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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/29

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tion que fit le prince des apôtres de son siége patriarchal d’Antioche, où il fut environ sept ans, dans la ville de Rome qui étoit la capitale de l’empire Romain, & qui l’est devenue ensuite de tout le monde Chrétien. Cette chaire ou le siége patriarchal de Rome, a toûjours été regardé comme le centre de l’unité Catholique. Et c’est en ce sens que dès le second siecle de l’Eglise, S. Irenée a dit que toutes les églises particulieres devoient pour la foi se rapporter à l’Eglise de Rome. Ad hanc Ecclesiam tanquam principaliorem potestatem necesse est omnes convenire ecclesias. (S. Irenæus adversus hæreses lib…) (a)

* CHAISE, s. f. (Art méch.) espece de meuble sur lequel on s’assied. Les parties sont le siége, le dossier, les bras lorsque la chaise s’appelle fauteuil, & les piés. Les chaises qui étoient toutes de bois, telles que celles dont on se servoit autrefois dans les maisons bourgeoises, & qu’on a, pour ainsi dire, reléguées dans les jardins, n’étoient qu’un assemblage de menuiserie. Dans cet assemblage, le dossier étoit la partie sur laquelle la personne assise pouvoit se renverser en arriere ; le siége, celle sur laquelle on s’asseyoit ; les piés, des piliers au nombre de quatre, sur lesquels le siége étoit soûtenu ; le siége, un assemblage de planches, ou une seule planche emmortoisée par-derriere avec les montans ou côtés du dossier, & par-devant avec les deux piés de devant. Des quatre piés, deux soûtenoient en devant la partie antérieure du siége, comme nous venons de dire, & sa partie postérieure étoit soûtenue par les deux piés de derriere, qui n’étoient qu’un prolongement des montans ou côtés du dossier. Ces quatre piés étoient encore tenus dans leur situation perpendiculaire, par des traverses emmortoisées en sautoir avec eux par en-bas ; & par en-haut, par des morceaux de planches emmortoisés de champ, l’un avec les deux piés de devant & placé immédiatement sous l’assemblage du siége ; les deux autres placés de côté & emmortoisés chacun avec un des montans du dossier & avec un des piés, & tous trois formant avec une pareille traverse emmortoisée à la même hauteur avec les deux montans, comme une espece de boîte sans fond, dont l’assemblage du siége auroit formé le dessus. Le bâti en bois des plus belles chaises d’aujourd’hui differe peu de celui de ces chaises en bois. Le luxe a varié ces meubles à l’infini. La charpente en est maintenant cintrée au dossier, bombée par devant, sculptée, peinte, vernie, dorée ; à moulures, dorure, cannelures, filets ; les piés tournés en piés de biche ; les dossiers & siéges, rembourrés de crin & couverts de velours, de damas, & autres étoffes précieuses, brodées, brochées, ou en tapisseries les plus riches en dessein : les bras assemblés d’un bout avec les montans de derriere ou côtés du dossier, & soûtenus de l’autre bout sur des pieces qui vont s’emmortoiser avec les parties de l’assemblage, qui forme le quarré du siége, sont aussi en partie rembourrés de crin & couverts. L’étoffe est attachée sur le bois avec des clous dorés. Il y a des chaises plus simples, dont le dossier & le siége sont remplis de canne nattée à jour, & retenue dans des trous pratiqués sur les contours du siége & du dossier. Il y en a de paille : de la paille nattée forme le siége ; le dossier est composé de deux montans & de voliches cintrées & assemblées de champ, par intervalles, entre ces deux montans. Il y a des chaises couvertes de maroquin, à l’usage des personnes de cabinet. Les Tourneurs font les bois des chaises de paille, autrement appellées à la capucine ; & les Menuisiers, ceux des chaises plus précieuses ; & ce sont les Tapissiers qui rembourrent & couvrent ces dernieres.

