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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/575

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ne sont pas en état d’en prendre. La premiere institution de ces coches remonte sous Charles IX. ils étoient loués par des particuliers : mais bientôt il y eut un privilége exclusif & un inspecteur des coches ; en 1594, Henri IV. supprima cette inspection, & créa un surintendant de ces voitures, ce qui fait présumer qu’elles étoient déjà établies en grand nombre : ce fut alors que commença la police de ces voitures qui a été portée jusqu’où nous la voyons, sur la qualité des marchandises, l’exactitude du départ, le prix & l’ordre des places, la tenue des registres, la sûreté des effets mis aux coches, les devoirs des cochers, &c. Voyez Voitures publiques.

Coche, terme de Marine. Porter les huniers en coche, c’est les hisser au plus haut du mat. (Z)

Coche, s. f. instrument de Chapelier, morceau de buis ou d’autre bois dur, long de sept ou huit pouces, tourné en forme de petite bobine, avec lequel on met en action la corde de l’arçon, dans la préparation des matieres dont on fabrique les chapeaux. Voyez la figure 4. Planche du Chapelier.

Les Cardeurs se servent aussi de la coche pour arçonner leur laine ou coton après l’avoir cardée. Voyez Chapeau.

Coche ou Entaille qu’on fait dans le bois.

COCHÉES, adj. f. pilules cochées. (Pharmac.) On trouve dans presque tous les dispensaires deux sortes de pilules, les unes appellées cochées majeures, les autres cochées mineures.

Les premieres ou les majeures sont de Rhasis, & se font de la maniere suivante.

Pilules cochées majeures de Rhasis. ♃ de la poudre d’hierepicre de Rhasis, dix gros ; pulpe de coloquinte pulvérisée, trois gros un scrupule ; scammonée pulvérisée, deux gros & demi ; stœchas, turbith choisi, de chaque cinq gros. On pulvérisera ensemble le stœchas & le turbith, & on fera du tout une masse de pilules selon les regles de l’art, avec une suffisante quantité de sirop de stœchas. La dose de ces pilules est jusqu’à deux scrupules, & même un gros.

Pilules cochées mineures. ♃ aloès sucotrin, scammonée choisie, pulpe de coloquinte, de chaque partie égale ; huile essentielle de girofle, s. q. ad aromatisand, faites du tout une masse de pilules avec s. q. de sirop de nerprun. La dose de ces pilules est depuis six grains jusqu’à un scrupule.

Les pilules cochées tant majeures que mineures, sont des hydragogues très-violens fort peu employés par nos Medecins, mais dont les Anglois & les Allemands font un usage assez fréquent. (b)

COCHEIM, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne dans l’électorat de Treves, sur la Moselle. Lon. 24. 45. lat. 50. 12.

COCHENILLAGE, s. m. (Teinture.) ce terme a deux acceptions : il se dit 10 de l’action de teindre en cochenille, 2° du bouillon ou de la décoction destinée à teindre en cramoisi, avec la cochenille ; d’où l’on a fait le verbe cocheniller. Voyez Teinture & Cochenille.

COCHENILLE, s. f. (Hist. nat.) matiere qui sert à la teinture de l’écarlate & du pourpre. On nous l’apporte d’Amérique en petits grains de figure singuliere, la plûpart convexes & cannelés d’un côté, & concaves de l’autre. La couleur de la cochenille la plus recherchée est le gris teint de couleur d’ardoise, mêlé de rougeâtre & de blanc. On garde la cochenille autant que l’on veut, sans qu’elle s’altere. On a été long-tems sans savoir précisément si cette matiere appartenoit au regne végétal, ou au regne animal : on croyoit d’abord que c’étoit une graine de l’espece de celle qu’on appelle des baies ; mais à présent il n’est pas douteux que la cochenille ne soit un insecte desséché. On en a des preuves incontestables par

