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son bois fin ; & c’est pour cela, aussi-bien que pour sa durée, qu’on le regarde à la Caroline & à la Virginie comme la meilleure espece de chêne. Il croît sur toutes sortes de terroirs, & principalement parmi les pins, dans les lieux élevés & stériles. Catesby.

Cette espece de chêne a bien réussi dans les plantations de M. de Buffon en Bourgogne. L’écorce de cet arbre est en effet blanchâtre ; sa feuille est plus grande, & d’un verd plus pâle que celle de nos chênes communs ; mais il croît plus vîte d’environ un tiers : il s’accommode mieux des mauvais terreins, & il est très-robuste ; ce qui doit faire juger qu’il seroit bien avantageux de multiplier cet arbre.

27. Le chêne de Virginie à feuilles de saule. C’est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille qui ressemble à celle du saule, est encore plus longue, & dont le gland est très-petit.

28. Le chêne toûjours verd, à feuilles oblongues, & sans sinuosités. Sa hauteur ordinaire est d’environ quarante piés. Le grain du bois est grossier, plus dur & plus rude que celui d’aucun autre chêne : il devient plus gros au bord des marais salés où il croît ordinairement. Son tronc est irrégulier, & la plûpart du tems panché, & pour ainsi dire couché ; ce qui vient de ce que le terrein étant humide, a peu de consistance, & que les marées emportent la terre qui doit couvrir les racines : dans un terrein plus élevé ces arbres sont droits, & ont la cime réguliere & pyramidale, & conservent leurs feuilles toute l’année. Leur gland est plus doux que celui de tous les autres chênes. Les Indiens en font ordinairement provision, & s’en servent pour épaissir les soupes qu’ils font avec de la venaison : ils en tirent une huile très-agréable & très-saine, qui est presque aussi bonne que celle d’amande. Catesby.

29. Le chêne noir. C’est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille pour la forme approche de celle du sassafras. Cet arbre, au rapport de Catesby, croît ordinairement dans un mauvais terrein : il est petit, & a l’écorce noire, le grain grossier, & le bois ne sert guere qu’à brûler. Quelques-uns de ces arbres ont des feuilles larges de dix pouces.

30. Le chêne d’eau d’Amérique. C’est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille sans dentelure se termine par une espece de triangle : il ne croît que dans les fonds pleins d’eau. La charpente qu’on en fait n’est pas durable ; ainsi on ne s’en sert guere que pour clorre les champs. Quand les hyvers sont doux, il conserve la plûpart de ses feuilles. Les glands qu’il porte sont petits & amers. Catesby.

31. Le chêne blanc de la Caroline. C’est un arbre de moyenne hauteur, qui a des veines verdâtres. Suivant Catesby, ses feuilles ont les entaillures profondes, & les pointes fort aiguës ; son écorce & son bois sont blancs, mais le grain n’est pas si serré que celui du précédent.

32. Le petit chêne à feuilles de saule. C’est un arbrisseau dont la feuille, quoique ressemblante à celle du saule, est néanmoins plus courte. Cet arbre, dit Catesby, est ordinairement petit ; son écorce est d’une couleur obscure, & ses feuilles d’un verd pâle, de la même figure que celle du saule : il croît dans un terrein sec & maigre ; il ne produit que peu de gland, encore est-il fort petit.

33. Le chêne rouge de Marylande. C’est un grand arbre dont les feuilles découpées comme celles du chêne esculus, sont plus grandes, & garnies de pointes. Les feuilles de ce chêne, au rapport de Catesby, n’ont point de figure déterminée ; mais elles sont beaucoup plus variées entre elles que celles des autres chênes : il en est de même du gland. L’écorce de cet arbre est d’un brun obscur, très-épaisse & très forte ; elle est préférable à toute autre pour tanner. Son bois a le grain grossier ; il est spongieux, &

peu durable. Il croît dans un terroir élevé.

34. Le chêne d’eau d’Espagne. C’est un petit arbre dont la feuille ressemble à celle de l’olivier, & dont le gland est comprimé & joliment terminé par une houpe de filets.

35. Le chêne de Marylande. C’est un arbre de moyenne hauteur, dont la feuille qui ressemble à celle du châtaigner est velue en-dessous.

36. Le chêne saule. On ne trouve jamais cet arbre que dans les fonds humides : les feuilles en sont longues, étroites, & unies aux extrémités comme celles du saule : le bois en est tendre, le grain gros, & il est moins bon pour l’usage que celui de la plûpart des autres especes de chêne.

37. Le chêne d’Afrique. Cet arbre ne differe de nos chênes communs que par son gland, qui est du double plus long.

Toutes ces especes de chênes sont assez robustes pour résister au froid de la partie septentrionale de ce royaume, & on peut les élever comme nos chênes ordinaires. (c)

Chêne. (mat. med.) Les feuilles & l’écorce du chêne sont astringentes, résolutives, propres pour la goutte sciatique, pour les rhumatismes, étant employées en fomentation.

L’écorce entre dans les gargarismes qu’on employe contre le relâchement de la luette, & contre les ulceres de la bouche & de la gorge.

Elle entre dans les clysteres astringens, & dans les injections pour la chûte de la matrice ou du fondement.

Le gland de chêne est employé en Medecine : on doit le choisir gros, bien nourri ; on en sépare l’écorce, & on le fait sécher doucement, prenant garde que les vers ne s’y mettent, car il y est sujet : on le réduit en poudre pour s’en servir. Il est astringent, propre pour appaiser la colique & les tranchées des femmes nouvellement accouchées, pour tous les cours de ventre ; la dose en est depuis un scrupule jusqu’à un gros.

La cupule ou calotte du gland de chêne est astringente ; on s’en sert dans les remedes extérieurs pour fortifier ; on pourroit aussi en prendre intérieurement comme du gland.

Les galles de chêne ou fausses galles, les pommes de chêne, & les raisins de chêne, sont des excroissances que produit la piquûre de certains insectes qui y déposent leurs œufs, & qui y produisent des vers : ces excroissances sont astringentes.

Au demeurant, il en est de ces propriétés du chêne, de sa feuille, & de ses autres parties, comme de celles des autres productions que la matiere médicale compte parmi ses ressources ; elles demanderoient presque toutes plus d’observations que nous n’en avons.

La vraie noix de galle est différente de ces communes. Voyez Galle, ou Noix de galle. (N)

Chêne verd, ilex, genre d’arbre qui porte des chatons composés de plusieurs étamines qui sortent d’un calice fait en forme d’entonnoir, & attachés à un petit filet. Les glands naissent sur le même arbre séparément des fleurs ; ils sont enchassés dans une espece de coupe, & ils renferment un noyau que l’on peut séparer en deux parties. Ajoûtez au caractere de ce genre que les feuilles sont dentelées, mais cependant bien moins profondément découpées que celles du chêne. Tournefort, Inst. rei herb. V. Plante ; voyez Yeuse. (I)

Chêne royal ou Chêne de Charles, (Astr.) constellation de l’hémisphere méridional, qu’on ne voit point sur notre horison : elle est une de celles que M. Halley a été observer en 1667 à l’île de Sainte-Hélene, & il l’a nommée ainsi en mémoire du chêne où Charles II, roi d’Angleterre se tint caché lors-