Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/642

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de quelques bénéfices, il y en a où tout le chapitre en corps confere ; d’autres où le droit de collation s’exerce par chaque membre du chapitre alternativement, c’est-à-dire que chaque chanoine a son mois ou sa semaine, pendant lequel tems il confere tous les bénéfices qui viennent à vaquer ; & s’il n’en vaquoit aucun pendant son tems, son tour ne laisseroit pas d’être rempli.

Pour la collation libre & volontaire, le collateur n’a que six mois pour conférer ; ce tems expiré, le droit de collation est dévolu pour cette fois au collateur supérieur de degré en degré, c’est-à-dire de l’abbé ou autre ecclésiastique à l’évêque, de celui-ci à l’archevêque, & de ce dernier au primat.

Dans les collations forcées, comme celles qui se font aux indultaires, gradués, brevetaires de joyeux avenement & de serment de fidélité, l’expectant peut obliger le collateur de lui donner des provisions, même après les six mois du jour de la vacance ; il suffit que la requisition ait été faite dans les six mois. Arrêt du 21 Février 1696. Journ. des aud.

Le collateur en conférant le bénéfice ne peut imposer au pourvû la condition de s’en démettre dans un certain tems, ou en cas de certains évenements. Il ne peut pas non plus charger le pourvû de recompenser quelqu’un ; ce seroit une clause simoniaque.

Toutes provisions doivent être signées de deux témoins connus, domiciliés, non parens ni alliés jusques & compris le degré du cousin-germain, soit du collateur soit du pourvû, à peine de nullité. Rebuffe, sur le concordat de collat. Voyez aussi l’art. ix. de l’édit de 1646.

L’édit de 1691 ordonne, art. v. que tous collateurs autres que les évêques, donneront leurs provisions devant deux notaires royaux & apostoliques, ou devant un tel notaire & deux témoins. Mais l’édit ne prononce pas la peine de nullité ; & c’est apparemment par ce motif qu’une collation faite sous seing privé en présence de deux témoins, fut confirmée par arrêt du grand-conseil du 29 Juillet 1711.

Il n’est pas nécessaire que le collateur garde minute des provisions qu’il donne ; cela fut ainsi jugé par arrêt du grand-conseil du 6 Mars 1727. Jurisprud. canon. de Lacombe, p. 148. col. 2.

Pour la validité de l’acte de collation ou provision, il faut que cet acte contienne l’adresse du collateur à celui à qui il confere le bénéfice, le droit en vertu duquel il confere ; & si c’est sur la présentation du patron, les provisions doivent en faire mention, & de même si c’est à un gradué, indultaire, ou autre expectant, ou si c’est par droit de dévolution.

Il faut pareillement exprimer dans les provisions les qualités de celui que le collateur pourvoit du bénéfice, le genre de la vacance, la qualité du bénéfice, la collation en faveur de celui auquel le collateur veut donner le bénéfice, la date de l’acte, la signature du collateur & des notaires & témoins sur la minute ou original de l’acte, & le sceau du collateur.

Le collateur ordinaire n’est cependant pas absolument obligé d’exprimer précisement le genre de vacance du bénéfice ; & s’il n’en exprime point, tous y sont censés compris. Dumolin, de public. n. 200. Voyez Collateur & Provisions. (A)

Collation, (Œconomie domestique.) repas très frugal qu’on fait le soir les jours de jeûne, & d’où le poisson & même les légumes cuits sont proscrits.

Le même terme désigne un repas très-différent du précédent ; car on est quelquefois servi en viandes froides, en confitures, en pâtisserie, en fruits, & en vins de toute espece. La collation prise dans ce dernier sens peut être moins somptueuse, mais elle n’a point d’heure prescrite. Elle se prend ordinaire-

ment en visite, ou à la suite de quelque fête, comme danses, bal, assemblée, &c.

COLLATIONNER, verb. act. terme de Librairie ; quand on imprime un livre, & que les feuilles en ont été assemblées ainsi qu’il a été dit au mot assemblage, on les collationne, c’est-à-dire qu’on les leve par des coins pour voir si elles se suivent bien régulierement, s’il n’y a point de feuilles de trop ou de moins. On collationne pareillement un livre entier quand on veut s’assûrer s’il est complet, ce qui se voit par la suite non interrompue des lettres de l’alphabet qui se trouvent au bas de chaque feuille.

Collationner, terme d’Imprimerie, c’est voir & vérifier sur une seconde épreuve, si toutes les fautes marquées sur la premiere ont été corrigées exactement par le compositeur ; la même vérification se fait ensuite sur la troisieme épreuve, & quelquefois sur une quatrieme, avant d’imprimer.

* COLLE, s. f. (Art méchan. & Comm.) matiere factice & tenace qui sert, quand elle est molle ou liquide, à joindre plusieurs choses, de maniere qu’on ne puisse point les séparer du tout, ou qu’on ne les separe qu’avec peine quand elle est seche. Il y a différentes sortes de colle, dont nous allons faire mention, après avoir remarqué que M. Musschenbroek dit que la raison pour laquelle la colle unit deux corps entre lesquels elle est étendue, c’est qu’elle s’insinue dans les cavités de leurs surfaces ; d’où il arrive que ces surfaces se touchent alors par un plus grand nombre de points ; système où l’auteur ne fait point entrer la dessication, condition sans laquelle toutefois les corps collés ne resistent point à leur séparation, quoique leurs surfaces se touchent, selon toute apparence, par un nombre de points plus grand avant la dessication qu’après.

Colle d’Angleterre ou Colle forte, est celle qui se prépare avec des piés, des peaux, des nerfs, des cartilages de bœuf qu’on fait macerer quelque tems, ensuite bouillir très-long tems jusqu’à ce que le tout devienne liquide. On le passe à-travers un tamis ou gros linge ; on le jette sur des pierres plates ou dans des moules : étant congélé on le coupe par morceaux, & on lui donne la forme que l’on veut ; & l’on a une colle qui sert aux Menuisiers pour coller & joindre leur bois, & à d’autres pour les ornemens de carton & autres ouvrages. On la tire d’Hollande ou d’Angleterre. On en fait aussi à Paris, mais elle est bien inférieure & sent mauvais. Ou prenez du fromage pourri, de l’huile d’olive la plus vieille, de la chaux vive en poudre ; mêlez bien le tout & collez promptement. Ou prenez de la chaux vive, éteignez-la dans le vin ; ajoûtez de la graisse, des figues, du suif, & mêlez le tout.

Colle pour dorer ; faites bouillir de la peau d’anguille avec un peu de chaux dans de l’eau ; passez l’eau, & ajoûtez-y quelques blancs d’œufs. Pour l’employer faites-la chauffer ; passez-en sur le champ une couche ; laissez-la sécher ; appliquez l’or ensuite.

Colle de farine, est celle qui se fait avec de la farine & de l’eau, qu’on fait un peu bouillir ensemble sur le feu. Elle sert à plusieurs sortes d’artisans, aux Tisserands, pour en coler les trames de leurs toiles ; aux Cartonniers, pour faire leur carton ; aux Relieurs, pour coller les couvertures de leurs livres ; aux Selliers, pour nerver leurs ouvrages ; & à beaucoup d’autres ouvriers.

Cette colle sera plus forte, si au lieu de farine de froment on prend celle de blé noir. On peut aussi la préparer avec la fleur de farine, & y ajoûter du garum.

Colle de Flandres. La colle de Flandres est un diminutif de la colle-forte d’Angleterre, parce qu’elle n’a pas la même consistance, & qu’elle ne pourroit servir à coller le bois ; elle est plus mince que la pre-