boues sur le devant de la chaise. Le cerceau 4 & son fond qui est de cuir tendu sur des courroies depuis la traverse du cerceau jusqu’à celle des soupentes, sert au même usage pour le cheval de brancard, & c’est aussi là qu’on dépose une partie des équipages que l’on emporte en voyage. Les courroies 37, 37, qui vont, après avoir passé dans des anneaux fixés sur les brancards, se rendre au haut du cerceau, s’appellent courroies de cerceau, & sont destinées à le contenir. On voit encore en z, un grand cuir de vache attaché à la traverse de la soupente ; il s’appelle tablier, gardecrote, nom qui désigne assez son usage : & en l sur le cerceau un autre cuir de vache qui couvre les équipages.

La seconde traverse est celle des soupentes 7, 7, de devant. Elle doit être bien affermie sur les brancards par des boulons ou chevilles de fer terminées en vis, pour recevoir un écrou, après avoir traversé l’épaisseur de la traverse & du brancard. La partie supérieure de ces boulons au-dessus de la tête est prolongée d’environ un pié, & terminée par une boucle qui reçoit une courroie, attachée par l’autre extrémité à la pareille piece qui est sur l’autre brancard ; c’est sur cette courroie 8, 8, qu’on appelle courroie de porte, que vient tomber la porte de la chaise. Depuis la traverse de soupente jusqu’à l’aissieu, on ne trouve sur le brancard que deux anneaux de fer qui reçoivent des courroies dont l’usage est d’empêcher le corps de la chaise de renverser. Voyez en 9 un de ces anneaux.

Au-de-là de l’aissieu est placée, comme une traverse, la planche des malles 10. Cette planche est ainsi nommée, parce que c’est là qu’on pose les malles ou coffres du voyageur. Cette planche est portée sur deux tasseaux 12, 12, qui s’élevent au-dessus des brancards d’environ quatre à cinq pouces. Elle y est affermie par des boulons à vis qui traversent & la planche, & les tasseaux, & les barres de brancard, & les échantignoles.

Au-de-là de cette planche sont les consoles 13, 13, 13, 13, au nombre de deux sur chaque bran-