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concentration du cœur ne peut être appliquée à l’absence de la liqueur péricardine, selon M. de Senac.

Le cœur peut se dilater beaucoup, tant à la suite des pleurésies & des fievres violentes, que par les efforts du sang causés par des mouvemens violens, ou par les passions, par la présence des polypes, les anevrismes des grosses arteres. Il n’arrive pas toûjours que les parois du cœur qui se dilate, s’épaississent ; cette dilatation appartient aussi souvent, au moins, aux oreillettes qu’aux ventricules : elle a des signes fort équivoques, elle est quelquefois mortelle, & tous les remedes auxquels on puisse avoir recours, sont la saignée, la diete, & les calmans. On ne connoît aucun remede pour le retrécissement ou la diminution du cœur, dont les signes sont aussi fort obscurs.

Quelque bornées que soient nos connoissances à l’égard des maladies du cœur dont nous venons de parler, il en est d’autres qu’on ne sauroit même se flatter de connoître par aucun signe ; tels sont les cœurs velus, & ceux dans lesquels il se forme des couches d’une matiere qui se condense, & qui n’est autre chose que de la lymphe. On a aussi trouvé dans le cœur, des pierres, & souvent des concrétions osseuses aux arteres, aux valvules, & aux parois ; on y a trouvé des vers, quelques observateurs le prétendent au moins : mais M. de Senac ne reçoit pas de telles observations sans soupçon ; & il faut porter le même jugement des poux, qu’on dit avoir trouvé dans le cœur, & peut-être de son hydropisie venteuse. Enfin le cœur change quelquefois de place, &c.

Telle est, dit M. de Senac, l’histoire des faits répandus dans divers ouvrages : si on ne se proposoit que la guérison des maladies auxquelles ce viscere est sujet, on pourroit négliger ces observations ; mais on ne conçoit ce qui est soûmis à la Medecine qu’en connoissant ce qui lui résiste ; on ne peut distinguer les maux si on les ignore.

* Cœur. (Gramm.) La position du cœur, sa fonction dans le corps humain, l’importance de ce viscere, &c. ont fort multiplié les acceptions figurées de ce mot, tant au moral qu’au physique. Voyez les articles suivans.

Cœur. (Géométrie.) Quelques Géometres, entre autres M. Varignon, dans les mém. de l’acad. des Sc. ann. 1692. ont donné ce nom au solide que formeroit une demi-ellipse en tournant non autour de son axe, mais autour d’un de ses diametres ; & en effet un tel solide auroit assez la figure d’un cœur pointu par le bas, & enfoncé par le haut. M. Varignon a cherché la dimension de ce solide ; mais il s’est trompé, comme il seroit aisé de le faire voir. On peut trouver facilement la dimension du cœur par la méthode suivante.

Soit imaginée une demi-ellipse dont les deux axes soient égaux aux deux diametres de l’ellipse donnée ; chaque ordonnée sera aussi égale de part & d’autre, excepté que dans l’ellipse formatrice du cœur les ordonnées seront obliques à l’axe, & que dans l’autre elles lui seront perpendiculaires ; celles-ci dans la rotation formeront des cercles, & les autres formeront des surfaces coniques qui seront aux cercles dans le rapport du sinus de l’angle des deux diametres à l’angle droit : rien n’est plus facile à démontrer. De plus, dans le cœur les surfaces coniques seront obliquement posées par rapport à l’axe, au lieu que dans le solide formé par l’autre ellipse, les cercles seront perpendiculaires à l’axe : donc l’élément du cœur est encore à l’élément de l’autre solide, envisagé sous ce point de vue, comme le sinus de l’angle des deux diametres est au sinus total. Donc, puisque ce rapport entre deux fois dans le rapport total des deux élémens, il s’ensuit que l’élément du cœur est à l’élément de l’au-

tre solide, comme le quarré du sinus de l’angle des diametres est au quarré du sinus total : donc les deux solides sont aussi entr’eux dans ce rapport. En voilà assez pour mettre sur la voie ceux qui voudront aller plus loin, faire de cette proposition une démonstration en forme, & reconnoître en quoi peche celle de M. Varignon. (O)

Cœur du lion ou Regulus, (Astron.) étoile de la premiere grandeur, dans la constellation du Lion. Voyez Lion. (O)

Cœur de Charles, en Astronomie, est une étoile de l’hémisphere septentrional, non comprise dans aucune constellation, située entre la chevelure de Bérénice & la grande Ourse, à qui M. Halley a donné ce nom en l’honneur du roi d’Angleterre Charles II. Voyez Etoile & Constellation. (O)

Cœur de l’Hydre, en Astronomie, étoile de la seconde grandeur dans le cœur de la constellation de l’Hydre, la douzieme dans le catalogue de Ptolomée, la onzieme dans celui de Tycho, & la vingt-cinquieme dans celui d’Angleterre. Voyez Etoile & Hydre. (O)

Cœur, en termes de Blason ; parti en cœur, signifie une ligne courbe de partition en pal au centre de l’écusson, qui ne s’étend que fort peu, très-courte du haut & du bas, & qui est rencontrée par d’autres lignes qui forment une partition irréguliere de l’écu ; ainsi qu’il est représenté dans nos Planches de Blason.

Cœur, (Horlogerie.) piece qui en a la forme, qui est placée sur la seconde roue d’une horloge, & dont la fonction est de dégager le pié de biche de la détente de la sonnerie.

Cœur, cheval de deux cœurs, en termes de Manege, est celui qui ne manie que par contrainte, & n’obéit pas volontairement aux aides du cavalier. Ces chevaux tiennent quelque chose des ramingues. Voyez Ramingue.

COEUVRES, (Géog. mod.) petite ville de France dans le Soissonnois, avec titre de duché pairie.

COEX, s. m. (Jurispr.) on appelle ainsi aux environs de la Rochelle un tuyau de bois que l’on met sous une chaussée, pour conduire l’eau des marais salans. (A)

COFFILA, s. m. (Comm.) poids d’usage à Moka ; il pese ou de livres. Voyez le Trév, & le dict. de Comm.

COFFINER, v. n. (Jard.) se dit des œillets lorsque les feuilles se frisent au lieu de demeurer étendues : c’est un défaut qui se désigne par le verbe coffiner. Il se dit aussi des fruits, lorsqu’ils changent & deviennent mous.

Coffiner, v. neut. synonyme, en Menuiserie & Charpenterie, à se cambrer, se déjetter, s’envoiler : il se dit d’une piece ou planche de bois qui s’est déformée ou par le sec, ou par l’humidité, ou par la charge.

COFFRE, s. m. (Hist. nat. Ichthiol.) poisson qui se trouve vers les Antilles, qui est couvert d’une écaille mince, mais dure & seche, dont on le tire, quand il est cuit, comme un limaçon de sa coque, ou comme une tortue de son écaille ; dont la forme est depuis la tête jusqu’à la queue en pyramide à trois faces ; qui a la tête jointe au reste du corps, sans qu’on y distingue aucune séparation, & dont la chair est blanche & succulente, au sentiment du pere Labat qui en fait mention au tome II. de ses voyages.

* Coffre, (Layetier & Gainier.) espece de caisse de bois, ordinairement couverte de cuir, fermante à clé, & servant à serrer les hardes, linge, &c. Il y a des coffres-forts faits de bois, mais fortifiés de plusieurs bandes & liens de fer. On trouvera dans nos Planches de Serrurerie, des exemples de coffres-