La dénomination du mot chaise s’est transportée à un grand nombre

d’autres ouvrages, par analogie avec l’usage de la chaise des appartemens. Ainsi, en Méchanique, on dit la chaise d’une machine, de l’assemblage sur lequel elle est portée ou assise ; la chaise d’une roue de Coutelier ou de Taillandier, du bâti de bois qui porte cette roue ; la chaise d’un moulin-à-vent, des quatre pieces de bois qui soûtiennent la cage d’un moulin, d’un clocher, & sur lesquelles elle se meut. Voyez Roue ; voyez Moulin.

Chaise, (la) cathedra, des Romains, étoit un siége sur lequel les femmes s’asseyoient & se faisoient porter : il étoit rembourré & mou comme les nôtres. Les valets destinés à porter ces chaises s’appelloient cathedrarii : on donnoit encore à Rome le nom de cathedra, chaise, aux siéges qui servoient aux maîtres d’école. C’est de là qu’a passé dans l’Eglise le mot cathedra qui se dit du siége de l’Evêque, & le mot cathédrale qui désigne une puissance ou jurisdiction. Voyez Cathedrale.

Chaise percée. (Architecture.) Voyez Aisance.

Chaise percée, (Hist. mod.) chaise sur laquelle on éleve le pape nouvellement élu. Les Protestans ont fait sur cette cérémonie beaucoup de froides railleries & de satyres pitoyables, toutes fondées sur l’histoire prétendue de la papesse Jeanne. Mais depuis que David Blondel, un de leurs plus fameux écrivains, Bayle, & même Jurieu, ont fait voir eux-mêmes à leurs confreres la vanité & l’inutilité de cette historiette, qui n’avoit pris naissance que dans des tems d’ignorance, où l’on n’examinoit pas les faits avec la scrupuleuse exactitude que l’on a employée depuis près de deux siecles dans la discussion le l’histoire, ils sont plus reservés sur la chaise percée dont il s’agit. Le P. Mabillon a donné de cette cérémonie une raison mystérieuse, & qui n’est pas dénuée de vraissemblance. On place, dit-il, le nouveau pape sur ce siége, pour le faire souvenir du néant des grandeurs, en lui appliquant ces paroles du ps. cxij. Suscitans à terrà inopem, & de stercore erigens pauperem ; ut collocet eum cum principibus, cum principibus populi sui. Ce qui est fort différent de l’origine burlesque & indécente que lui donnoient les Protestans. (G) (a)

* Chaise, terme de Jurisprudence féodale, se dit dans le partage d’un fief noble, de quatre arpens environnant un château pris hors les fossés, & appartenant à l’aîné par préciput ; espace qu’on appelle dans la coûtume de Paris, le vol du chapon. Voyez Vol du chapon.

* Chaise de Sanctorius, (Med. Statiq.) machine inventée par Sanctorius pour connoître la quantité d’alimens qu’on a pris dans un repas, & indiquer le moment où il convient de mettre des bornes à son appétit.

Cet auteur ayant observé avec plusieurs autres Medecins, qu’une grande partie de nos maladies venoit plûtôt de la quantité des choses que l’on mange, que de leurs qualités, & s’étant persuadé qu’il étoit important pour la santé de prendre régulierement la même quantité de nourriture, construisit une machine ou chaise attachée au bras d’une balance, dont l’effet étoit tel qu’aussi-tôt que la personne qui y étoit placée avoit mangé la quantité prescrite, la chaise rompoit l’équilibre, & en descendant, ne permettoit plus d’atteindre à ce qui étoit sur la table. Voyez Transpiration.

S’il m’est permis de dire ce qui me semble de cette invention de Sanctorius, j’oserai assûrer que celui qui s’en tenoit à sa décision, plûtôt qu’à son besoin & à son appétit, sur la quantité d’alimens qu’il devoit prendre, étoit très-souvent exposé à manger trop ou trop peu ; la température de l’air, les exercices, la disposition de l’animal, & une infinité d’au-