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ront aussi égaux : conséquemment si la muraille sur laquelle l’objet est représenté est parallele à l’objet, ab : AB ∷ dC  : DC ; c’est-à-dire que la hauteur de l’image sera à la hauteur de l’objet, comme la distance de l’image à l’ouverture est à la distance de l’objet à cette même ouverture ; il est évident par cette démonstration qu’on peut faire une chambre obscure, en se contentant de faire en c un trou fort petit, sans y mettre de verre. Mais l’image sera beaucoup plus distincte, si on place un verre convexe en C ; car lorsqu’il n’y a en C qu’un simple trou, les points A, D, C, &c. de l’objet ne peuvent se représenter en a, d, c, que par de simples rayons Aa, Dd, Cc ; au lieu que si on place un verre en C, tous les rayons qui viennent du point A, par ex. & qui tombent sur ce verre, sont réunis au foyer a, de sorte que le point a est beaucoup plus vif & plus distinct, & la réunion sera d’autant plus exacte & plus parfaite au foyer a, que le verre sera portion d’une plus grande sphere. Ainsi moins le verre sera convexe, plus l’image sera distincte. Il est vrai aussi que le foyer sera d’autant plus éloigné, que le verre sera moins convexe, ce qui fait un inconvénient. C’est pourquoi il faut prendre le verre d’une convexité moyenne.

Construction d’une chambre obscure, dans laquelle les objets de dehors seront représentés distinctement & avec leurs couleurs naturelles, ou de haut en-bas, ou dans leur vraie situation. 1°. Bouchez tous les jours d’une chambre dont les fenêtres donnent des vûes sur un certain nombre d’objets variés ; & laissez seulement une petite ouverture à une des fenêtres. 2°. Adaptez à cette ouverture un verre lenticulaire, plan, convexe, ou convexe des deux côtés, qui forme une portion de surface d’une assez grande sphere. 3°. Tendez à quelque distance, laquelle sera déterminée par l’expérience même, un papier blanc ou quelques étoffes blanches, à moins que la muraille même ne soit blanche ; au moyen de quoi vous verrez les objets peints sur la muraille de haut en-bas. 4°. Si vous les voulez voir représentés dans leur situation naturelle, vous n’avez qu’à placer un verre lenticulaire entre le centre & le foyer du premier, ou recevoir les images des objets sur un miroir plan incliné à l’horison sous un angle de 45 degrés ; ou enfermer deux verres lenticulaires, au lieu d’un, dans un tuyau de lunette. Si l’ouverture est très-petite, les objets pourront se peindre, même sans qu’il soit besoin de verre lenticulaire.

Pour que les images des objets soient bien visibles & bien distinctes, il faut que le soleil donne sur les objets : on les verra encore beaucoup mieux si l’on a soin de se tenir auparavant un quart-d’heure dans l’obscurité. Il faut aussi avoir grand soin qu’il n’entre de la lumiere par aucune fente, & que la muraille ne soit point trop éclairée.

Construction d’une chambre obscure portative. 1°. Ayez une cassette ou boîte de bois sec (Pl. d’Opt. fig. 17.) de la figure d’un parallelépipede, large d’environ dix pouces, & longue de deux piés ou davantage, à proportion du diametre que vous voudrez donner au verre lenticulaire. 2°. Dans le plan CAO ajustez un tuyau à lunette EF, avec deux verres lenticulaires ; ou bien mettez l’image à une petite distance du tuyau avec trois verres lenticulaires convexes des deux côtés, dont les deux de dehors ou de devant auront de diametre de pié, & celui de dedans . En-dedans de la boîte, à une distance raisonnable du tuyau, mettez un papier huilé GH dans une situation perpendiculaire, ensorte qu’on puisse voir à travers, les images qui viendront s’y peindre. Enfin en I faites un trou rond par où une personne puisse regarder commodément.

Alors si le tuyau est tourné vers l’objet, les verres étant arrêtés à une distance convenable, qui sera

déterminée par l’expérience), l’objet sera peint sur le papier GH dans sa situation naturelle.

On peut encore faire une chambre obscure portative de cette maniere. 1°. Au milieu d’une cassette ou boîte de même forme (Pl. d’Optique fig. 18.), mettez une petite tourette ronde ou quarrée HI, ouverte du côté de l’objet AB. 2°. Derriere l’ouverture placez un petit miroir abI à une inclinaison de 45 degrés, pour réfléchir les rayons Aa & Bb, sur le verre convexe des deux côtés G, enfermé dans le tuyau GL. 3°. A la distance de son foyer mettez une planche couverte d’un papier blanc E F, pour recevoir l’image ab : enfin faites en NM une ouverture oblongue pour regarder dans la boîte. (O)

Chambre, dans l’Artillerie, est une concavité qui se trouve quelquefois dans l’épaisseur du métal des pieces, qui les rend foibles & sujettes à crever. C’est pour les découvrir qu’on éprouve les canons & les mortiers. Voyez Épreuves du canon & du mortier. (Q)

Chambre, dans les canons & mortiers, est la partie de l’ame destinée à contenir la poudre. Voyez Canon & Mortier.

Il y a des chambres de plusieurs figures. Chambre cylindrique, ou cylindre, est celle qui est également large par-tout, & celle qui s’observe aujourd’hui dans le canon : chambre spherique est celle qui est faite à-peu-près en forme de sphere ou de boule.

Il est évident que plus il s’enflamme de poudre dans le même instant, & plus l’effort qu’elle produit sur le boulet est grand. Cette considération donna lieu, vers la fin du dernier siecle, de donner une nouvelle disposition à l’intérieur des pieces. On y pratiqua une cavité en forme de sphere un peu applatie ; la lumiere répondant à-peu-près vers le milieu de cette cavité, plus large que le reste de l’ame du canon, faisoit prendre feu dans le même tems à une plus grande quantité de poudre, que si l’ame du canon avoit été par-tout uniforme ; & cette poudre se trouvant, pour ainsi dire, réunie & concentrée dans cette cavité, agissoit ensuite sur le boulet avec plus d’effort & d’impétuosité que dans les pieces ordinaires.

On a dit que l’intérieur du canon étoit par-tout de même diametre ; mais il faut observer que cela n’est exactement vrai aujourd’hui que dans nos pieces de 12, de 8, & de 4, parce que dans celles de 24 & de 16 on pratique au fond de l’ame une petite chambre cylindrique, ab, (V. les Pl. de Fortif. & leur explicat.) qui peut tenir environ deux onces de poudre : dans la piece de 24, cette petite chambre a un pouce & demi de diametre, & deux pouces & demi de profondeur ; & dans celle de 16, elle a un pouce de diametre sur dix lignes de profondeur. Le canal de la lumiere aboutit vers le fond de ces petites chambres, à 9 lignes dans la piece de 24, & à 8 dans celle de 16. Leur objet est de conserver la lumiere, en empêchant que l’effort de la poudre, dont le canon est chargé, n’agisse immédiatement sur son canal. Les pieces au-dessous de celles de 16 n’ont point de ces petites chambres.

Les figures qui représentent la coupe d’une piece de 24, font voir celle de la petite chambre ab : une des figures de la même Planche représente le plan de cette chambre.

Les pieces de 12 & au-dessous n’ont point de petites chambres, parce que ces pieces servant aussi à tirer à cartouche, la petite chambre ne permettroit pas de percer les cartouches aussi aisément par la lumiere que lorsque toute la chambre est de même largeur dans toute son étendue.

M. du Lacq, dans son traité sur le méchanisme de l’artillerie, loue l’invention de ces petites chambres, pour la conservation des lumieres, mais il craint