les observations qui ont été faites au Mexique, qui est le seul pays où on recueille la cochenille ; mais indépendamment des faits que l’on a constatés à ce sujet, on pourroit reconnoître la cochenille pour un insecte à la simple inspection, dans l’état où nous la voyons dans ce pays-ci, sur-tout en l’observant à la loupe ou au microscope, après l’avoir fait ramolir dans de l’eau ou dans du vinaigre, pour développer & renfler les parties racornies & desséchées. Par le moyen de cette préparation, on distingue dans les grains de cochenille les plus informes, les différens anneaux dont le corps de l’insecte étoit composé, & on voit dans plusieurs de ces grains des jambes entieres, & quelques restes qui tiennent au corps, ou au moins on apperçoit les endroits où les jambes de cet insecte étoient attachées, & il paroît clairement qu’il en avoit six : on reconnoît aussi la tête & l’anus, & on voit quelque apparence d’yeux ou d’antennes, d’une trompe, &c. enfin on en voit assez pour reconnoître que la cochenille n’est ni un scarabé ni une araignée, comme on l’avoit crû : on reconnoît au contraire que cet insecte a beaucoup de rapport aux gallinsectes, ou plûtôt aux progallinsectes, sur-tout par ce que l’on sait de sa maniere de vivre.

On recueille la cochenille sur des plantes auxquelles on donne les noms de figuier d’inde, de raquette, de cardasse, & de nopal. Elles sont assez connues dans les serres & même dans les orangeries, où on les garde pour leur figure singuliere ; car elles n’ont que des feuilles au lieu de tiges & de branches ; ou plûtôt leurs tiges & leurs branches sont composées d’une file de feuilles épaisses, oblongues, & arrondies qui tiennent les unes aux autres par leurs extrémités. Il y a dans les serres du jardin du Roi, plusieurs especes de ce genre de plante, & même celle qui nourrit au Bresil l’insecte de la cochenille : ces plantes portent un fruit qui ressemble en quelque façon à nos figues ; c’est d’où vient le nom de figuier d’inde : ces figues n’ont pas un aussi bon goût que les nôtres ; elles teignent en rouge l’urine de ceux qui en ont mangé, & communiquent selon toutes les apparences, à l’insecte de la cochenille, la propriété qu’il a pour la teinture.

Les Indiens du Mexique cultivent aux alentours de leurs habitations des nopals, pour y recueillir de la cochenille ; & pour s’assûrer de cette récolte, ils les sement pour ainsi dire sur les plantes. Ils font de petits nids avec de la mousse, des brins d’herbe, ou de la bourre de noix de cocos ; ils mettent 12 ou 14 cochenilles dans chaque nid, & placent deux ou trois de ces nids sur chaque feuille de nopal, & les affermissent au moyen des épines de cette plante. Après trois ou quatre jours, on voit sortir du corps de ces insectes des milliers de petits qui ne sont pas plus gros que des mites : ces nouveaux nés quittent bientôt le nid, & se dispersent sur les plantes ; mais ils ne sont pas long-tems sans s’arrêter & se fixer dans les endroits qui sont les plus succulens & les plus verds, ou les plus abrités contre le vent ; ils restent chacun à leur place, jusqu’à ce qu’ils ayent pris tout leur accroissement. Ces insectes ne rongent pas la plante, ils la piquent, & en tirent le suc. Dans les lieux où l’on doit craindre que le froid ou les pluies ne fassent périr les cochenilles, on couvre avec des nattes les plantes sur lesquelles elles sont : ces insectes sont de figure ovale ; ils ne deviennent pas plus gros que de petits pois, & on les a comparés pour la figure aux tiques ou aux punaises domestiques. Les Indiens sont obligés de défendre les cochenilles contre différens insectes qui les détruiroient, si on n’avoit soin de nettoyer exactement les nopals.

On fait chaque année plusieurs récoltes de cochenille. Dans la premiere, on enleve les nids & les cochenilles que l’on avoit mis dedans, & qui y ont péri